28 mars 2018, 9:31

HANGMAN'S CHAIR

• "Banlieue Triste"

Album : Banlieue Triste

HANGMAN’S CHAIR est un faisceau musical pluri émotionnel. Leur musique triangulare vous transporte et vous emporte. Le côté artistique est subjuguant, le côté mélodique sublime, le côté thérapeutique flagrant dans ce nouvel album au titre de blockbuster frenchie « Banlieue Triste ».
Chaque note est magnifiquement posée. L’introduction instrumentale portant le nom de l’album est mélancolique à souhait et invite à la heavy méditation. "Naïve" est lourd, pachydermique, en osmose avec les lignes de chant de Cedric Toufouti. Le travail rythmique de Mehdi Birouk Thépegnier (batterie) et de Clément Hanvic (basse) est hallucinogène. Les riffs de Julien Chanut et de Cédric sont éléphantesques.
HANGMAN’S CHAIR manie parfaitement la collision entre les arpèges de guitare au son cristallin et les riffs tyrannosauresques. "Sleep Juice" a des influences ALICE IN CHAINS avec une touche downtown. Sur les couplets en arpèges, on a l’impression qu’à tout moment Ozzy va débouler avec ses lignes vocales caractéristiques. Cédric est une métaphore vocale anxieuse musicale. Phénoménal. Une fin proche de la spirale de l’addiction. "Touch The Razor" est sombre. C’est une pièce sonore de 11 minutes. Un lit émotionnel. La construction mélodique ressemble à une séance de thérapie. La fluctuation rythmique "basse/batterie" est en adéquation parfaite avec les guitares. A 5 min 50, HANGMAN’S CHAIR devient hypnotique avec ses accords récurrents et cette montée sonore crescendo qui occupe tous les lobes cérébraux. Mehdi défonce quelques drums (comme sur tout l’album) qui appellent des riffs King Kong en apothéose. "Tara" est un titre instrumental synthétique dans son approche musicale avec un esprit DEPECHE MODE, sous cathinone de synthèse, des grands jours. Le côté redondant de la structure instrumentale est envoûtant. Les arpèges se substituent au chant de façon remarquable.

La date du 4 septembre 2016 (autre titre) doit être quelque chose de vraiment significatif pour le groupe tellement l’effet rouleau compresseur de la chanson est évident. La fin est doomesque. "Tired Eyes" est enchaîné et c’est la dévastation vertigineuse qui vous plonge dans des abymes de l’au-delà métallique. Les mots chantés sont la cure des maux psychiques. C’est puissant dans tous les sens : lignes de guitares, de basse, patterns de batterie, mélodies vocales. James de PERTURBATOR est invité avec des lignes de synthés. Rien n’est laissé au hasard avec une spontanéité créatrice qui va très loin et très haut. Quel final ! "Negative Male Child" est une ballade down-tempo, avec une atmosphère planante et harmonieuse, une B.O. parfaite de l’anhédonie, un symptôme dépressif.
"Sidi Bel Abes" est une autre pièce instrumentale, un interlude somptueux, transitionnel se faisant l’écho de la mélancolie ambiante avec ce solo de guitare tout en mélodie. Mongolito est en guest. On dirait une retranscription musicale d’une personne faisant une injection de substances jusqu’à l’overdose, stupéfiant voyage musical ! "Full Ashtray" clôt l’album. L’auditeur est emporté dans ce phénomène sonore écrasant. Aucun être ne peut y être insensible. Ça tabasse les neurones. A 3 min 15, les émotions s’inversent, Cédric est un crooner stoner. Une belle architecture mélodique s’installe avant de repartir sur une blitzkrieg heavy mesurée, pachydermique encore. Ce titre est une esplanade bétonnée. Les samples vocaux finaux en font un final digne d’un grand film. 

HANGMAN’S CHAIR est un mutant sonore qui signe avec son cinquième album « Banlieue Triste », à l’artwork magnifique, son « Black album », son « Dirt », son « Paranoid ». « Banlieue Triste » est clairement salvateur, thérapeutique, un sans-faute note après note, compo après compo. Il faut demander à notre ministre de la santé Agnès Buzyn un remboursement par la Sécurité Sociale dès l’achat de cet album en support physique, en vinyl, en streaming. Quelle claque !

Blogger : Laurent Karila
Au sujet de l'auteur
Laurent Karila
Psychiatre spécialisé dans les addictions, Laurent Karila a collaboré à Hard Force de 2014 à 2023.
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