Nous sommes (déjà) en 2018 et cet album fête ses 30 ans ! Joindre l’utile à l’agréable… Ecoutez l’album chroniqué en cliquant sur ce lien.
En 1988, le groupe allemand SCORPIONS a déjà une très longue carrière derrière lui et son précédent album, « Love At First Sting », a légèrement cartonné (euphémisme) partout dans le monde, entraînant dans son sillage une foule d’étreintes passionnées au son de la ballade ultime "Still Loving You". Le son du groupe est alors jusque-là calibré, marqué d’une identité qui lui est propre et pour sa dernière collaboration avec le groupe, le producteur Dieter Dierks va doter la formation teutonne d’un son 80’s avec force batterie électronique et effets de synthés. A cet instant, la notion de toucher à la recette du son du groupe qui était concoctée jusqu’ici – et de la manne financière qui en résultait, les fans se référant à une identité sonore bien sûr – venait à nos esprits en ces termes : « Touche pas au grisbi, salope ! » (réplique culte du film Les Tontons Flingueurs). Mais force est de reconnaître que l’évolution technologique couplée aux nouvelles compositions fait mouche et que faire évoluer la formule n’était pas une idée si saugrenue que ça au final.
Dixième album studio de SCORPIONS, « Savage Amusement » sort comme les pâquerettes, au printemps, le 16 avril 1988 précisément. S’enfilent ensuite les hits comme à la parade, à commencer par "Don’t Stop At The Top" et le single "Rhythm Of Love" sur laquelle on retrouve la charmante Lee Aaron aux chœurs (un autre invité en la personne de Peter Baltes, bassiste d’ACCEPT, s’entend lors de l’intro de "Every Minute, Every Day"). Si la chanson suivante, "Passion Rules The Game" (la vidéo est visible en fin de chronique) surfe sur une vague que le groupe gère parfaitement, en mode "love song" dissimulée, on s’arrête sur "Media Overkill" (et son passage inoubliable à la talk box) avec un texte conscient sur le début d’une situation qui n’a jamais faibli jusqu’à ce jour, bien au contraire. On a beau chercher, on ne trouvera pas à « Savage Amusement » un léger ventre mou sur la deuxième moitié du disque car les morceaux suivants font un carton plein.
De la fausse ballade, "Walking On The Edge" à la très rock "We Let It Rock… You Let It Roll" (vous me direz, avec un nom pareil, autant que ça rocke) ou une très speed "Love On The Run" et la vraie ballade cette fois, "Believe In Love", on a tout ce qu’il faut pour passer un bon moment et le tour du propriétaire, luxueux et généreux est fait en 37 minutes seulement. La production est énorme (la basse est à ce titre proéminente dans le mix et ronfle comme un moteur de Porsche bien réglé) et si l’on trouve que c’est trop court, la réédition de 2016 agrémentée de six chansons inédites et restées au stade de démos (dont l’excellente "Edge Of Time") permet d’y remédier.
« Savage Amusement » ne se classe que 16e dans les charts français mais effectue une belle percée aux Etats-Unis où une 5e place lui permet d’être certifié platine (1 million d’albums vendus) à peine deux mois après sa sortie et il atteint même la 2e place des classements en Suède. Pas totalement satisfait de sa copie peut-être et sachant surfer sur les attentes des fans et des autres en devenir, SCORPIONS amorcera les années 90 avec un autre énorme succès, « Crazy World », et son vent de changement. Mais ceci est une autre histoire…
Pour aller plus loin :
Deux périodes distinctes, l’une avec Uli Jon Roth (et Michael Schenker dans une moindre mesure) et l’autre avec Mathias Jabs. Uniquement du très bon à chaque fois et vous pouvez vous procurer chaque disque les yeux fermés. Toutefois, nous vous conseillerons d’écouter les live « Tokyo Tapes » (1978) et « World Wide Live » (1985), tous deux réédités en 2016 en CD avec des bonus et documents d’époque et qui sont d’excellents best of en public.