19 avril 2019, 14:12

MORK

• Interview Thomas Eriksen

MORK fait figure d'outsider dans la scène black metal norvégienne. Pas très connu mais unanimement soutenu par les plus grands groupes old-school du pays, le one-man band gagne peu à peu du terrain avec son black metal percutant et dépressif. Thomas Eriksen nous parle du nouvel album « Det Svarte Juv », nous dévoile ses sources d'inspirations et nous fait part de ses impressions sur le black metal actuel. En toute intimité et sincérité.


Alors, comment te sens-tu avec la sortie de ce nouvel album ?
Je me sens comme délivré après avoir travaillé tout ce temps dessus. Je ne sais pas ce que c'est d'avoir des enfants, mais ce doit être à peu près le même sentiment. Je me sens plein de force.

La musique de MORK est de plus en plus appréciée par les fans de black metal et rencontre de plus en plus de succès. Pensais-tu un jour accéder à une telle reconnaissance ?
Pas vraiment, c'est une belle surprise. Je me souviens lorsque j'ai fait le premier album, c'était juste pour le plaisir de l'enregistrer. Il y avait déjà des centaines de groupes de black metal à travers le monde donc je me suis dit, pourquoi pas moi. Et en fait les gens l'ont aimé donc il n'y avait aucune raison d'arrêter par la suite.

C'est sûr ! Ce doit être une belle récompense pour le travail effectué ?
Oui, c'est vraiment important pour moi. La musique compte énormément dans ma vie. C'est vraiment génial et en même temps incroyable.

En plus tu es très productif car tu as sorti un album presque tous les ans depuis quelques temps.
Oui, c'est vrai ! Je dois avoir beaucoup d'obscurité en moi je pense.

« Det Svarte Juv » est d'ailleurs très sombre et dépressif. Est-ce que c'était ton état d'esprit lorsque tu as composé l'album ?
Oui, on peut le dire. Et cet album est vraiment très important pour moi. Il est le résultat de mes 3 dernières années qui ont été remplies d'immenses tragédies dans ma vie et ma famille. J'ai perdu deux de mes grands-parents dans la même année, mais il est logique que les personnes âgées s'en aillent. Ce qui l'est moins, c'est la perte de mon père qui n'avait que 60 ans. Il était trop jeune pour mourir et était en bonne santé. En plus, ma maman a fait une hémorragie cérébrale quelques temps plus tard. Toutes ces tragédies ont été la source d'écriture de cet album.

Avoir la possibilité de créer de la musique doit aider à surmonter ces passages non ?
Oui, tout à fait. En plus d'être un album dépressif, il montre aussi beaucoup de force. C'est un album très viril. J'en suis très fier.

Sur les précédents albums, tu étais entouré de beaucoup d'invités mais sur celui-ci tu voulais être plus solitaire. Pourquoi ce choix ?
Principalement à cause de toutes les raisons évoquées auparavant. C'est un album très personnel. J'avais contacté deux personnes qui me semblaient être parfaites pour deux chansons mais elles ont décliné l'offre donc j'ai décidé de finalement tout faire seul.

MORK est un projet solo. Comment choisis-tu les musiciens qui t'accompagnent ?
MORK est un projet solo du point de vue de la composition et de la production mais nous sommes un groupe complet en live. On a changé de batteur et de bassiste une fois. Mais aujourd'hui le line-up est stable et on peut considérer MORK comme un groupe.
 

"La plupart des gens qui nous ont vu en concert nous ont dit avoir apprécié. C'est le meilleur des compliments que nous pouvons recevoir."


Ce nouvel album se compose de 10 titres. Quel en est la teneur ? Y'a-t-il un fil conducteur ?
En fait, « Det Svarte Juv » est un titre qui a 10 ans. Il était supposé sortir en 2008 ou quelque chose comme ça sous forme d'un EP à propos de la dépression. Mais il est tombé dans l'oubli. Avec toutes les tragédies qui me sont arrivées, j'y ai repensé et je me suis dit que c'était le bon moment pour l'utiliser. Cependant, ce n'est pas un concept album. Les deux derniers titres de l'album fonctionnent ensemble mais le reste est indépendant.

