On poursuit les souvenirs d'été, lors de l'enfance et de l'adolescence, associés à la musique... et parfois pas toujours drôles. Il y a certains coups durs dans la vie qui vous tombent dessus, que vous n'avez pas vus venir et pour simplifier, je dirai que c'est l'un de ceux-là qui vient bousiller le bel été de mes 18 ans. Rentré en simple consultation le matin du 6 juillet 1984 au service neurologique de la Pitié-Salpétrière, me voici hospitalisé en moins d'une heure, sans diagnostic très précis et pour une durée indéterminée. Passons les détails, l'angoisse après l'incompréhension, il faut se rendre à l'évidence : les instants vont être difficiles.
La musique a été, en dehors d'un chirurgien remarquable qui m'a clairement sauvé et l'attention omniprésente de mon entourage, l'un des éléments primordiaux pour affronter psychologiquement plusieurs mois d'hospitalisation, des hauts, des bas et la convalescence de la meilleure manière.
Le premier fait marquant, c'est une négociation paternelle avec le service pour me permettre de sortir le soir du 8 juillet, en dehors des horaires autorisés et malgré mon état de santé, d'assister au concert de Yes (période "90125") à Bercy, et de rentrer en nocturne avec la complicité du personnel soignant, dans un bâtiment logiquement fermé.
A ce moment-là, personnellement, tous les moyens sont bons pour nier la gravité de la situation.
Le second traitement, tout au long de ces mois alité, c'est le pouvoir de la radio et notamment des émissions sur les grandes ondes et la bande FM. Des programmes déjà enregistrés sur des cassettes et des émissions en direct.
A Paris, avec Radio 7, RFM - celle des tout débuts, totalement formatée US - et les week-ends sur RTL, la France de 1984 est beaucoup plus rock qu'on a pu le prétendre ensuite.
Merci à ces animateurs, à ces programmations musicales qui m'ont permis de tenir, par le seul pouvoir d'évasion et d'évocation de la radio. J'en profite pour tirer mon chapeau à celles et ceux qui ont la vocation de consacrer leur vie aux malades, j'ai rencontré des gens exceptionnels.
Et une pensée évidemment pour tous ceux qui sont hospitalisés cet été.
"Music heals the soul"... et peut-être aussi un peu le body.