
Des films sur le rock, il y en a déjà eu un bon paquet. « School Of Rock » avec Jack Black, « Tenacious D & The Pick Of Destiny » avec le même Black et son acolyte Kyle Glass ou bien « Rock Star » avec Mark Wahlberg et une apparition finale du alors inconnu Myles Kennedy (ALTER BRIDGE), « Rock Forever » avec un Tom Cruise grimé en star décatie/décadente ou bien « Detroit Rock City » en 1999 où l’on suivait Edward Furlong (le John Connor de « Terminator 2 ») et les potes de son groupe-hommage à KISS voulant se rendre à un concert de KISS justement. Tous ceux-ci bien souvent téléphonés voire stéréotypés afin d’attirer le grand public et pas uniquement le fan de genre, bien que ces films aient chacun leurs qualités et se laissent regarder avec plaisir.
Pourtant, « American Satan », sorti – ce n’est pas un hasard je pense – le vendredi 13 octobre 2017 aux Etats-Unis, se place à un tout autre niveau. Par son réalisateur déjà, Ash Avildsen. Son père, John G. Avildsen, a réalisé le premier et cinquième volet de la saga « Rocky » ou le premier « Karate Kid » et le fils a tout d’abord créé en 2006 un label discographique, Sumerian Records, qui se spécialise assez vite et compte aujourd’hui dans son catalogue des groupes comme ASKING ALEXANDRIA, BLACK VEIL BRIDES, BODY COUNT et le chanteur de KoRn, Jonathan Davis (un de ses récents morceaux, "What It Is" figure dans la bande-son du film). Ce long métrage est par ailleurs produit par Andy Gould qui a travaillé avec Rob Zombie, réalisateur certes mais aussi musicien vétéran de la scène metal. Voilà pour la sphère gravitationnelle dont découle « American Satan ».
Côté casting, on aurait pu avoir quelque chose qui sonne faux si cela avait été une série B quelconque, or il n’en est rien. Du premier choix et on retrouve au générique des figures très connus comme Malcolm McDowell (« Orange Mécanique », « 31 » – de Rob Zombie justement), Bill Duke (le massif Mac dans « Predator »), Denise Richards (« Starship Troopers » et James Bond girl dans « Le Monde Ne Suffit Pas »), Mark Boone Jr., l’inoubliable interprète de Bobby « Elvis » dans la série « Sons Of Anarchy », ou John Bradley que l’on retrouve dans une autre série, « Game Of Thrones », sous les traits de Samwell Tarly. Dans le rôle des musiciens formant le groupe du film, The Relentless, on compte de véritables musiciens. Le personnage principal du chanteur Johnny Faust (hommage au mythe de ce jeune garçon ayant vendu son âme au diable) est interprété par Andy Black, chanteur de BLACK VEIL BRIDES et Ben Bruce, guitariste d’ASKING ALEXANDRIA et également guitariste dans le film. Ces deux derniers sont d’ailleurs parfaitement crédibles, n’en déplaise aux esprits chagrins que je vois venir...
Le synopsis de ce film est l’histoire d’un groupe qui effectue ses débuts dans l’industrie musicale à Los Angeles sur le Sunset Strip et tente de se faire une place au soleil. On voit donc défiler des lieux et clubs référentiels pour l’amateur de rock dur comme le Whisky a Go Go, le Roxy ou le Rainbow – repère de Lemmy (MOTÖRHEAD) – qui ont tous vu défiler en leur temps de grands noms comme THE DOORS, GUNS N’ ROSES, MÖTLEY CRÜE ou VAN HALEN pour ne citer qu’eux. Ils sont rapidement abordés par le personnage « mauvais en diable » de Malcolm McDowell qui leur promet d’exaucer leurs vœux s’ils commettent un sacrifice humain, se présentant ainsi comme le diable en personne. Refusant la proposition de prime abord, ce sacrifice se produit alors de façon presque fortuite, obligeant ensuite le groupe à suivre à contrecœur ce chemin vers l’Enfer pavé de bonnes intentions. Un autre personnage qui contrebalance le côté démoniaque de celui qui est interprété par McDowell n’est jamais loin mais je ne vous en dirais pas plus afin de préserver l’histoire et le suspense. La suite emprunte un chemin non convenu, prenant le spectateur à contre-pied, tout en s’appuyant sur bon nombre de moments « authentiques » qui ont obligatoirement été vécus tôt ou tard par des groupes un tant soit peu débridés et accédant à une notoriété aussi soudaine que fulgurante (la Sainte Trinité Sex, Drugs & Rock N’ Roll est donc respectée). Très bien réalisé, on ne s’ennuie pas une seule seconde sur les près de 2h que dure le film et qui se situe à mi-chemin entre le fantastique et le thriller pur. Quelques extraits d’interviews agrémentent le générique de fin dont celles d’Ozzy Osbourne, Angus Young ou Carlos Santana – avec un extrait très troublant pour ce dernier – sur le fait de se sentir possédés sur scène.
La bande-son, très efficace, comporte des titres des DEFTONES, Jonathan Davis (qui a aussi écrit le reste de la musique), ASKING ALEXANDRIA, IN THIS MOMENT, SKID ROW, AFTER THE BURIAL, ANIMALS AS LEADERS, PALAYE ROYALE et SLAUGHTER. Anecdote surprenante, c’est Remington Leigh, chanteur de PALAYE ROYALE, qui se charge des parties vocales du chanteur Andy Black pour les morceaux de The Repentless qu’on entend dans le film, morceaux interprétés par un groupe composé spécialement pour l’occasion avec divers membres des formations susnommées. Une très grande réussite pour un film qui, de par son sujet, se place dans une catégorie l’éloignant des blockbusters trustant la première place du box-office mais qu’il pourrait largement supplanter vu le résultat final. « Shout At The Devil! »

Sinon votre chronique m'a donné envie de voir le film!