Au fait, que veut dire MORK ?
En fait, beaucoup de personnes pensent que c'est la même chose que "MØRK". Mais ce n'est pas du tout la même chose. MORK est un mot que j'ai pris du norvégien morken qui signifie "pourri". Quand j'ai créé le projet en 2004, je voulais un nom en rapport avec la mort, la forêt et ses racines humides, ses sols boueux. MORK représente tout ça. Et c'est un mot court : une fois que tu l'as entendu, tu ne l'oublies plus.

Un peu comme ta musique !
Oh mais merci beaucoup !

Pour la réalisation de la pochette, tu as choisi un artiste français, David Thiérrée. Comment en es-tu venu à travailler avec lui ? Tu le connaissais auparavant ?
C'est un artiste très talentueux et une personne formidable. Je l'aime beaucoup. Je l'ai rencontré lors d'un concert que j'ai donné. Il était en compagnie d'une artiste norvégienne que je connais. On s'est salués mais sans plus. Ensuite, je l'ai revu lors d'un festival où il faisait une exposition de ses travaux. On a discuté et sympathisé et j'ai tout de suite remarqué son incroyable talent. Je lui ai donc demandé s'il voulait travailler avec moi sur « Det Svarte Juv ». Je lui ai donné les bases de ce que je voulais et le travail qu'il m'a rendu était juste magnifique.

Tu as joué de nombreux concerts en Norvège. Est-ce qu'il y a des dates de prévues en France et en Europe ?
On a fait plein de concerts dans des pays différents mais on n'a jamais fait de tournée avec MORK. On fait juste quelques dates ici et là. On est allé en Turquie, en Espagne, en Autriche. Il y a quelques jours, on a joué à Prague en République Tchèque. On aime vraiment ces voyages. Donc j'espère qu'il y aura des salles qui voudront bien nous faire jouer en France.

Tu aimes jouer live ?
Oh oui ! C'est quelque chose que j'adore. A chaque fois que nous faisons un concert, on gagne de nouveaux fans. C'est un sentiment incroyable. On se sent en vie lorsqu'on joue devant les gens.

A quoi ressemble un concert de MORK ?
On ne dépend pas d'effets spéciaux, si tu vois ce que je veux dire. On se contente de corpse-paint, c'est la base du black metal mais notre musique parle d'elle-même donc nous n'avons pas besoin d'artifices. On est plein d'énergie. La plupart des gens qui nous ont vu en concert nous ont dit avoir apprécié. C'est le meilleur des compliments que nous pouvons recevoir.

Que penses-tu de la scène black metal d'aujourd'hui ?
Je trouve que le black metal de 2019 se porte à merveille. Il y a plein de nouveaux groupes qui font une musique de qualité. Et puis il y a toujours les vieux groupes old-school. C'est là que tu vois que le black metal n'est pas une mode. Cette musique passe de générations en générations et c'est très bien.

Quel genre de musique écoutes-tu ?
Je suis très éclectique. Je sais que la plupart des gens s'attendent à ce que les musiciens de black metal soient étroits d'esprit et se cantonnent à la noirceur et au mal. Mais en fait, chaque être humain passe par des centaines d'émotions au cours d'une journée donc j'écoute des musiques qui s'adaptent à mon état d'esprit. Mais je suis content d'avoir trouvé ma voie dans la musique que je produis.


Blogger : Aude Paquot
Au sujet de l'auteur
Aude Paquot
Aude Paquot est une fervente adepte du metal depuis le début des années 90, lorsqu'elle était encore... très jeune. Tout a commencé avec BON JOVI, SKID ROW, PEARL JAM ou encore DEF LEPPARD, groupes largement plébiscités par ses amis de l'époque. La découverte s'est rapidement faite passion et ses goûts se sont diversifiés grâce à la presse écrite et déjà HARD FORCE, magazine auquel elle s'abonne afin de ne manquer aucune nouvelle fraîche. SLAYER, METALLICA, GUNS 'N' ROSES, SEPULTURA deviendront alors sa bande son quotidienne, à demeure dans le walkman et imprimés sur le sac d'école. Les concerts s'enchaînent puis les festivals, ses goûts évoluent et c'est sur le metal plus extrême, que se porte son dévolu vers les années 2000 pendant lesquelles elle décide de publier son propre fanzine devenu ensuite The Summoning Webzine. Intégrée à l'équipe d'HARD FORCE en 2017, elle continue donc de soutenir avec plaisir, force et fierté la scène metal en tout genre.
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