Après avoir vécu ce qui n’est autre qu’un véritable séisme interne avec le départ successif de quatre membres et le recrutement de trois nouveaux, la guitariste et leader Filippa Nassi n’a pas, comme beaucoup l’auraient fait à sa place, abandonné et mis un terme à l’aventure de ce groupe d’amazones du rock'n'roll. Une pugnacité que l’on ne peut que saluer à une époque où il est de plus en plus dur pour un groupe d’exister, avancer, survivre même pourrait-on dire pour qui n’est pas en tête de gondole (un des nouveaux morceaux est d’ailleurs judicieusement nommé ''Survival Song''). Un nouveau départ, une totale renaissance et le bien-nommé « Thundermother » éponyme en guise de faire-part.
THUNDERMOTHER, depuis la sortie de son précédent album, « Road Fever », en 2015, a tourné d’arrache-pied en compagnie de W.A.S.P., DANKO JONES ou bien D-A-D (avec qui on a pu les voir en France en 2016). Une prestation au festival de Wacken pour couronner le tout et vous obtenez alors un groupe affûté pour le live de fort belle manière. C’est dans doute pour cela que la formation n’aura mis que quinze petits jours pour arriver au terme de l’enregistrement de ce nouvel album, se payant même au passage le luxe de garder la plupart du temps les premières prises. La section rythmique de la bassiste Sara Pettersson et la batteuse Emlee Johansson joue serrée et se taille une belle place dans le mix, reléguant presque les guitares au second plan – j’ai bien dit presque. La chanteuse Guernica Mancini a un côté rauque dans la voix très agréable, lui conférant une félinité bienvenue et qui change des grosses voix de mâles du genre, patinées au houblon et au goudron.
Et dans les faits, qu’en est-il donc alors ? Si vous venez de prendre le rock n’ roll train en route (attention, allusion peu/pas dissimulée à un groupe en voie d’extinction…), le quatuor officie dans un style AC/DC-ien éhonté (le recyclage du riff de ''Back In Black'' sur le premier morceau ''Revival'' en est un exemple flagrant) dont elles n’ont jamais eu honte et dont elles ne se sont jamais caché. Le soupçon de vitesse dans l’exécution des compositions qu’elles ajoutent parfois les rapprocherait du côté d’AIRBOURNE mais vous le constatez aussi, on n’est pas loin là non plus du style des aînés kangourous… Et ce qui en fait une force en fait aussi une faiblesse. Car oui, les morceaux sont bons, punchy et catchy (''Whatever'' ou ''Quitter'') mais jamais cheesy (quoique la ballade ''Fire In The Rain'' nous rappelle que ces demoiselles ont un petit cœur qui bat sous leurs perfectos) et l’on a un côté mélodique appuyé qui s’harmonise parfaitement avec la facette brute de leur rock n’ hard. Mais car il y a un mais, il n’est guère possible de se renouveler et on a l’impression ici d’avoir vite fait le tour du propriétaire, passé la surprise du premier voire du deuxième album.
On ne peut pas dire que l’on est déçu par THUNDERMOTHER sur ce nouvel album pour toutes les bonnes raisons évoquées mais on ne s’émeut plus vraiment, bien que l’on passe un bon moment lors de ces 45 minutes de rock'n'roll. L’intérêt serait plutôt à aller chercher du côté du live (on aimerait bien qu’un album en public voit le jour d’ailleurs) pour rendre complètement justice à ces vraies bêtes de scène, généreuses et passionnées et qui ''Fight For Rock'n'Roll'' (10e piste du disque) vaille que vaille, laissant à chaque concert quelques plumes, du rimmel dégoulinant sur les pickguards et quelques talons cassés à nous avoir botté le cul. Girl power !