27 avril 2019, 10:18

IRON MAIDEN

• Please Professor Maiden, teach me! (Part 15)


 

Si nombre de formations (la plupart même) inventent leurs textes de toutes pièces, IRON MAIDEN a depuis le départ choisi la littérature, le cinéma ou encore l’Histoire comme points d’ancrage des paroles de la plupart de ses chansons. C’est ce postulat qui fait qu’aujourd’hui, vous allez pouvoir combler éventuellement quelques lacunes et, comme cela a été le cas pour moi, apprendre quelques "trucs" qui vous feront à coup sûr briller en société ! Un album à la fois, dans l’ordre chronologique de leur sortie dans la discographie du groupe.

Un grand merci à Laurence Faure et l’aide précieuse qu’elle m’a apportée à l’élaboration de cet article.
 

« The Final Frontier » (2010)

« Espace, frontière de l'infini vers lequel voyage notre vaisseau spatial. Sa mission: Explorer de nouveaux mondes étranges, découvrir de nouvelles vies, d'autres civilisations, et au mépris du danger, reculer l'impossible ». Ainsi commençait chaque épisode de la première série Star Trek que les plus vieux d’entre vous ont pu regarder à la télé avec, notamment, William Shatner dans le rôle du Capitaine Kirk et Leonard Nimoy dans celui de l’irremplaçable Dr. Spock. Les fans auraient été bien inspirés en 2010 de se remémorer ces quelques phrases au lieu de se lamenter sur le titre et ce qu’il aurait pu évoquer (le futur démontrera le contraire), à savoir la fin du groupe, du moins celle de sa carrière discographie, « the final frontier » signifiant « la frontière finale ». Ainsi, d’aucuns se sont émus d’avoir entre leurs mains le testament (« the legacy », clin d’œil…) d’IRON MAIDEN. Toujours désireux d’explorer de nouveaux territoires, de nouveaux espaces en termes de composition, le titre « The Final Frontier » est à prendre ainsi et pas autrement. Et en matière d’expérimentation, il est choisi d’utiliser une démo du guitariste Adrian Smith, entièrement programmée sur laquelle Bruce Dickinson apposera ses parties vocales, donnant ainsi naissance à l’intro "Satellite 15", première partie du morceau complet "Satellite 15… The Final Frontier". Une intro définitivement « space », révélant une nouvelle facette du talent de compositeur d’Adrian Smith, qui parallèlement, allait sortir en 2011 avec le chanteur Mikee Goodman (SikTh), un album éponyme avec le projet ponctuel PRIMAL ROCK REBELLION.


''The Alchemist''

On sait Bruce Dickinson féru d’occultisme et le film qu’il a écrit, The Chemical Wedding (cf. l’article sur l’album « Seventh Son Of A Seventh Son »), en atteste et il est donc plutôt évident que l’inspiration pour cette chanson ait été puisée dans la vie de John Dee (1527-1608 ou 1609, on ne sait plus trop avec le temps – va, tout s’en va) qui était un célèbre mathématicien, astronome, astrologue, géographe et occultiste britannique (un touche-à-tout à rapprocher de la carrière du vocaliste). Dee a consacré une grande partie de sa vie à l’étude de l’alchimie, de la divination et de l'hermétisme. Il a ouvert la voie à l’étude des sciences et de la magie au moment où l’on commençait à différencier ces deux notions. Réputé comme l’un des hommes les plus cultivés de son époque, il a donné des cours à l’université de Paris devant des salles combles alors qu’il n’était âgé que d’une vingtaine d’années. C’était un ardent défenseur des mathématiques, un astronome réputé et un expert en navigation. En effet, il a lui-même formé la plupart des hommes qui dirigèrent les expéditions des Grandes découvertes de l’Angleterre et on lui doit le terme d’Empire britannique. Dans le même temps, il s’impliqua dans la magie judéo-chrétienne et dans l'hermétisme, dédiant le dernier tiers de sa vie à l’étude exclusive de ces dernières. Pour Dee et ses contemporains, ces recherches constituaient des aspects distincts d’une vision du monde cohérente.

Voici un portrait de John Dee peint au XVIe siècle. Selon les sources, ce portrait a été réalisé alors que Dee était âgé de 67 ans. Il a appartenu à son petit-fils Rowland Dee puis plus tard à Elias Ashmole, qui en fit don à l’université d’Oxford.
 


''Isle Of Avalon''

J’ai souvent lu ici et là que ce titre était l’un des plus faibles de l’album. Question de ressenti, le considérant personnellement comme l’un des plus réussis, à l’instar de "Starblind", et que tous deux auraient largement mérité leur place dans la set-list de la tournée qui suivie. Mais je m’égare alors que je n’ai même pas commencé, revenons-en donc à nos moutons (et je ne parle pas du groupe bien sûr. Non maaaaiiiiis…). Pour ce qui nous intéresse, l’île d’Avalon est, dans la littérature arthurienne, le lieu où fut emmené le roi Arthur après sa dernière bataille à Camlann. C'est aussi, selon certaines sources, l'endroit où fut forgée l'épée d'Arthur, la célèbre Excalibur. C'est enfin l'île où vivait supposément la fée Morgane. Ce site légendaire a donné lieu à toutes sortes d'interprétations en littérature et dans le folklore. La première mention de l'île d'Avalon apparaît sous la forme latine « insula Avallonis » dans l’Historia Regum Britanniae écrite entre 1135 et 1138 par Geoffroy de Monmouth. L'auteur nous dit qu'après la bataille de Camlann où Arthur fut mortellement blessé en combattant Mordred, le fils du roi Arthur (et excellent groupe de fusion dans les années 90 au passage), le roi de Bretagne fut conduit sur cette île.

