HEILUNG, pour ceux qui ne le connaissent pas encore, est un groupe de pagan-folk. Il regroupe des membres allemands, norvégiens et danois autour d'un concept de musique proto-historique et viking. Après un premier album, « Ofnir », très guerrier et masculin, HEILUNG revient avec un pendant plus féminin et magique. Et la magie ne fait qu'opérer tant l'ensemble des titres permet un voyage poétique et spirituel.
Avec 9 titres rythmés par toutes sortes de percussions, des cornes, et surtout sublimés par les voix des membres, c'est presque 1h15 de représentation chamanique. La voix féminine de Maria Franz est éthérique là ou les growls de Kai Uwe Faust rappellent les chants harmoniques tibétains et les chuchotements de Christopher Juul font souffler un vent de mystère saisissant. Des effets sonores ancrent l'ambiance dans une nature hostile. Des titres comme "Othan" ou "Traust" sont de véritables moments de relaxation, avec des passages non sans rappeler Björk, très accessibles et fédérateurs. Au contraire, "Svanrand" ou "Galgaldr" sont plus guerriers et agressifs. Le poétique "Vapnatak" est récité sur un fond sonore presque angoissant à l'instar d'"Elivagar" pendant lequel on ressent la présence d'un chamane possédé.
Les deux derniers morceaux de l'album montent quant à eux en puissance, comme pour pousser l'auditeur dans ses retranchements au rythme de tambours puissants et de plus en plus rapides. La fin de la transe est éprouvante mais intimement bienfaisante.
« Futha » raconte indubitablement toute une Histoire à travers différentes sortes d'invocations. L'ensemble offre un tableau rupestre grandement inspiré. Rien n'est laissé au hasard : le fond comme la forme contribuent à une atmosphère animiste profondément fouillée. HEILUNG réussit à s'imposer dans un style en vogue en restant authentique. Quelle belle prouesse !