27 janvier 2019, 23:46

JUDAS PRIEST + DISCONNECTED

@ Paris (Le Zénith)


Nous avions eu une belle prestation de JUDAS PRIEST au Hellfest l’an dernier bien que votre serviteur ait pourtant eu l’outrecuidance de ne pas la trouver à son goût, faute de ne pas avoir accroché ce jour-là car « pas dans le mood » comme on dit. L’occasion de se rattraper en ce dimanche soir car les cinq anglais étaient à nouveau en France, mais en salle cette fois, pour le "Firepower Tour", un album sorti l’an dernier que les fans et la presse ont chaleureusement accueilli. Apprêtés pour l’événement, vestes en jean surchargées de patchs, bagouzes "tête de mort" à tous les doigts, t-shirts siglés ou encore casquettes en cuir et lunettes miroir, les fans n’attendaient qu’une chose, entendre le chanteur Rob Halford lancer son désormais célèbre « The Priest is back! ».

Il fait froid et plutôt que de flâner dehors, le public se masse à l’intérieur du Zénith permettant ainsi à DISCONNECTED de se produire à 19h devant un parterre et des gradins déjà correctement remplis. Le pari est osé de la part de la production au vu du style pratiqué par le groupe français, bien éloigné du heavy traditionnel tel que pratiqué par la tête d’affiche. Il en faut pourtant bien plus que cela pour impressionner les cinq membres du groupe qui prennent d’assaut la scène sur ''Living Incomplete'', parfaite entrée en matière ce soir. Puissance, énergie, envie, enthousiasme, les adjectifs ne manquent pas pour caractériser la présence sur les planches du groupe créé par le guitariste Adrian Martinot. Le chanteur Ivan Pavlakovic prend la parole par deux fois en précisant qu’à l’annonce de leur participation, DISCONNECTED a essuyé de nombreuses critiques (ces fameux "haters" ou "trolls" qui pullulent et polluent les réseaux sociaux), sans que cela entache le moins du monde leur détermination, remerciant la majorité des gens présents et ouverts d’esprit, tous regroupés sous une seule et même bannière : le metal.

Pari gagné, le discours fait mouche et la salle applaudit comme un seul homme. La maîtrise instrumentale et vocale du quintet joue en sa faveur et la mise en son s’affinant au fil du set, le retour du public se veut meilleur titre après titre. ''Losing Yourself Again'' fait secouer les têtes, comme demandé par leur chanteur, et la prestation de trente minutes s’achève après cinq premières chansons sur le final et colossal ''White Colossus'', morceau-titre de leur premier album. Bien que la nervosité du groupe se faisait palpable (qui ne le serait pas d’ailleurs à l’idée d’ouvrir pour l’une des légendes du heavy metal ?), cette sensation de proximité et de sincérité bienvenue avec le public a permis de l’effacer et d’éprouver à leur égard de la bienveillance et plus encore, du respect. Une tournée européenne en compagnie de TREMONTI, le Zénith avec JUDAS PRIEST, tout ça avec un seul album et en moins d’un an ? Mais où s’arrêteront-ils ? Loin, c’est tout le mal qu’on leur souhaite.

Après 30 petites minutes de changement de plateau, c’est à 20h précises que les lumières s’éteignent pour laisser résonner l’introduction précédant l’entrée fracassante du groupe sur ''Firepower'', morceau éponyme du nouvel album. Hyper efficace et rentre-dedans, la machine JUDAS PRIEST frappe un grand coup en enchaînant coup sur coup ''Running Wild'', une 'vieillerie' bienvenue puis les imparables ''Grinder'', ''Sinner'' et ''The Ripper'' durant laquelle l’écran en fond de scène égrène des images de Londres à l’époque ou y sévit Jack L’Eventreur. Ou comment se mettre près de 5000 personnes dans la poche en vingt minutes chrono. Le son est bon, comme d’habitude dans cette salle, Rob Halford arpente la scène de long en large tandis que dès les premières notes, le guitariste Richie Faulkner attire une fois de plus tous les regards, éclaboussant de son talent le Zénith tout entier, ne mettant jamais une note à côté et, bien qu’il en fasse des tonnes derrière ses Ray-Ban miroir, affiche un capital sympathie énorme. Déjà 8 ans qu’il fait partie du groupe mine de rien. Andy Sneap, l’autre six-cordistes et producteur du groupe qui a, pour rappel, remplacé Glenn Tipton lorsque celui-ci a dû quitter le groupe à cause de la maladie de Parkinson dont il est atteint, déroule tranquille derrière mais reste un peu en retrait, bien moins cependant que le bassiste Ian Hill qui, les années passant, évoque par son côté bourru le Gimli de la saga Le Hobbit. Si l’on peut reprocher un petit quelque chose à JUDAS PRIEST, ce serait sa tendance à reproduire schémas et gimmicks année après année, leur faisant perdre en spontanéité, une chose commune à beaucoup de groupes cependant. Avouons que c’est bien peu de choses par rapport au plaisir d’entendre encore tous ces joyaux du metal.

