8 mai 2018, 16:13

PARKWAY DRIVE

• Interview Winston McCall & Jeff Ling


© Kane Hibberd​


Il y a 15 ans, au moment de sa création à Byron Bay sur la cote est australienne, PARKWAY DRIVE ne laissait certainement pas présager l'ascension remarquable accomplie en six albums studio, tous sous le label très référentiel Epitaph. 
Aujourd'hui, avec la sortie de l'ingénieux et audacieux "Reverence", il est légitime de se demander si nous n'avons pas affaire à  l'un des groupes de metalcore les plus importants de la planète et certainement l'un des meilleurs en live de sa génération ? 
Nous avons rencontré le guitariste Winston McCall et le guitariste Jeff Ling au lendemain d'une date surprise parisienne qui a littéralement soufflé tout le monde et exploré ensemble cette toute nouvelle sortie.


Quel beau titre pour ce 6e album, “Reverence”.
Winston McCall : Merci !

Parle-moi justement de l'inspiration pour ce titre...
Winston McCall : C'est vraiment, vraiment étrange, mais c'était littéralement quelque chose qui m'est venue à l'esprit au retour d'une de nos sessions, et cela uniquement à partir de la tonalité de l'album, de tout ce qui est contenu dans le disque. C'est étrange, c'est juste un de ces trucs que tu entends et tout à coup, c'est comme si tu venais d'assembler la dernière pièce qui manquait au puzzle. Tout s'est emboîté parfaitement bien.

C'est votre album le plus personnel. Pourquoi avoir décidé de vous mettre autant à nu ici ?
Winston McCall : Simplement parce que cela devait être fait. Beaucoup de choses nous sont arrivées pendant la période d'écriture de cet album, des choses vraiment dramatiques, et beaucoup de paroles sont ressorties de cette période vraiment tragique de notre existence. Les paroles reflètent cette partie de notre vie. Tous nos disques fonctionnent de cette manière et celui-ci n'a pas échappé à ce principe. 

Sans filtre. 
Winston McCall : Oui, totalement.

Était-ce cathartique ?
Winston McCall : Oui et non, seulement parce que c'était comme ... Je pense que "cathartique" voudrait dire que cela m'a apporté une forme de soulagement. Or, ce n'est pas le cas. C'est plus le fait d'essayer de prendre ou de faire quelque chose au moins un peu positif, je ne sais pas, ou un peu de beauté à partir de quelque chose qui est assez déchirant. Eh oui, c'est ça, c'est exactement ça. Ce que nous avons vu et ce que nous avons vécu n'est pas le genre de choses qui puissent être réglées avec une chanson.

« Ire »​ est un album qui avait remporté un grand succès il y a trois ans. Est-ce que cela vous a ouvert de nouvelles perspectives artistiquement ?
Winston McCall : Ah oui, et pour le groupe dans son ensemble. Ça a changé notre style d'écriture, ça nous a changé personnellement, toute la trajectoire de ce que nous entreprenons. Il y avait un peu de ... Il y avait beaucoup d'espoir sur ce disque ! Quant à la musique, demande-lui ...
Jeff Ling : C'est un peu comme si c'était un tout nouveau nous ? Nous nous étions un peu heurté à un mur avec nos premiers sons et ce que nous aurions espéré réaliser. Ouais, nous étions prêts pour quelque chose de plus gros, quelque chose de nouveau et une nouvelle direction. Nous nous sommes donc retrouvés...
Winston McCall : ...il a fallu beaucoup de temps pour trouver ce chemin. C'est lui qui écrit tous les riffs et toutes les mélodies, donc ça a pris du temps...
Jeff Ling : ...c'était déroutant. Ce n'était pas facile du tout. La question, c'est que "nous avons besoin de quelque chose de nouveau, mais quoi justement ?" Il y a donc eu tout plein de tests et d'erreurs et on se disait : ça, ça fonctionne, ça non. Du tout début de la création jusqu'à la fin des chansons, c'est quelque chose qui t'absorbe totalement. C'était beaucoup de maux de crâne, beaucoup de café ...
Winston McCall : Beaucoup de nuits tardives.
Jeff Ling : Beaucoup de... je ne sais pas, un énorme processus d'élimination vraiment.
Winston McCall : C'était ça, ouais. Un travail colossal.
Jeff Ling : Oui, un travail très très dur.

