Dans la famille du black metal breton, je voudrais le Père : bonne pioche ! Voici BELENOS, un des pionniers du genre. Cela fait 23 ans que le groupe mené de main de fer par Loïc Cellier fait figure de patriarche au talent unanimement reconnu. Et avec « Argoat » et ses 9 titres de pagan black, c'est toute une culture qui est à nouveau brillamment mise en avant.
Album chanté entièrement en breton, il traite des légendes de la Bretagne côté terre et forêts en y associant le bestiaire et les Dieux celtiques. « Argoat » est un véritable plaidoyer pour un pagus enchanteur et une spiritualité atavique. Et ce dévouement se mesure avec toute l'énergie qui est mise dans les titres. Là où le précédent « Kornôg » jouait sur un aspect plus progressif avec des instruments folk et des atmosphères mélancoliques, ce nouvel élément de la discographie de BELENOS revient à des sonorités plus brutes et une approche plus frontale. En effet, les rythmes des chansons sont guerriers et rapides et les guitares sont acérées. Mais au chant black et au modèle épique se greffe une atmosphère très pagan typique du groupe.
Les morceaux sont ponctués de mélodies sombres et de chants clairs masculins, ce qui leur confère une réelle puissance et un ancrage encore plus spirituel. Les passages mid-tempo sont un véritable appel à la contemplation voire à l'introspection.
Ecouter BELENOS est autant un plaisir qu'un voyage et il semble que chaque morceau révèle des secrets insoupçonnés sur le monde celtique. Que ce soit l'intro presque chamanique de "Dishualder" ou le break dissonant de "Steuziadur", chaque moment pousse l'auditeur à plonger dans un monde à la fois sombre et intrigant. Ce qui fait la force de BELENOS, c'est également une production soignée qui permet une mise en avant de tous les instruments selon la puissance voulue dans les différentes chansons.
Rien n'est laissé au hasard, des paroles à l'artwork de la pochette, de la musique aux ambiances, Loïc Cellier montre à nouveau grâce à « Argoat » toute son habileté d'artiste polyvalent talentueux. A noter, la reprise du thème de la série Amicalement vôtre en breton avec le titre "Arvestal" qui clôt l'album sur une note originale...épiquement vôtre !
Avec son quart de siècle d'existence, BELENOS continue à s'imposer comme un leader respecté de la scène pagan black. Avec « Argoat », nul doute que sa présence dans le paysage sera de nouveau entérinée tant l'album est riche et intense. La Bretagne a du talent.