26 octobre 2018, 17:30

MASS HYSTERIA

• "Maniac"

Album : Maniac

« Habemus Maniac ! » Ainsi pourrait commencer la chronique de ce nouvel album de MASS HYSTERIA. Attendu comme le messie par la toujours plus large communauté de ses fans rebaptisée "L’Armée des Ombres" en référence à l’album du même nom sorti en 2012, ce neuvième disque studio a été une fois de plus produit par leur guitariste et producteur de renom, Fred Duquesne, avant que le tout ne voyage jusqu’à Nashville, Tennessee pour un mastering effectué par le non moins renommé Ted Jensen (MASTODON, BEHEMOTH ou encore le dernier NO ONE IS INNOCENT) dans ses Sterling Studios. Trois ans se sont écoulés depuis la sortie du précédent album bien que le groupe n’ait pas chômé entretemps en sillonnant en long, en large et en travers les routes de France, de Navarre et d’ailleurs pendant quasiment tout ce temps. Allaient-ils en sortir rincés et sous pression à l’heure de donner un successeur à un « Matière Noire » salué conjointement par la critique et les fans ? La réponse est non. Bien au contraire même…

« Maniac » débute ironiquement avec ''Reprendre Mes Esprits'' qui, au vu de la déflagration sonore, les fait plutôt perdre à l’auditeur. La claque est immense, la production écrasante. Les guitares de Yann Heurtaux et Fred Duquesne sont de vrais barbelés, la basse de Jamie Ryan perfore le plexus et la batterie de Raphaël Mercier n’est ni plus ni moins qu’un rouleau compresseur. Le chanteur, Mouss Kelaï, nous assure que « Ça va aller » et on n’a qu’une seule envie, le croire car ce premier titre fait vaciller sur place. C’est d’autre part la moins paisible des chansons d’amour qu’il m’ait été donné d’écouter car oui, messieurs-dames, ce titre très personnel parle d’une rupture amoureuse. Ce voyage mouvementé va se poursuivre tout au long des dix titres qui composent ce disque où chaque écoute va révéler de subtils détails sur le travail des musiciens. Raphaël livre certainement sur ce disque sa meilleure prestation, que ce soit lors de fills complexes et supersoniques ou de par les nuances de son jeu sur les cymbales. Un métronome vivant, une machine de guerre. Mouss, quant à lui, a noirci les feuilles de son cahier avec des paroles tirant vers une poésie se rapprochant dans l’esprit de celle d’un Hubert-Félix Thiéfaine (''L’Antre Ciel Ether'' par exemple). Tour à tour abstrait ou ancré dans la réalité, on peut comparer son style à l’un des titres du disque, tout en ''Arômes Complexes''. Certaines punchlines sont par ailleurs particulièrement délicieuses (« En plus d’être cocus, on paie la chambre d’hôtel  » ou « Notre coin VIP, c’est le pit » et un prophétique « On vise le zénith », le groupe ayant prévu de clore sa tournée dans celui de Paris). L’influence de SLAYER plane par moments sur certaines compositions (''Ma Niaque'', ''Nerf De Boeuf''), ce qui n’étonnera personne pour peu que l’on sache que Yann Heurtaux est un de leurs plus grands fans.

S’il va encore plus loin en termes de violence sonore que les deux albums précédents, « Maniac » fait cependant se poser une question, celle de savoir dans quelle direction MASS HYSTERIA va se diriger pour le prochain album. Poursuivre son escalade vers l’extrême, bien qu’avec le niveau atteint ici, ce sera difficile sans dénaturer totalement son identité sonore ou alors effectuer un virage à 180° comme pourrait le laisser entrevoir éventuellement le dernier morceau instrumental très orienté ambient et machines, ''We Came To Hold Up Your Mind'', articulé notamment autour d’une réplique du film culte de Tarantino, Pulp Fiction. Un morceau radicalement différent du reste de « Maniac » mais qui permet de retrouver une facette du groupe presque gommée et qui referme de façon plus posée un disque ô combien éprouvant mais ô combien réussi. SLAYER a sorti « Reign In Blood » ? MASS HYSTERIA vient de sortir « Maniac ». CQFD, point barre (de fer).

Blogger : Jérôme Sérignac
Au sujet de l'auteur
Jérôme Sérignac
D’IRON MAIDEN (Up The Irons!) à CARCASS, de KING’S X à SLAYER, de LIVING COLOUR à MAYHEM, c’est simple, il n’est pas une chapelle du metal qu'il ne visite, sans compter sur son amour immodéré pour la musique au sens le plus large possible, englobant à 360° la (quasi) totalité des styles existants. Ainsi, il n’est pas rare qu’il pose aussi sur sa platine un disque de THE DOORS, d' ISRAEL VIBRATION, de NTM, de James BROWN, un vieux Jean-Michel JARRE, Elvis PRESLEY, THE EASYBEATS, les SEX PISTOLS, Hubert-Félix THIÉFAINE ou SUPERTRAMP, de WAGNER avec tous les groupes metal susnommés et ce, de la façon la plus aléatoire possible. Il rejoint l’équipe en février 2016, ce qui lui a permis depuis de coucher par écrit ses impressions, son ressenti, bref d’exprimer tout le bien (ou le mal parfois) qu’il éprouve au fil des écoutes d'albums et des concerts qu’il chronique pour HARD FORCE.
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