Le nom de MORTEM n'évoque peut-être pas grand chose en vous. Vous vous dites sûrement qu'il s'agit d'une nouvelle formation black metal qui semble pas mal. Pourtant, il s'agit d'un des groupes qui ont œuvré aux sources du black metal norvégien. Et on parle bien ici de la première vague des années 90. Alors vous vous demandez comment il est possible d'être passé à côté d'une telle icône du genre ? Et que donne MORTEM 30 ans après sa formation initiale ? Il était une fois...
...Une époque lointaine où BURZUM côtoyait MAYHEM aux côtés de DARKTHRONE, où THORNS s'appelait STIGMA DIABOLICUM et où ARCTURUS évoquait plus une étoile qu'un projet musical avant-gardiste. Nous parlons donc de 1987, date à laquelle Marius Vold (STIGMA DIABOLICUM, THORNS, ARCTURUS ) et Steinar Sverd Johnsen (ARCTURUS, COVENANT, SATYRICON...) décide de former MORTEM, le jeune outsider des forêts sombres de Norvège. Ils enregistrent alors leur démo « Slow Death » en 1989, produite par Sieur Euronymous lui-même et dont la pochette fut dessinée par feu Dead, de MAYHEM tous deux. Les géants ARCTURUS et THORNS ne laissant que peu de place pour le pourtant excellent MORTEM, le groupe restera dans l'ombre jusqu'à aujourd'hui. Cette fois, le duo initial s'est étoffé de pointures du black metal avec les talentueux et renommés Hellhammer (MAYHEM, COVENANT, ARCTURUS …) à la batterie et Tor R. Stavenes (1349, SVART LOTUS, DEN SAAKALDTE...) à la basse. Une vraie machine de guerre prête à tout dévaster sur son passage. Que les amateurs d'horreur, de true black, de BATHORY et d'ARCTURUS se réjouissent : MORTEM allie la qualité old-school à un son totalement unique.
« Ravnsvart », c'est donc 8 titres pour environ 45 minutes d'un black metal sinistre, lourd, agressif mais aussi totalement effervescent. On passe sans crier gare de moments true black blastés et bruts à des ambiances instrumentales théâtrales. On y découvre des claviers grandiloquents, symphoniques mais toujours en soutien de riffs puissants. Ils sont l'enveloppe mystérieuse de la musique là où les guitares sont un noyau indestructible mais destructeur. Les vocaux sont profonds et graves, gutturaux à souhait. Les passages parlés sont effrayants, diaboliques. L'ensemble de l’œuvre est un véritable plaidoyer pour le black metal tel que beaucoup auraient aimé voir persister. La production est limpide et moderne, rendant le son de MORTEM unique en son genre. De l'alpha "Ravnsvart" quasi militaire, rapide, lourd et à la basse omniprésente, à l'omega "The Core" plus nuancé et lent, en passant par "Truly Damned" hyper atmosphérique voire mélodique, « Ravnsvart » ne présente aucun défaut de fabrication. On est en présence de musiciens aussi talentueux que passionnés qui font vivre l'âme d'un black metal intimement ressenti. Il est évident que MORTEM figure parmi les géants du black metal norvégien.
Il aura fallu 30 ans pour que le Petit Poucet MORTEM finisse par trouver son chemin hors des tumultueuses forêts scandinaves. Il a grandi, mûri et maintenant à découvert, il a clairement plus le sourire du Grand Méchant Loup que le dentier de la Mère Grand. Le conte « Ravnsvart » vous fera pâlir de plaisir.