Le seul nom de SLIPKNOT évoque plusieurs éléments : une musique brutale, des textes sombres et tourmentés et une image glauque. Il nous tardait donc de savoir si, avec ce nouvel album, la règle de 3 était respectée. En tant que successeur de « .5: The Gray Chapter » qui faisait déjà la part belle à un dégoût certain du monde, « We Are Not Your Kind » prolonge la volonté des Américains de montrer toute leur défiance à l'égard de leur environnement.
Mais voyons si SLIPKNOT respecte le pacte de sang signé avec ses fans depuis 20 ans.
L'imagerie tout d'abord : comme à l'accoutumée, les membres ont changé de visage, ou plutôt, ont fait évoluer leur apparence et principalement leurs masques. A la publication des premières images de presse, les débats étaient presque aussi animés à ce sujet que sur la musique à venir. Une constante depuis ses débuts : que ce soit votre genre ou non, on peut dire qu'à priori, on ne préférerait pas les croiser dans la rue en pleine nuit (le jour non plus, d'ailleurs !).
Image glauque : check.
Les thèmes abordés ? On baigne à nouveau clairement dans la misanthropie, l'agoraphobie, le nihilisme, mais aussi une certaine critique de la société américaine et surtout de la politique actuelle, avec des chansons clairement engagées comme "Birth Of The Cruel". Rien de bien réjouissant à l'horizon dans les yeux de SLIPKNOT.
Textes sombres : check.
La musique, à présent. Check indiscutable dès la première écoute.
« We Are Not Your Kind » est un album puissant qui percute et ravage tout sur son passage.
Bon, déjà, SLIPKNOT, ce sont toujours 9 musiciens incontrôlables, donc immanquablement de la contenance, de la consistance, de la brutalité à l'état pur.
Mais l'album ne s'arrête pas à cette observation basique et c'est là l'une des révélations de ce disque. En effet, il est particulièrement avant-gardiste dans la façon dont le groupe véhicule son agressivité. Après une intro expérimentale (terme qui reviendra souvent à l'esprit à l'écoute de l'album) aux percussions et claviers, "Unsainted" commence en douceur avec une chorale et la voix claire de Corey Taylor pour envoyer ensuite du grand SLIPKNOT, en moins de soixante secondes. Le refrain mélodique, qui s'incruste en tête, contraste avec la rythmique du reste de la chanson. Et ce modèle se reproduira plus ou moins pendant presque une heure que dure « We Are Not Your Kind ». "Birth Of The Cruel" dénonce avec poigne la société américaine dans un style SLIPKNOT originel, là où "Liar's Funeral" réclame toute la vérité sur le monde au son acoustique d'une ballade, une somptuosité à laquelle Jim Root, très impliqué dans la composition, n'est pas étranger. Toute l'étendue du répertoire d'un groupe qui sait évoluer tout en restant fidèle au style qu'il a lui-même défini est exposé brillamment ici. Une mention spéciale pour "Spiders" aux effets sonores et samples inquiétants qui nous plonge dans une cinématique d'horreur et de suspense, mais aussi pour le très brut "Critical Darling" au rythme martelé puissant, à l'instar de "Red Flag", agressif et sans compromis. Il y a un temps pour tout, amis de la finesse, bonsoir !
« We Are Not Your Kind » est définitivement un album abouti, contrasté, et qui place la barre très haut. En plus de réunir tous les critères attendus, les musiciens de SLIPKNOT montrent à nouveau au monde qu'ils exècrent toute la haine qui les anime, avec force et ferveur. Et en rythme martial s'il vous plaît !
They are our kind, for sure.