15 novembre 2017, 23:53

HELLOWEEN

@ Paris (Le Zénith)

L’annonce d’une tournée-réunion d’HELLOWEEN en compagnie des "anciens" Michael Kiske et Kai Hansen avait soulevé le doute d’une viabilité humaine. Kiske et Michael Weikath, guitariste originel au sourire discret avaient-ils vraiment fait la paix ? Les fans hardcore la fantasmaient, la rêvaient cette tournée-réunion. Magie des relations humaines, de la sagesse, de la maturité et, ne soyons pas dupes, du dieu dollar – ou deutschmark plutôt pour nos amis Germains – cette tournée, ô miracle, est devenue réalité. Stop-étape au Zénith parisien pour une date unique en France donc. Il y a eu Houdini, Siegfried & Roy ou bien David Copperfield. Il faudra désormais compter avec HELLOWEEN. « And There’s Magic In The Air… ».



La production avait annoncé qu’il n’y aurait pas de première partie et que le concert commençerait à 20h pour une durée de près de 3h. A quoi bon une première partie ici ? Et heureusement d’ailleurs, le public présent (4500 personnes à la louche pour une salle qui peut en accueillir 6000, ce qui est plus qu’honorable), ne souhaitant pas attendre plus longtemps le retour sur scène des citrouilles hambourgeoises et surtout, celui des fils prodigues Kai Hansen, fondateur du groupe et Michael Kiske, chanteur notamment sur les deux premiers volets cultes de la trilogie « Keeper Of The Seven Keys ». On nous promettait de l’exceptionnel ? On aura eu du fantastique, du majestueux et plus encore, de la magie qui va agir sous nos yeux plein d’étoiles. Le concert débute par ''Halloween'' (avec un  A !, les fans comprendront) et le public exulte. C’est qu’il  y en a des morceaux qui auraient pu faire l’affaire en tant qu’ouverture mais il ne pouvait en être autrement. 13 minutes de bonheur intense et ce n’est que le début ! D’emblée sur ce morceau, la symbiose entre Andi Deris et Michael Kiske est visible et non feinte, leurs parties équilibrées et les deux chantent très bien, Kiske ayant par ailleurs conservé une voix proche de celle qu’il avait il y a 30 ans de cela. Grande émotion d’entendre à nouveau ce dernier en compagnie d’HELLOWEEN et frissons garantis.
Un écran géant en fond de scène diffuse derrière les musiciens des montages vidéos très bien faits (ainsi que des animations de transition tout au long du concert avec des personnages en forme de citrouilles nommés Seth et Doc qui, si elles sont amusantes et tournent même en dérision certains des membres du groupe – Sascha le "beau gosse" et Kai "la mèche rouge" en prennent plein la tête – elles sont trop nombreuses et nuisent un peu à la dynamique du show qui aurait gagné en intensité à voir les titres s’enchaîner plus rapidement et naturellement).
Tout au long du concert, c’est une alternance de morceaux chantés le plus souvent en duo (ou en trio sur ''How Many Tears'', jouée quasiment à l’identique note pour note de la version que l’on trouve sur le mythique « Live In The U.K. » sorti en 1989) ou en solo, Andi Deris et Michael Kiske ayant des parties réservées pour des morceaux emblématiques de leur participation à la discographie de la formation. Ainsi, Kiske chante seul ''I’m Alive'' (le clin-d’œil est bien compris),  un inattendu autant que bon ''Kids Of The Century'' (sur « Pink Bubbles Go Ape » en 1991) ou ''Eagle Fly Free'' et ''Future World'' lors des rappels (avec un beau plantage général pour cette dernière lors de l’intro qui sera rattrapé avec professionnalisme et humour par Kai et Kiske). Andi Deris lui, se réserve ''If I Could Fly'', ''I Can'' ou ''Sole Survivor'' pour ne citer que celles-là, des morceaux qui ont eux aussi toute légitimité à faire partie de la soirée. Pas en reste, Kai Hansen, qui occupait en 1985 le pied de micro en plus de la guitare sur l’album « Walls Of Jericho » a son moment avec un medley juste énorme composé de ''Starlight'', ''Ride The Sky'', ''Judas et ''Heavy Metal (Is the Law)'' et qui obtient une grosse réaction du public. De fait, toutes les périodes sont représentées jusqu’à « The Dark Ride » et à l’exception des dernières années qui n’auraient de toute façon apportées qu’une faible plus-value à l’entreprise, bien qu’un titre de « Chameleon » (1993) ou du troisième volet de la série « Keeper Of The Seven Keys » (2005) aurait permis de compléter la saga.
HELLOWEEN n’oublie pas bien sûr le regretté Ingo Schwichtenberg, premier batteur de la formation qui a mis fin à ses jours en 1995 avec un montage vidéo qui fait office de "battle" entre lui et Dani Löble. Belle façon de lui rendre hommage et par la même occasion de ne pas rendre lassant un exercice qui n’intéresse guère de monde en règle générale. Là encore, bien joué les gars ! Le dernier morceau est l’incontournable ''I Want Out'' jouée en version rallongée pour faire participer la salle en compagnie des deux chanteurs, le tout sous un lâcher de ballons géants et d’une explosion de confettis dignes des concerts de METALLICA, KISS ou KREATOR pour faire "local".



Il est très difficile de trouver quoi que ce soit à redire de ce concert impressionnant à tous les niveaux, que ce soit par le décor où Dani Löble trône dans une citrouille ouverte, ou l’utilisation d’un écran géant en fond de scène ainsi qu’une belle avancée qui permet aux trois guitaristes de venir jouter au plus près du public pour son plus grand bonheur, une set-list parfaitement bien agencée et une maîtrise ainsi qu’un professionnalisme exemplaires de la part de tous les musiciens ou encore sa durée roborative de 2h50.
Même le guitariste Sascha Gerstner est à son aise et aura eu lui aussi le temps de briller. On aurait juste aimé entendre le morceau ''Pumpkins United'', enregistré expressément pour promouvoir la tournée et qui est très bon en plus pour ne rien gâcher. Mais c’est vraiment pour chipoter... Si ce n’était que le temps d’une soirée et que cela n’ait plus jamais lieu, les spectateurs présents peuvent se dire qu’ils ont assisté à un concert unique en son genre et dont ils se souviendront longtemps. Merci HELLOWEEN, mille fois merci !

Set-list

Photos © Pier GaHell



 

Blogger : Jérôme Sérignac
Au sujet de l'auteur
Jérôme Sérignac
D’IRON MAIDEN (Up The Irons!) à CARCASS, de KING’S X à SLAYER, de LIVING COLOUR à MAYHEM, c’est simple, il n’est pas une chapelle du metal qu'il ne visite, sans compter sur son amour immodéré pour la musique au sens le plus large possible, englobant à 360° la (quasi) totalité des styles existants. Ainsi, il n’est pas rare qu’il pose aussi sur sa platine un disque de THE DOORS, d' ISRAEL VIBRATION, de NTM, de James BROWN, un vieux Jean-Michel JARRE, Elvis PRESLEY, THE EASYBEATS, les SEX PISTOLS, Hubert-Félix THIÉFAINE ou SUPERTRAMP, de WAGNER avec tous les groupes metal susnommés et ce, de la façon la plus aléatoire possible. Il rejoint l’équipe en février 2016, ce qui lui a permis depuis de coucher par écrit ses impressions, son ressenti, bref d’exprimer tout le bien (ou le mal parfois) qu’il éprouve au fil des écoutes d'albums et des concerts qu’il chronique pour HARD FORCE.
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