31 juillet 2019, 17:12

SOUNDGARDEN

• "Live From The Artists Den"

Album : Live From The Artists Den

Depuis le 18 mai 2017, jour du décès de Chris Cornell, nous avons pris conscience que nous n'aurions plus jamais l’occasion de voir SOUNDGARDEN sur scène. En dépit de notre amour pour ce groupe depuis ses débuts, certains d'entre nous n'ont jamais eu cette possibilité auparavant, faute de moyens financiers ou à cause d’obligations professionnelles. Las, les choses sont comme elles sont et l’on ne refait pas le passé. Si à un moment donné, on rate le coche, à quoi bon se tourmenter de regrets ? Dans le cas de la musique et des artistes que nous aimons, leur travail reste la plus belle preuve de leur passage en ce monde.

En forme de requiem, « Live From The Artists Den » de SOUNDGARDEN est le témoignage du talent de ce groupe hors-normes qui a été le premier à créer le son de Seattle, bien avant NIRVANA, PEARL JAM, ALICE IN CHAINS, MUDHONEY et tous les autres. Un témoignage imparfait certes, la voix de Chris Cornell n’étant pas au sommet de sa forme sur certains titres, mais un témoignage émouvant tout de même. Enregistré lors d’un concert de charité le 17 février 2013 à Los Angeles au Wiltern Theater, il s’agit certainement du plus touchant des albums live du groupe.

Se présentant sous la forme d’un double CD et d’une vidéo, uniquement disponible en format Blu-Ray, ce ne sont pas moins de 29 chansons (ou devrais-je dire best-of compte tenu des tubes accumulés par SOUNDGARDEN au fil des ans?) issues de la riche discographie du groupe qui nous sont offertes, soit presque deux heures et demi de musique. Le démarrage se fait en douceur avec le lancinant et pachydermique "Incessant Mace" tiré du premier album du groupe « Ultra Mega OK », mais ensuite, le rythme s’accélère sensiblement avec "My Wave", "Been Away For Too Long", "Worse Dreams", "Jesus Christ Pose". A noter d’ailleurs que les neuf titres de son dernier album « King Animal » sont magistralement interprétés au détriment de certains plus anciens qui sont parfois limite méconnaissables tels "Jesus Christ Pose", "4th Of July", "Fell On Black Days", tant la voix de Chris a beaucoup de mal à monter dans les aigus. Mais qu’importe les quelques faussetés car l’énergie est là, le frontman est très en forme, échangeant et plaisantant avec le public à de maintes reprises.

 Les trois autres musiciens (Matt Cameron à la batterie et aux chœurs, Kim Thayil à la guitare et Ben Shepherd à la basse et aux chœurs) sont eux bien en place. Les rythmes se font groovy ou pesants suivant les titres, les guitares sont noisy à souhait ("Hunted Down" issu du premier EP du groupe « Screaming Life »), orientalisantes comme sur la sublime "Taree", heavy avec "Burden In My Hand", "Blood On The Valley Floor" ou encore "Outshined", superbement reprise en chœur par le public, mais aussi punk comme avec les speedées "Ty Cobb", "Rusty Cage" et "Drawing Flies". À cela s’ajoute "Blind Dogs", un titre inédit écrit par SOUNDGARDEN pour un film de 1995, The Basketball Diaries (avec Leonardo Di Caprio et Mark Wahlberg) et jamais interprété live auparavant. "New Damage" tiré de « Badmotorfinger » est également réinterprété live après plus de 10 ans. Aucun album n’est oublié, le groupe nous offre des chansons issues de toutes les périodes, même si l’accent est mis sur le dernier CD « King Animal ». Le panel est large et jamais le concert ne devient lassant grâce à d’habiles changements de rythme tout au long de la set-list.

On passe par toutes les émotions possibles à l’écoute de ce live : de la tendresse avec "Bones Of Birds", du spleen avec "Rowing", l’un des meilleurs morceaux de « King Animal » ainsi que "Black Saturday", de la révolte avec "Ty Cobb" et "Outshined", de l’humour avec l’intro que fait Chris Cornell de "Drawing Flies". Bien évidemment, le tube interplanétaire qu’est "Black Hole Sun" est aussi de la partie, mais n’est pas, à mon sens, le point fort du concert. Les interprétations de "Taree", "Blow Up The Outside World" ou "Outshined" sont bien plus émouvantes.

On perçoit l’esprit torturé du chanteur à travers ses interprétations, et son regard parfois désabusé, parfois ironique sur ce monde. On perçoit sa détresse aussi. Et on ne peut s’empêcher de penser que c’est un beau gâchis d’avoir perdu un artiste avec cet immense talent, celui de nous toucher le cœur et l’âme si profondément. « Live From The Artists Den » est à posséder impérativement par tous les fans de SOUNDGARDEN bien évidemment, mais aussi par tous les amateurs de musique rock au sens large.
Au fil des ans, le groupe a su faire évoluer son œuvre, touchant à tous les styles, avec la même passion et la même intensité, guidé par la voix de leur charismatique chanteur qui nous a quittés bien trop tôt. Reste l’œuvre. Et elle est inestimable. Merci Monsieur Chris Cornell pour tout ce que vous nous avez donné, pour avoir éclaboussé nos vies de votre talent.

Blogger : Sly Escapist
Au sujet de l'auteur
Sly Escapist
Sly Escapist est comme les chats : elle a neuf vies. Malgré le fait d’avoir été élevée dans un milieu très éloigné du monde artistique, elle a réussi à se forger sa propre culture, entre pop, metal et théâtre. Effectivement, ses études littéraires l’ont poussée à s’investir pendant 13 ans dans l’apprentissage du métier de comédienne, alors qu’en parallèle, elle développait ses connaissances musicales avec des groupes tels que METALLICA, ALICE IN CHAINS, SCORPIONS, SOUNDGARDEN, PEARL JAM, FAITH NO MORE, SUICIDAL TENDENCIES, GUNS N’ROSES, CRADLE OF FILTH, et plus récemment, NIGHTWISH, TREMONTI, STONE SOUR, TRIVIUM, KILLSWITCH ENGAGE, ALTER BRIDGE, PARKWAY DRIVE, LEPROUS, SOEN, et tant d’autres. Forcée d’abandonner son métier de comédienne pour des activités plus «rentables», elle devient tour à tour vendeuse, pâtissière, responsable d’accueil, vendeuse-livreuse puis assistante commerciale. Début 2016, elle a l’opportunité de rejoindre l’équipe de HARD FORCE, lui permettant enfin de relier ses deux passions : l’amour des notes et celui des mots. Insatiable curieuse, elle ne cesse d’élargir ses connaissances musicales, s’intéressant à toutes sortes de styles différents, du metalcore au metal moderne, en passant par le metal symphonique, le rock, le disco-rock, le thrash et le prog. Le seul maître-mot qui compte pour elle étant l’émotion, elle considère que la musique n’a pas de barrière.
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1 commentaire

User
Franck Guillemot
le 30 août 2019 à 11:40
Entièrement d'accord avec cette chronique, superbe disque, superbe voix, superbe groupe. A noter, j'ai pu écouter une reprise de la fille de Chris Cornell sur "nothing compare" de Sinhead o connor, on peut entendre son père derrière, très émouvant... Allez je me remets Badmotorfinger.
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