En 1155, le poète anglo-normand Robert Wace offre une adaptation de l'Historia et reprend le motif consacré par Geoffroy de Monmouth :

« en Avalon se fist porter Por ses plaies mediciner »
« fut transporté sur l’Île d’Avalon afin de soigner ses plaies »

La dormition d'Arthur à Avalon par le peintre Edward Burne-Jones (« dormition » étant un terme utilisé dans le vocabulaire chrétien pour désigner la mort des saints et des pieux fidèles quand ce n'est pas une mort violente).
 


''When The Wild Wind Blows''

Ce long et épique morceau, 12 minutes au compteur, s’inspire vaguement de Quand souffle le vent (En VO, When the Wind Blows),  un long métrage d'animation britannique réalisé par Jimmy T. Murakami sorti en 1986 et également une bande dessinée du même nom publiée par le dessinateur anglais Raymond Briggs en 1982 et dont l’action se situe en Grande-Bretagne au XXè siècle où un couple de personnes âgées se retrouve confronté à une guerre nucléaire et à ses suites. Avec ce titre se forme un triptyque si l’on pense à "2 Minutes To Midnight" et "Brighter Than A Thousand Suns", deux chansons traitant du péril, non pas jeune, mais nucléaire.

La menace nucléaire vient d’ailleurs tristement s’inviter dans l’histoire de cet album, et plus encore celle de la tournée engagée, car le groupe a dû annuler les dates prévues au Japon en 2011 lors de l’incident à la centrale nucléaire de Fukushima causé par un séisme ayant provoqué un tsunami dévastateur et meurtrier. Le groupe a appris la nouvelle alors qu’il était à bord de son avion privé, Ed Force One (piloté par Bruce pour rappel), et qu’ils durent alors être détournés, ne pouvant se poser à l’aéroport prévu pour d’évidentes raisons. Le groupe a par la suite édité un t-shirt pour lequel le produit des ventes a été reversé à des associations locales pour aider la population. Dans le terme rocker, il y a cœur.

Voici enfin la bande-annonce du métrage d’animation et ci-dessous, une planche de la bande dessinée où l’on aperçoit Winston Churchill, un personnage que connaissent bien les fans d’IRON MAIDEN, ne serait-ce que dans l’utilisation que le groupe a fait de l’un de ses discours, le "Churchill’s Speech", en préambule du morceau "Aces High" lorsqu’il est joué en tournée et notamment comme titre d’ouverture en 1984-85 lors du « World Slavery Tour », en 1999 sur le « Ed Huntour », en 2008-09 pour « Somewhere Back In Time » et enfin en 2018 (2019 peut être, les prochains concerts le diront mais c’est quasiment sûr) avec « Legacy Of The Beast  World Tour ». Voilà, vous savez (presque) tout.
 


 


 


Un album contenant la bande-son du film a été édité, où l’on retrouve quelques grands noms du rock (c’est le moins qu’on puisse dire), tels que David Bowie qui interprète le morceau-titre (à retrouver ci-dessous), Roger Waters (PINK FLOYD) et Phil Collins (GENESIS).
 


 


Et pour clore ce quinzième chapitre, pas de vidéo officielle d’un titre de l’album mais la version live du morceau ''When The Wild Wind Blows'', extraite du DVD « En Vivo ! » paru en 2012 et contenant le concert donné par MAIDEN à Santiago au Chili le 10 avril 2011 dans une ambiance, comment dire, typiquement sud-américaine donc…  “MUY LOCO! Arriba! Arriba!” 
 


« Iron Maiden » (1980)
« Killers » (1981)
« The Number Of The Beast » (1982)
« Piece Of Mind » (1983)
« Powerslave » (1984)
« Somewhere In Time » (1986)
« Seventh Son Of A Seventh Son » (1988)
« No Prayer For The Dying » (1990)
« Fear Of The Dark » (1992)
« The X Factor » (1995)
« Virtual XI » (1998)
« Brave New World » (2000)
« Dance Of Death » (2003)
« A Matter Of Life And Death » (2006)

 

Photos – Source : Wikipedia Creative Commons

Blogger : Jérôme Sérignac
Au sujet de l'auteur
Jérôme Sérignac
D’IRON MAIDEN (Up The Irons!) à CARCASS, de KING’S X à SLAYER, de LIVING COLOUR à MAYHEM, c’est simple, il n’est pas une chapelle du metal qu'il ne visite, sans compter sur son amour immodéré pour la musique au sens le plus large possible, englobant à 360° la (quasi) totalité des styles existants. Ainsi, il n’est pas rare qu’il pose aussi sur sa platine un disque de THE DOORS, d' ISRAEL VIBRATION, de NTM, de James BROWN, un vieux Jean-Michel JARRE, Elvis PRESLEY, THE EASYBEATS, les SEX PISTOLS, Hubert-Félix THIÉFAINE ou SUPERTRAMP, de WAGNER avec tous les groupes metal susnommés et ce, de la façon la plus aléatoire possible. Il rejoint l’équipe en février 2016, ce qui lui a permis depuis de coucher par écrit ses impressions, son ressenti, bref d’exprimer tout le bien (ou le mal parfois) qu’il éprouve au fil des écoutes d'albums et des concerts qu’il chronique pour HARD FORCE.
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