8 janvier 2019, 18:13

BILLYBIO

• Interview Billy Graziadei

Billy Graziadei, le guitariste chanteur de BIOHAZARD et POWERFLO, a sorti son premier album solo intitulé « Feed The Fire », sous le patronyme BILLYBIO. Engagé, motivé, expérimenté, l’artiste se livre à cœur ouvert et ce n’est pas que la révolution…


Hello Billy, quel temps fait-il à Los Angeles ?
Beau ! Je reviens tout juste de tournée sur la côte nord-est où nous voyagions dans un van et il faisait super froid. C’est cool d'être de retour à L.A. où il fait chaud.

Pourquoi as-tu décidé de sortir ton premier album solo ?
Je ne me suis jamais considéré comme un artiste solo. J’apprécie comment les groupes travaillent, comment naît une chanson. Je n’ai jamais été un artiste qui combat avec ses idées les autres artistes. Les personnes avec qui je crée sont des sources d’inspiration pour moi. Quand j’ai des idées, je les écris, je les travaille et j’apporte quelque chose d’achevé aux membres du groupe avec qui je joue. Je leur dis : « Voilà une de mes idées, voilà une chanson, qu’en pensez-vous ? ». Il y a très peu de différences dans mon processus créatif, que ce soit avec POWERFLO, BIOHAZARD ou un autre groupe avec qui je bosse. Pour BILLYBIO, c’est la même chose. Mais pour moi, BILLYBIO est une représentation de ce que je suis en tant qu’artiste, en tant que personne, en tant que musicien. Je fais ce que je sais faire de mieux et continue de progresser. 

Comment résumerais-tu « Feed The Fire » ?
Je ne sais pas. Je n’arrive pas à voir mon art d’un œil critique. Je crée et je préfère avoir l’avis des autres sur ma création, en fait. C’est comme un enfant, un bébé, une partie de moi. Je ne peux pas faire rentrer ce que je crée dans une catégorie. Nous avions évoqué ensemble lors d’un échange que cela pourrait être la B.O. d’une révolution. Cela a peut-être du sens. Pour moi, le titre de l’album transcrit la puissance. Ce n’est pas lié seulement à l’actualité comme en France, par exemple (NDR : il fait référence aux images de la presse concernant les gilets jaunes début décembre), mais au monde entier, à l’humain. Je respecte ceux qui protestent contre l’injustice, les inégalités. Cela peut être en politique, ou encore à l’école. C’est assez similaire avec ce que les gilets jaunes peuvent combattre, avec d’autres personnes dans d’autres pays. La colère est universelle. Malgré les frontières des pays, des cultures, les barrières de langage, au fond de nous, nous sommes tous identiques.
Tout ceci est la métaphore de la cocotte-minute qui va monter en pression de plus en plus. Si tu ne régules pas la pression, elle finit par imploser. C’est ce que j’ai vu pendant l’époque de Clinton, mais c’est valable pour Trump. Cela va continuer dans les années qui arrivent. Nous verrons bien ce qui se passera.

Il y a du punk, du hardcore, du metal sur cet album, peux-tu nous parler de ton processus artistique ?
J’ai déjà des chansons pour un second album, tu sais ! Je ne manque pas d’inspiration, je te promets. Je ne crois pas qu’un artiste puisse être en manque d’idées, d’inspiration. J’ai des idées sur lesquelles je travaille, des choses nouvelles. Je peux avoir une idée de mélodie au piano chez moi, sur une guitare acoustique. Des fois, c’est pendant une tournée. J’enregistre tout sur mon smartphone. L’inspiration est partout. Je peux me réveiller au milieu de la nuit, prendre ma guitare et enregistrer quelque chose.

Es-tu un workaholic (un addict du travail) ?
Non, c’est ma vie. Je ne conçois pas la création comme un travail. C’est un moyen de communiquer, d’échanger.