Un passage obligé.
Winston McCall : Oui, c'est ce qu'on se dit rétrospectivement. Mais à l'époque, c'était beaucoup de confusion et un travail acharné.

De la frustration ?
Winston McCall : Ouais, également !

Le fait que l'album précédent ait marché, ça vous a flanqué la pression ? C'était quelque chose d'obsessionnel ?
Winston McCall : Au début, il faut dire que nous nous sommes fait vraiment peur, parce que nous savions quels efforts avaient été nécessaires pour créer « Ire ». La façon dont nous avions procédé, à savoir produire dix fois la quantité de travail pour n'en garder qu'une infime partie parce que nous jetions beaucoup de choses. Et nous nous disions : oh mon dieu, si ça a été un succès de cette manière, nous allons devoir remettre ça à l'identique. Quel enfer !
Jeff Ling : C'était tellement à surmonter. « Ire » a totalement asséché notre inspiration à l'écriture. Quand nous l'avons fini, parce que nous avions travaillé si dur, nous étions tout simplement zombifiés. Je ne vois pas de meilleure terme pour le décrire. Alors, une fois que nous avons su que nous devions nous remettre à écrire pour ce nouveau disque, nous nous sommes demandé comment nous allions le maîtriser et comment affronter cette charge de travail, parce que ça avait été réellement un boulot très dur. C'était épuisant pour tout le monde. D'une manière ou d'une autre, nous avons juste trouvé un endroit vraiment agréable où nous avons tapé dans ce répertoire vraiment très cool, tout cette musique qui sonne authentique. Je ne peux pas exprimer en mots comment cela s'est produit, mais ce que je peux te dire, c'est que nous sommes vraiment fiers du résultat final.

Vous avez mentionné avoir pré-écrit quelques chansons pour Winston. Ecrivez-vous habituellement la musique en premier ?
Winston McCall : C'est un peu des deux. Nous rebondissons les uns les autres avec des trucs. C'est en fait la première fois que j'ai pu apporter des mélodies. Sur « Ire », j'avais appris à utiliser ma voix, je n'avais toujours pas les compétences que nous avions sur ce disque où je pouvais dire « Voici une mélodie pour un refrain. Voici une sorte d'idée pour une chanson naturelle ou quelque chose comme ça. ». Tout dépendait de Jeff et j'écrivais les mélodies à la partie guitare et cette fois-ci ...

Avez-vous ressenti un soulagement que ce soit fini ?
Winston McCall : Ce n'était pas un soulagement en tant que tel. C'était ... J'ai été vraiment, vraiment heureux des chansons qui en sont ressorties. Et ce n'est pas comme si nous n'en revenions pas d'y être parvenu. C'est davantage de se dire que nous étions tout à fait capables d'y arriver de cette manière. Nous avions une idée très précise, nous savions ce que nous voulions faire et nous y sommes arrivés. Je ne sais pas quand on réécrira de la musique ou si même on le fera, mais c'est pareil à chaque sortie d'album. Sauf que là, je me sens moins dingue qu'à la sortie de « Ire ».
Jeff Ling : Celui-ci était beaucoup plus reposant. Nous avons enregistré avec les deux mêmes gars avec lesquels nous avions fait "Ire", donc nous nous sommes senti beaucoup plus à l'aise cette fois parce que nous savions à quoi nous attendre, ils savaient quoi attendre de nous, et donc nous avons procédé d'une manière plus calme et plus soignée. Voilà.
Winston McCall : Nous ne partions pas de zéro.
Jeff Ling : Nous savions à quoi nous attendre, c'était plutôt cool.

