Il y en aura sûrement d’autres dans l’année mais ce nouvel album des jeunes Brésiliennes NERVOSA, « Downfall Of Mankind », est une très grosse claque. Leur précédent, « Agony », paru en 2016, était bien foutu et la tournée sur laquelle je les avais vues avait confirmé leur talent, même si on décelait encore un certain manque d’aisance à défaut d’enthousiasme (avec le bémol de n’être qu’un trio et ne pas pouvoir restituer toutes les nuances guitaristiques des morceaux studio). Ce nouveau disque ne peut être comparé aux autres et, comme c’est souvent le cas, un groupe doit confirmer les espoirs mis en lui avec un troisième album. Et ici, c’est peu dire que « Downfall Of Mankind » passe haut la main ce test et en profite pour mettre à mal les certitudes que l’on pourrait avoir sur un groupe de jeunes femmes lancées dans le thrash, et les autres groupes masculins de ce genre musical.
C’est bien simple, le propos est dix fois plus musclé qu’il y a deux ans et l’ensemble lorgne parfois vers le death qui rappellerait, par exemple, leurs compatriotes de SEPULTURA lorsque ces derniers ont sorti « Arise » en 1991. La chanteuse-bassiste Fernanda Lira a bouffé du papier de verre grain 24 (du très gros) et growle délicieusement. En comparaison, on sourira en écoutant ensuite une Alyssa White-Gluz policée… La guitariste Priscila "Prika" Amaral et la batteuse Luana Dametto (elle aurait dû s’appeler Frametto parce que vu la frappe, sa batterie dérouille !), ne sont pas en reste et foncent à tombeau ouvert sans en mettre une à côté. Les compositions sont toutes plus abouties et bénéficient d’une production excellente où l’ensemble des instruments est équilibré et s’entend distinctement. D’un "Horrordome" fulgurant en début de course à "…And Justice For Whom?" (le clin d’œil à METALLICA n’est pas fortuit), "Enslave" ou un terrifiant "Fear, Violence and Massacre", on est conquis par ce nouvel album qui est d’une violence salvatrice et jubilatoire, brute et sans fard à l’opposé de ses protagonistes.
Produit par Martin Furia, qui a tourné avec elles et a pu saisir en studio l’énergie live délivrée par le trio et rehaussé d’invités de marque tels que João Gordo (RATOS DE PORÃO), Rodrigo Oliveira (KORZUS) et Michael Gilbert (FLOTSAM & JETSAM), « Downfall Of Mankind » se pose et s’impose dans le giron du thrash à dominance masculine évidente avec un aplomb qui nous fait constater que ces trois demoiselles viennent de poser avec force leurs couilles sur la table et qu’elles l’ont cassée.