Peux-tu nous parler du choix des singles de l’album ?
J’ai fait le choix du titre "Feed The Fire" lorsque le disque est sorti avec cette vidéo de dingues. "Freedom’s Never Free" a été le suivant. Ce titre résume parfaitement tout ce dont on a parlé, tout ce que j’ai construit. Le premier gaz de la cocotte-minute est le plus puissant. Il faut faire attention. Il y a de tout dans ce titre : de l’agressivité, de la colère. C’est une chanson rapide. Je termine mes concerts avec. elle est forte pour moi. Pour le prochain single, j’ai plusieurs idées mais je travaille sur le titre "Enemy".  On a filmé des images lorsque nous étions en Europe et d’autres trucs cool. Il y a encore du travail mais cela devrait sortir prochainement. J’ai plein d’idées que je pourrai utiliser tant que j’aurai le feu vert des gens qui bossent avec moi pour transformer de l’audio en vidéo.

"Sen Dog et moi bossons sur le nouveau POWERFLO qui sortira en 2019"



Ton disque est numéro 1 de mon top albums 2018 personnel pour HARD FORCE. J’ai choisi des titres significatifs pour moi. Peux-tu nous en dire quelques mots ?
Merci beaucoup. J’apprécie vraiment. J’aime ce que je fais. Je prends ça comme un compliment et suis touché.

"Unthruth"
Quand tu es jeune, tu penses à un monde idéal le plus parfait possible. Tu vis différentes expériences et tu t’aperçois que le tableau n’est pas si clair que ça. Cela devient confus avec une perte de confiance. Tu acquiers plus d’expérience et tu t’aperçois qu’il s’agit de propagande de la part des médias, d’Hollywood... C’est le bon et le mauvais... il y a de la déception, un manque de vérité. C’est l’une de mes chansons préférées sur l’album et en concert aussi.

"Sick And Tired"
Colère, douleur, mon enfance. Il y a des choses que je n’ai pas pu gérer. J’ai grandi, me suis construit avec la vie. J’ai vécu des choses négatives. J’ai décidé de changer à un moment et d’emprunter d’autres voies. La négativité me mettait à plat. J’ai choisi quelque chose de plus positif et de meilleur pour ma santé.

"No Apologies, No Regrets"
J’ouvre mon concert avec ce titre tous les soirs. C’est un credo, tu sais. Je viens de poster une interview de moi datant de 1993, il y a plus de 20 ans. On dirait un gamin. Ce que je disais, c’est la même chose qu’aujourd’hui. Je suis fier d’être la même personne, je ressens les choses de la même manière. J’ai plus d’expérience. Je m’égare là... de quelle chanson parlait-on ?

"No Apologies, No Regrets"
Oui, dans cette interview, je disais on fait ce que l’on fait. On s’en fout du reste. Pas d’excuses. Quand tu es un artiste, tu te dois d’être honnête et vrai pour toi. Que ce soit avec BIOHAZARD ou avec moi-même, je ne me suis jamais dit je vais faire plaisir à quelqu’un d’autre. Je suis là pour me faire plaisir. La thérapie que j’ai faite pour parler de mes problèmes m’a été bénéfique. Pas d’excuses, ni regrets. Je ne changerai rien de tout ce qui m’est arrivé.

Une tournée en Europe, bientôt ?
J’espère vraiment venir en France. Nous sommes en train de booker des dates en Europe pour fin janvier, début février.

C’est quoi la set-list d’un concert de BILLYBIO ?
(Rires) Tu demandes à un musicien de dévoiler ses secrets ! Je joue tout le nouvel album. Les titres sont courts, rapides et directs. Il n’y a pas de solos de guitares. Cela me laisse du temps pour jouer des classiques et des raretés de BIOHAZARD. Chaque tournée que je fais, je varie les plaisirs et change les titres de BIOHAZARD.

C’est quoi ton futur, Billy ? De nouveaux albums, de nouvelles collaborations ?
Oui, Sen Dog (CYPRESS HILL) et moi bossons sur le nouveau POWERFLO qui sortira en 2019. J’ai aussi le nouveau BILLYBIO en projet.

