Aimer le metal industriel dans sa forme la plus épurée, c’est comme trouver de l’harmonie dans le mouvement perpétuel des grandes machines de production, dans le bruit parfois assourdissant que provoque leur fonctionnement : ce mélange de gigantisme, de puissance écrasante et de lourdeur incommensurable. C’est découvrir aussi d’une certaine esthétique dans les tuyaux des usines de raffinage du pétrole, de la majesté dans les lignes électriques dont les poteaux s’étendent vers l’infini ou dans le ballet des rails de chemin de fer qui s’entrecroisent et luisent dans la nuit sous les feux de signalisation.
A la fois hypnotique et brut, le projet parallèle des membres de BLUT AUS NORD W.D. Feld et Vindsval fait immanquablement penser au précurseur du genre GODFLESH dans ses errements les plus géniaux ("Babel"). S’y insère également des déviances vocales de New Wave ("Eternal") avec une pertinence aussi inattendue que délicieuse et même des mélodies de guitares qui touchent au sublime ("The Sublime", justement…).
Soyons honnêtes : tout ne va pas pour le mieux dans le meilleur des mondes, contrairement à ce qu’affirmait le Candide de Voltaire. Certains titres ambiants aussi courts qu’anecdotiques auraient plus leur place dans une bande-son de téléfilm que sur un album (ou auraient mérité en tout cas une meilleure exploitation), tandis que d’autres donneraient plutôt envie de se lever subitement pour se jeter par la fenêtre (ou de changer de titre, c’est selon) comme "Triiiunity" ou "Joyless".
Il est vrai que l’industriel ne donne par essence pas forcément envie de danser la zumba en collants vert fluo, mais là c’est sans doute trop !
Reste que des productions de ce type ne courant pas les rues, mieux vaut ne pas bouder son plaisir et profiter pleinement des délires créatifs de ce duo infernal.
