3 février 2018, 10:23

OF MICE & MEN

• "Defy"

Album : Defy

2018, ces garçons qui connaissent les raisons de la colère, les coreux de Cosa Mesa, sont de retour avec « Defy », sixième album de leur carrière entamée en 2010. C’est surtout le premier album sans Austin Carlile, leur hurleur de la première heure. Aaron Pauley, bassiste et au chant clair, a depuis repris le flambeau et le groupe s’est orienté vers un metalcore bien plus mélodique, mais aussi mortellement froid et mécanique comme l’a montré « Cold World ». Alors « Defy » est, on s’en doute, un réel défi pour OF MICE & MEN. Quelle direction ces stakhanovistes du core à core vont-ils à présent emprunter ?

Le titre éponyme reste dans une structure mécanique et insécure. Une division sans "joie" façon Manchester années 80. Les riffs sont rapides et saccadés, les hurlements frustrés et les refrains essoufflés. Une froide beauté avons-nous là. Bien. C’est très bien. De la rapidité encore sur "Instincts", les hurlements d’Aron sont bien placés dans un flot furieux ponctué de groove qui nous sort de l’éternel metalcore calibré. Ça me fait même un peu penser à un groupe légendaire amateur de blague tueuse. Sérieux, encore un groupe qui aime les années 80. Ce que l’on comprend aisément.

Le single "Back To Me" est parfait. Aaron a effectué un travail remarquable sur ses deux voix pour passer sans souci sur les radios spécialisées. Preuve que l’on peut faire du mainstream de qualité. Les refrains à la voix claire sont placés judicieusement quand les guitares sauvages reprennent leur respiration. Le clip est l’occasion de sentir le capital sympathie dont bénéficie le groupe auprès des fans. Bizarrement, on glisse ensuite sur "Sunflower", consensuel et léger. Première déception de l’album, sauvée par des guitares bien chatouillées.

Autre single, "Unbreakable" renoue avec le OF MICE & MEN de l’époque « Restoring Force ». Un joli clip désertique nous est servi pour ce dessert de choix. Faut-il voir dans ce morceau un message qui nous signifie que malgré la perte d’un membre et des orientations expérimentales, OF MICE & MEN l’inclassable demeure incassable ?

Si "Vertigo" ne nous colle pas le vertige, ça s’écoute tranquillement. Bien plus intéressante est la reprise "Money" de PINK FLOYD. Il fallait oser transposer un tube éternel et le prendre à bras le core. Bon ce n’est pas une révolution non plus, la structure originelle est conservée et se voit griffée de quelques riffs modernes, ainsi que de cris aigus. "Money" gagne une seconde jeunesse et pourrait ainsi attirer les loulous coreux d’aujourd’hui vers les fondements, le core du rock. Très bonne initiative.

Amateurs de riffs rythmés rassurez-vous, ça repart aussi sec avec "How Will You Live". "Warzone" ou le brisage de nuques garanti. Et toujours des breaks savamment calculés entre deux assauts sauvages. C’est bon le metalcore quand c’est bien cuisiné. Et les gars d'OF MICE & MEN sont des chefs étoilés !

Bon. Cet album est très bon. Aaron a effectué un travail remarquable sur ses deux voix. Il a trouvé sa voie si je puis dire. Faisons bref. Vous aimez le metalcore mélodique ? Voilà un excellent cru. Vous n’aimez pas la musique de sauvageons ? Je ne peux rien pour vous.

Blogger : Christophe Scottez
Au sujet de l'auteur
Christophe Scottez
Chris est ethnologue à ses heures perdues, vétéran des pogo joyeux en maillots de core. Un explorateur curieux, grand amateur de riffs et de chants sauvages. Il a grandi dans les glorieuses années 80, bercé par les morceaux canoniques d’ACCEPT, SCORPIONS, MOTLEY CRUE et autres GUNS N ROSES. Traumatisé par le divorce entre Max Cavalera et son groupe, ainsi que par un album des Mets un peu «chargé» en n’importe quoi, Chris a tourné 10 ans le dos au hard rock. Puis, un jour, il a par hasard découvert qu’une multitude de nouveaux groupes avait envahi la scène … ces nouveaux sauvages offraient des sons intéressants, chargés en énergie. Désireux de partager l’émo-tion de ce style de metal sans la prétention à s’ériger en gardien d’un quelconque dogme, il aime à parler de styles de metal dit classiques, mais aussi de metalcore et de néo-metal. Des styles souvent décriés pour leurs looks de minets, alors que l’importance d’un album est d’abord le plaisir sonore que l’on peut en tirer, la différence est la richesse du goût. Mais surtout, peut-on se moquer de rebelles coquets alors que les pères fondateurs du metal enfilaient des leggins rose bonbon et pouponnaient leurs choucroutes peroxydées ?
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