Les voies du death-metal sont impénétrables. Et FREITOT est bien placé pour le savoir puisqu’il réunit en son sein trois musiciens que l’on n’aurait pas forcément imaginé côte à côte dans cette sinistre entreprise. Mais la passion du metal gras et odorant brise toutes les frontières et libère les envies les plus folles ! C’est ainsi qu’Arno Strobl (CARNIVAL IN COAL, 6 :33), Fabien Desgardins (BENIGHTED) et Etienne Sarthou (AqME) s’emploient à remettre au goût du jour les mélodies givrées du divin Swedeath sur ce premier album. « Allez, encore un de plus ! » diront les pisse-froids aigris de la HM-2 qui prétexteront une surabondance de formations similaires pour passer leur tour et grogner sur un bout de viande plus avarié. Voilà qui serait faire un procès expéditif que de ranger notre trio dans cette case étroite puisque le propos de nos guerriers est un poil plus nuancé. S’ils prennent un vil plaisir à balancer quelques riffs-tronçonneuse violacés qui feraient le bonheur d’un bûcheron en manque de sève (le jouissif "Mission" ou le destructeur "Yoko") les bougres savent aussi enfiler des gants avant de rentrer le scalpel au plus profond des chairs. "...And Your Enemies Closer" devrait mettre tout le monde d’accord sur ce dernier point avec sa montée en régime qui vire à la panzer-fessée à mi-parcours.
Alors oui, de la vitesse et du groove il y en a ici et pas qu’un peu d’ailleurs. Mais FREITOT est également capable de trousser quelques riffs au versant plus mélodique comme sur "Lost In Meaning" ou "Father", le genre de morceaux qui laisse planer un sourire béat sur un visage qui n’en demandait pas tant. C'est clair, tout ici fleure bon le début des années 90 : riffing mammouth et percutant, coups de latte bûcheronnesques assénés avec passion, chant bien profond, basse frétillante, la recette est connue mais exécutée ici avec amour et passion... Et de l'amour, nos gaillards en ont à revendre, jugez plutôt : une production redoutable, un artwork intriguant aux relents de folie et surtout une envie d’en découdre palpable dès les premiers accords de ce "The Human Drawer" qui laisse entrevoir le meilleur pour la suite. Plusieurs écoutes seront cependant nécessaires pour bien s’imprégner du bestiau et en saisir toutes les subtilités, comme je le disais quelques lignes plus haut nos trois mercenaires ne se sont pas contentés de singer bêtement ENTOMBED et compagnie. Non, ils ont su s'écarter de ce chemin prévisible pour lequel ont opté la plupart de leurs petits copains revivalistes par une approche plus moderne, mélodique et mid-tempo, bardée de solos et de rythmiques vertigineuses. Tout sonne juste, sans chichi et cela ravira à n'en point douter les amateurs d'un style connu, revu, corrigé... et addictif une fois la première cuillerée engloutie goulûment. Burps !