Une fois qu'on sort d'une période comme celle-ci, j'imagine qu'on se remet à écouter un peu tout ce qui se fait. Vous êtes sur quoi actuellement ?
Winston McCall : Oh mon dieu, je ne sais même pas ! Pour être honnête, je n'ai rien écouté d'autre que notre album depuis un bon bout de temps…
Jeff Ling : Pareil.
Winston McCall : C'est avant tout parce que nous devons nous familiariser aux chansons avant de les jouer. Et puis, ces dernières semaines, j'ai passé mon temps à parler d'elles avec les gens.
Jeff Ling : C'est un petit peu de la triche de pratiquer les chansons comme ça. Plus tu écoutes les chansons que tu vas jouer, plus elles te restent en tête et tu as moins de risques de te retrouver bête à ne pas savoir quoi jouer.
Winston McCall : Voilà, nous sommes fans de notre propre groupe. Ca fait un peu ringard dit comme ça, je suis désolé.

D'un autre côté, il vaut mieux...
Winston McCall : Oui à cette période. Mais une chose est certaine, pour moi, c'est que dès que nous commençons à jouer ces chansons, je n'écoute plus aucun de nos disques. Dès qu'ils prennent forme en concert, j'oublie le disque et ça vaut pour tout ce que nous avons fait auparavant. Donc durant un tout petit moment de ma vie, je me dis : « Voilà à quoi nous ressemblons sur disque » et puis j'oublie.

Un certain groupe de rock australien a placé la barre très haut en terme de notoriété. Avez-vous l'impression que chaque groupe de hard rock australien sera éternellement comparé à AC/DC ?
Jeff Ling : C'est une comparaison très rude.
Winston McCall : C'est comme comparer de simples mortels à des dieux. C'est l'un des plus gros groupes qui aient jamais existé.
Jeff Ling : Oui, pas de comparaison possible.
Winston McCall : Il n'y a pas de comparaison possible, c'est bien ça le truc. C'est tellement au-dessus de tout que si quelqu'un osait dire : « Hé, ce sont les plus grands groupes depuis AC/DC », rien que de le dire, la phrase paraîtrait stupide.
Jeff Ling : C'est comme comparer une fourmi à l'ensemble de la fourmilière. La différence est gigantesque.
Winston McCall : Une énorme différence. Donc je ne peux même pas dire que nous ayons eu à souffrir de ça.
Jeff Ling : Il reste tellement de travail à faire pour ne serait-ce qu'approcher ça, c'est une certitude. 
Winston McCall : Après, si nous sommes toujours dans le circuit à 80 ans, alors peut-être que là, on pourra dire : « Comparez-nous. On n'y est pas arrivé, mais on est toujours là ! ».

AC/DC était omniprésent quand vous avez grandi ?
Jeff Ling : Ouais !
Winston McCall : Ouais. Et c'est valable pour tout le monde en Australie. 
Jeff Ling : C'est inévitable, parce que c'est dans chaque pub, c'est en chacun de nous…
Winston McCall : Sur toutes les radios… c'est partout.
Jeff Ling : Dans les bagnoles…partout. AC/DC, c'est la vie !

Pour sortir des clichés, alors, quel groupe australien nous recommanderiez-vous ?
Winston McCall : Je commence par lequel ? POLARIS, NORTH LANE, IN HEARTS WAKE… Je pars sur quoi ensuite ?
Jeff Ling : Ne compte pas sur moi à ce jeu, je n'arrive jamais à penser à quoi que ce soit. 
Winston McCall : Bon, eh bien, on te laisse avec ces trois-là. Ce sont de jeunes groupes et ils sont vraiment vraiment excellents et ils sont originaux ce qui est très très important. Après, si vous n'avez pas vu AIRBOUNE, surtout live, ce sera assurément un concert de folie, particulièrement si tu aimes AC/DC.. 