As-tu une idole ? Quelqu’un d’important pour toi ?
Oui. Quand j’étais jeune, je ne croyais pas au fait d’avoir une idole. Il y en a pour qui il s’agit de sportifs ou de musiciens. J’étais contre ça. Ça venait de mon côté punk. J’ai ensuite réalisé que les vraies idoles sont les personnes proches de vous. C’est mon père, ma mère qui m’a donné le goût de la musique. Elle est décédée lorsque j’étais jeune. C’est mon oncle, mon grand-père qui m’ont mis sur le chemin où je suis maintenant !

Quel est ton point de vue sur la scène hardcore actuelle ?
Je l’aime. C’est ma famille. Je viens de là. Je lui appartiens. Je mourrais avec. Cette culture, cette scène musicale sont quelque chose où vous vous sentez bien, comme à la maison. Tout le monde, quelque soit l’âge, a des intérêts en commun et c’est quelque chose d’incroyable. Je suis fier de faire partie de cette communauté. J’apprécie aussi la scène française.

Ca fait partie de ton ADN le hardcore ?
(Rires) Complètement !

Tu m’as déjà dit que le Jiu-Jitsu était une addiction positive lors d’un précédent échange. En as-tu d’autres ?
Oui. Être en bonne santé. Pas d’alcool ni de drogues. Être positif, rester à distance des personnes négatives et de la négativité. J’aime ma vie et j’ai perdu du temps avec des problèmes il y a des années. Maintenant, je vois les problèmes comme des challenges. J’essaie d’absorber le stress. Quand un challenge se présente, je fais face. Ce qui ne tue pas te rend plus fort. Je me sens plus fort et en adéquation avec ce que je chante maintenant.

Quel est le meilleur ou le plus fort souvenir de ta carrière professionnelle ?
Je pense que c’est toute ma carrière Bro'. Il y a eu des challenges, des frustrations, de la joie. Mes albums représentent qui je suis, où je vais, ce que j’ai fait à un moment donné de ma vie. Chaque album est une parcelle de ma vie, les chansons, les groupes aussi. J’ai lu un livre dernièrement sur la guitare. La phrase clé était « quoi qu’il arrive, joue ! ». C’est ce que je fais. Je crée quoi qu’il arrive. Je fais ce que je fais. Laissons l’histoire juge de ce qu’il en sera. Je n’ai pas commencé cette activité pour être riche, célèbre mais pour d’autres raisons : créer de mes propres mains et avec mon cœur des choses qui me satisfont, avec des émotions positives. J’aime ça, je suis addict à ça. Ce n’est pas un travail. C’est ce que je suis. Je ne changerai tout cela pour rien au monde.

Si tu devais tout de même changer quelque chose de ta vie privée, ce serait quoi ?
Rien. Quand je ne fais pas de musique, je m’occupe de ma famille. Je suis le père de 2 enfants. Je suis le même sur scène ou dans la vie quotidienne. Je n’ai pas 2 visages. La façon dont je m’exprime dans ma musique est la même que celle que j’utilise avec mes enfants. Je leur apprends ce que je ressens. Je suis la même personne depuis le premier jour de ma carrière. J’ai juste plus d’expérience et arrive mieux à exprimer les choses. J’ai suivi ma propre voie. Je suis heureux dans ma vie. Je n’ai pas peur de la mort, de la maladie, des accidents. J’ai une vie remplie. J’essaie d’être la meilleure personne possible qui te parle en ce moment. Je ne changerai rien de ma vie privée.

Enfin, que vas-tu faire pour ces vacances de fin d’année ? (l’interview a lieu 5 jours avant Noël)
Nous allons célébrer ces fêtes de fin d’année avec la famille et les amis. Je vais passer un maximum de temps avec eux, c’est mon moment préféré. J’ai une attitude mentale positive. Essayez de passer un bon moment avec les autres quelque soit votre histoire et les difficultés que vous avez vécues. Je mets toute mon énergie dans ce type de message important pour moi.

Merci pour cet échange
Merci beaucoup, my friend ! Au revoir (en français).


Blogger : Laurent Karila
Au sujet de l'auteur
Laurent Karila
Psychiatre spécialisé dans les addictions, Laurent Karila a collaboré à Hard Force de 2014 à 2023.
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