C'est vrai, mon sang n'a fait qu'un tour en ce début d'année 2019 à l'annonce de la sortie du quatrième album des Londoniens LATITUDES prévue pour le 5 avril. Voilà donc le groupe, dont le dernier méfait en date m'avait méchamment baffé, de retour aux affaires. Il n’en fallait pas plus pour redonner une seconde vie à son grand frère « Old Sunlight », ce petit trésor de créativité qui se jouait alors de toutes les étiquettes hardcore, black, progressif, post-machin chose pour accoucher d'un monstre métallique imprévisible et aérien. Une démarche artistique ambitieuse couronnée d'un succès d'estime limité, malheureusement, comme c’est souvent le cas avec ce type d’OVNI qui ne rentre dans aucun format prédéfini. Tant mieux, gardons le secret.
Enfin, il y a peu de probabilités pour que le cas de LATITUDES reste encore secret bien longtemps tant « Part Island » ouvre le champs des possibles en mode plan large. La chape de plomb metal se fissure ici pour laisser place à quelques rayons de lumière bienvenus. Moins mélancolique et moins intimiste, plus ouvert et chaleureux, voilà un disque idéal pour savourer l’arrivée du printemps alors que son prédécesseur, lui, se faisait un compagnon idéal pour les longues soirées d'automne. Prenez l'introductif "Underlie" et ses guitares acoustiques toutes en finesse rapidement rejointes par un chant clair audacieux, avant qu'une épaisse tartine de guitares tournoyantes ne vienne se greffer sur ces ambiances éthérées. Idéal pour se donner une petite idée de la direction du reste de l'album. "Moorland Is The Sea" est d'ailleurs du même acabit alors que "Dovestone" durcit le ton avec un piqué doom du meilleur effet pour ensuite laisser place à nouveau au calme... avant que la tempête ne vienne pointer le bout de son nez sur le reste du morceau. De véritables montagnes russes sur lesquelles on embarque avec délice avant de s’abandonner à "Fallowness" qui reprend ce schéma chaud/froid, garni de montées en puissance équilibrées par des parties plus posées. Le tout est contrebalancé par des riffs mastodon(te) de toute beauté qui déboulent presque cinq minutes après le début du morceau. Un terrain de jeu idéal pour "The Great Past" qui n'oublie pas de placer une intervention musclée quand la tension se relâche. Tout en nuances, "Part Island" clôt quant à lui les débats de bien belle manière avec son format XXL de plus de dix minutes qui dévoile une montée en puissance des guitares chargées de préparer l'explosion finale. Boum !
Produit de main de maître par un Chris Fielding inspiré, masterisé par un Brad Boatright dont on ne sait combien d'heures durent ses jours et ses nuits, « Part Island » est un régal. A l’image de sa pochette, superbe (quel travail minutieux de Dehn Sora !), cette nouvelle oeuvre aux contours plus progressifs est une réussite de bout en bout. Un signe de maturité pour certains, un aveu d'ouverture pour d'autres. Une évolution logique peut-on entendre au loin..
