On ne présente plus ces vétérans du thrash metal originaires de San Francisco qui avaient déboulé sur la scène internationale en 1987 avec le mythique « The Ultra-Violence » avant de fermer les rideaux au bout du troisième acte seulement en 1990. Contre toute attente, et pour le plus grand plaisir des fans, DEATH ANGEL revint du royaume de l’oubli 14 ans plus tard avec « The Art Of Dying » (2004), « Killing Season » (2008), « Relentless Retribution » (2010), « The Dream Calls For Blood » (2013) et enfin « The Evil Divide » (2016).
Quand on existe depuis si longtemps, on en voit des choses et on en engrange de l’expérience. Aussi est-il logique de s’attendre à un certain niveau de qualité. « Humanicide » qui sort cette année ne déroge pas à la règle, encore une fois enregistré par l’ineffable Jason Suecof (DEICIDE, CARNIFEX, TRIVIUM...). Sans surprise les structures des compositions de ce nouvel album, convenues mais impeccables (du rapide et excellent "I Came For Blood" au puissant "Divine Defector"), montrent une grande maturité visible à travers les breaks qui arrivent toujours à point nommé. Les soli de guitares sont à la fois soignés, techniques et très diversifiés (écoutez le duel de 6 cordes sur "Of Rats And Men"). Quant à la section rythmique, elle accomplit son job sans faiblir.
Malheureusement, quand on existe depuis si longtemps, revers de la médaille, on a également plus de mal à surprendre (le titre éponyme, pourtant énorme, y parvient à peine...) et c’est un peu le point faible de DEATH ANGEL qui a tendance à rester la tête dans le guidon sur sa ligne directrice, répétant ses gammes et ses gimmicks qu’il connaît par cœur sans dévier de sa trajectoire d’un iota, histoire de faire voler les graviers sur le bas-côté. Pire : aucune présence d’un invité de marque digne de ce nom, pas une seule reprise à l’horizon, pas de titre bonus live non plus, même pas une petite version démo ne vient égayer le déroulement du track-listing… à peine DEATH ANGEL s’autorise-t-il un clin d’œil à son fan-club ("The Pack"), 3 accords de guitare acoustique ("Aggressor") et quelques notes de piano ("Immortal Behated"). Une prise de risque de ouf' !
« Humanicide » se présente juste comme un bon gros condensé de thrash brut de décoffrage dénué du moindre artifice, conçu avant tout pour dérouiller les nuques des thrashers en mal de headbanging. L'album n'est certainement pas une opération séduction visant à augmenter la fan-base. C’est pas le genre de la maison et c’est à prendre ou à laisser !
