L’annonce du retour du trublion Kory Clarke, pourfendeur de l’ordre politique établi, du citoyen électeur et aussi critique acerbe de notre société mondiale démocratique (ou presque ?) m’avait remué tout l’intérieur et ça s’est vu à l’extérieur selon mes proches. « Damn! » WARRIOR SOUL quoi ! Le groupe qui a signé « Last Decade Dead Century » et « Drugs, God And The New Republic », deux albums indispensables à toute discothèque de l’amateur de rock qui se respecte, une musique rebelle par essence et dont ces albums sont autant de pamphlets incroyables sur une époque et un environnement politique et sociétal alors plutôt destroy aux Etats-Unis.
Mais qu’est-il donc arrivé à Kory en chemin ? Perfecto et torse nu, lunettes improbables d’allumé et un verre à la main qu’on imagine rempli de bourbon, le tout mis en images par des couleurs lumineuses et glam, le tout évoquant plutôt un univers vu chez STEEL PANTHER par exemple. « Back On The Lash » (qui signifie en gros ”A nouveau défoncé”) est on ne peut plus éloigné de ses illustres modèles cités plus haut. Déjà, Kory a dû fumer depuis les années 90 au moins deux paquets de clopes par jour et s’enfiler bien plus d’un verre représenté sur la pochette. Voix éraillée, fatiguée, cassée (certes il criait beaucoup à l’époque mais c’était pour faire entendre un message au moins) et qui a perdu son âme en chemin. C’est quoi alors « Back On The Lash » ? Pour faire simple, on est ici en présence d’un disque de rock'n’roll. Basique, simple, efficace OK, carré aussi mais qui n’a strictement rien à voir avec les espérances que l’on pouvait avoir et surtout, au vu de ce que l’on a eu par le passé.
Le propos est lui aussi à l’avenant et n’arrive même pas au niveau du siège d’un tabouret de bar. Exemples ? ''I Get Fucked Up'' (Je me défonce), le titre éponyme déjà traduit, ''Goin’ Broke Gettin’ High'' (fauché et déchiré). Bref, ce n’est pas du Victor Hugo ou du Balzac comme vous pouvez le constater, même s’il se met lui-même la misère, on n’en doute pas un seul instant. Dilemme : les titres et leurs paroles collent par-fai-tement à la musique, fort bien exécutée en plus de cela. MAIS, car il y a un mais, on a déjà entendu ça avant, et en mieux. Jetez une oreille ou les deux sur les disques de JOHNNY CRASH, JUNKYARD ou THE ROYAL COURT OF CHINA parus entre la fin des années 80 et début 90 pour avoir du gros qui tache. Là, c’est uniquement Kory Clarke qui écluse du gros qui tache. Et ça fait tache justement sur un CV qui l’a vu assumer des fonctions autrement plus élogieuses. On a un peu pitié de l’entendre ainsi et de le voir s’être rabaissé à ce niveau. Surtout que vu l’époque, il aurait de la matière pour un triple album explosif. Mais Kory a semble-t-il choisi de s’exploser lui-même à la place. Si c’est pas de l’altruisme ça, je ne m’y connais plus ma brave dame…
- « Alors, on fait quoi chef ? »
- « Bon, laissons-le passer en soirée il fera l’affaire mais il ne faut en aucun cas dévoiler son identité. Motus et bouche cousue c’est notre devise ! »
- « Je dirais même plus, botus et mouche cousue, c’est notre Denise ! »