L’heure ensuite pour les fans de participer aux chœurs sur ''Turbo Lover'' enchaîné sur une inespérée ''Killing Machine'' introduite par Rob, précisant que le morceau n’a pas été joué depuis… 1978. Merci les gars, toujours sympa de se prendre un coup de vieux comme ça, gratos. ''The Green Manalishi (With The Two-Pronged Crown)'', une fidèle des set-lists, fait le job avant qu’un autre des quatre extraits joués ce soir de « Firepower » n’arrive avec ''Rising From Ruins'', passant elle aussi l’épreuve de la scène avec brio (de l’album, nous aurons également eu droit à ''Lightning Strike'' et ''No Surrender'').



Bientôt l’heure de plier les gaules comme on dit et il est temps d’achever l’audience par une série de classiques. Je ne vous fais pas l’article, je cite juste le titres des chansons pour vous laisser imaginer l’étendue des dégâts sur le public : ''You’ve Got Another Thing Comin’'', ''Hell Bent For Leather'' et sa traditionnelle Harley, ''Painkiller'' qui voit le batteur Scott Travis prendre le micro avant d’entamer l’un des plus célèbres patterns de batterie de l’histoire du heavy metal. En rappel, ''Electric Eye'' et son indissociable intro ''The Hellion'', ''Metal Gods'' sur laquelle Rob mime à merveille la démarche des robots de l’animation en fond de scène (si d’aucuns armés de mauvaises pensées auraient pu croire qu’un problème de prothèse ne l’ait handicapé soudainement) puis, ''Breaking The Law'' et… et… ben oui, ''Living After Midnight'', bien qu’il soit à peine 21h40.

Vous savez compter, de 20h à 21h40, ça nous donne 1h40 de hits non-stop auxquels nous avons eu droit avant que l’écran géant affiche le message rassurant « The Priest Will Be Back » car à 67 ans pour Rob, on est en droit de se demander jusqu’à quand le quintet britannique donnera le change. Mais concentrons-nous sur le présent plutôt car JUDAS PRIEST a, en cette soirée du 27 janvier, prouvé ô combien il reste une (killing) machine bien huilée, à l’instar de la mécanique de la Harley chevauchée plus tôt par Rob Halford. Amen !


Photos © Lilian Ginet / Hard Force

Set-list


Blogger : Jérôme Sérignac
Au sujet de l'auteur
Jérôme Sérignac
D’IRON MAIDEN (Up The Irons!) à CARCASS, de KING’S X à SLAYER, de LIVING COLOUR à MAYHEM, c’est simple, il n’est pas une chapelle du metal qu'il ne visite, sans compter sur son amour immodéré pour la musique au sens le plus large possible, englobant à 360° la (quasi) totalité des styles existants. Ainsi, il n’est pas rare qu’il pose aussi sur sa platine un disque de THE DOORS, d' ISRAEL VIBRATION, de NTM, de James BROWN, un vieux Jean-Michel JARRE, Elvis PRESLEY, THE EASYBEATS, les SEX PISTOLS, Hubert-Félix THIÉFAINE ou SUPERTRAMP, de WAGNER avec tous les groupes metal susnommés et ce, de la façon la plus aléatoire possible. Il rejoint l’équipe en février 2016, ce qui lui a permis depuis de coucher par écrit ses impressions, son ressenti, bref d’exprimer tout le bien (ou le mal parfois) qu’il éprouve au fil des écoutes d'albums et des concerts qu’il chronique pour HARD FORCE.
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