L'époque bénie des pochettes démo noir et blanc xéroxées vous tire une petite larme de nostalgie ? Les premiers méfaits de BEHERIT, SARCOFAGO et BLASPHEMY résonnent en vos murs comme autant d'appels au headbanging débridé ? Le climat rude et hostile de la Finlande a pour vous des airs de Camping Paradis ? Parfait : bienvenue chez ARCHGOAT.
J'exagère à peine. Mais en matière de metal extrême le quatuor du grand nord fait office de mètre-étalon depuis ses premiers balbutiements, quelque part au début des années 90. Toujours soudé autour de son noyau dur composé des frangins Lord Angelslayer et Ritual Butcherer, secondé par deux petits nouveaux aux sobriquets tout aussi amicaux, le gang de Turku revient avec une recette qui n'a pas bougé d'un ongle incarné depuis sa conception. Neuf morceaux exécutés en trente-cinq minutes où les bougres n'ont qu'une obsession : remettre une nouvelle fois le couvert sur la marmite bouillonnante du black/death le plus intense.
On prend (presque) les mêmes ingrédients qui ont fait de « Apocalyptic Triumphator » un monstre de groove, de blasts et d'ambiances poisseuses et on recommence, pied au plancher. Des preuves ? "Jesus Christ, Father Of Lies" ou "Sorcery and Doom" et leurs faux airs d'INCANTATION bas du front, "The Jezebels Black Mass Orgy" qui part comme une fusée avant de se raviser sur un mid-tempo savoureux ou encore les redoutables "Messiah Of Pigs" et "Star Of Darkness". Je vous épargne la nature malfaisante des autres titres, tout aussi vindicatifs. Oui, aucun doute n’est permis sur cette nouvelle livraison qui ravira les fans de riffs directs-coups de boules, de son de basse clinquant comme un coup de latte bien placé et de descentes de toms qui résonnent comme autant d'appels à la baston. Mais cela n'est rien à côté des gargouillis douloureux du préposé au crachoir qui évoquent plus les flammes de l’enfer que le jardin d’Eden. Préparez vos esgourdes, « The Luciferian Crown » est un open-bar sauvage et débridé qui fera passer n'importe quel springbreak pour une assemblée de mormons.
Ajoutez à cette affaire une production d'une puissance diabolique, un superbe artwork signé Chris Moyen et des textes dont l'animosité envers la chrétienté transpire dans chaque mot et vous aurez une petite idée du topo. Quoi ? Comment ça ? Old-School ARCHGOAT ? Pardi ! La fine équipe n'a d'autre ambition que d'infliger un maximum de dégâts à vos pauvres esgourdes, déjà endolories par nombre de sorties bestiales en 2018 (AURA NOIR, GRAVEHILL, PORTAL, j'en passe et des meilleures). Et pourtant, il vous faudra réserver à « The Luciferian Crown » une place à part dans votre discothèque touffue. Parce que dans le genre teigneux et obstiné, il se pose là sans le moindre doute. Une fois de plus.