Est-il difficile pour un groupe australien de se mettre le marché américain dans la poche ?
Winston McCall : Oh que oui !
Jeff Ling : Oh oui. 
Winston McCall : Le marché américain est le plus dur du monde.
Jeff Ling : C'est le plus dur. 
Winston McCall : On arrive là-bas comme une goutte dans l'océan.
Jeff Ling : Ils ont tellement de divertissement là-bas. Il y a juste tellement trop de gens et chacun veut être le premier, donc c'est une bataille impitoyable pour espérer briller en Amérique. 
Winston McCall : Ca a toujours été plus dur pour un groupe australien à cause de la distance. Pour percer là-bas, à moins d'avoir un hit magique soudainement qui se propage, tu dois te payer le sale boulot. Et rien que les billets hors de prix en avion pour simplement s'y rendre.
Jeff Ling : Je pense qu'il nous faudrait Kim Kardashian dans notre prochain clip.
Winston McCall : Nous n'avons jamais essayé un truc pareil. Il faut qu'on le fasse - c'est ça ! Il nous faut plus de célébrités dans nos clips. Ca fonctionne comme ça, non ? Peut-être que si les groupes australiens avaient des people dans leurs clips en train de manger des pizzas, ils auraient plus de succès. 
Jeff Ling : Je ne sais pas si on a les moyens, mais le concept est bon. 

Peut-être Kylie Minogue ?
Jeff Ling : Je n'osais pas le suggérer.
Winston McCall : Je ne voudrais pas compromettre son nom. Elle est trop bien pour être associée à des gens comme nous.
Jeff Ling : En Australie, ils la surnomment le canari ou… un nom d'oiseau en tout cas. L'oiseau qui piaille ou quelque chose du genre. 
Winston McCall : Tout ce que je sais, c'est qu'elle sera toujours la reine de la pop, la seule et unique Kylie.

Vous avez parlé de clips. Pensez-vous qu'ils aient toujours un sens ? Sont-ils importants pour vous ?
Winston McCall : Ça dépend. Encore une fois, il est difficile de juger si c'est la vidéo musicale qui rend une chanson populaire ou si c'est la chanson qui fait la valeur du clip. Alors tu ... je ne sais pas. Nous avons eu de très grandes discussions à propos de sortie de singles. Nous en étions même à nous demander s'il y avait encore une place pour les clips ? Mettre quelque chose sur YouTube, qu'est-ce que ça va...
Jeff Ling : Il semble qu'une idée originale est bien meilleure que tout l'argent dépensé parce que tout a été fait. Tout le monde a tout fait. Tout a déjà été fait, donc l'idée est de trouver un concept original. Je pense que c'est l'objectif principal de tout le monde en ce moment, et c'est vraiment pas facile.
Winston McCall : On marche sur la ligne qui sépare le divertissement du sens réel de la chanson. C'est vraiment étrange parce que je sais que c'était comme ça vant ... Nous avions MTV et l'habitude d'avoir des émissions équivalentes en Australie où tout tournait autour du clip, comme si c'était la première chose que les gens devaient voir. L'aspect visuel passait avant tout. Et maintenant, les supports physiques, comme les CD et autres, n'existent même plus et les chaînes de télévision n'existent pas. Tout ne tourne qu'autour d'internet.
Jeff Ling : Le temps d'attention s'est pffffffuuuuu volatilisé. Peut-être qu'on devrait faire un clip d'un chien qui se bat contre un chat…
Winston McCall : La prochaine génération de clips, ce seront des chats qui font des drôles de trucs. 
Jeff Ling : Des chats qui tombent de table et tout le monde se marre. 
Winston McCall : Des clips à la YouTube clips où tu vois des chiens porter des vêtements.
Jeff Ling : Parfait !

Avec Kim Kardashian. 
Jeff Ling : Ouais, avec Kim Kardashian…
Winston McCall : Qui mange une pizza...
Jeff Ling : ...à cheval sur le dos d'un chien !


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