Outre-Atlantique, le début des années 2010 a proclamé l'explosion du label Sumerian Records qui a inondé les quatre coins du globe de formations très techniques, portées sur un death moderne, saccadé et débridé. Du deathcore donc mais pas celui qui, trop porté sur les breaks et growls de porcins, pouvait irriter en moins de temps qu'il n'e fallait pour le dire. Parmi cette meute de jeunes formations aux dents longues, quelques-unes d'entre elles sont rapidement sorties du lot par leurs aptitudes à marier le fond et la forme avec un doigté digne des plus grands : VEIL OF MAYA et BORN OF OSIRIS. C'est sur ce dernier et notamment l'incroyable album « The Discovery » que mon attention s'est portée à l'époque : une production en béton armée, des claviers qui nappaient avec élégance une section rythmique de haute volée en ont fait un album qui n'a pas pris une ride au fil des ans. Une claque administrée dans les règles de l'art, voilà tout.
Et c'est immanquablement en cette direction que le premier album de ce jeune groupe bordelais pointe le bout du manche. Certes, Il y a pire comme référence mais il serait trop simple de réduire EMPYREAL VAULT à un simple ersatz sans saveur du gang de Chicago. Tout d'abord le groupe partage deux de ses membres les plus vigoureux avec EXOCRINE, autre fleuron du genre qui a déjà fait ses preuves. La filiation est donc sans appel et l'expérience accumulée par ce dernier sur trois albums dont un petit dernier de très haute volée (« Molten Giant ») chroniqué par le vilain Crapulax dans ces pages) saute aux oreilles. C'est propre, précis et sans bavures. Ensuite le chant growlé, puissant et profond, le rapproche immanquablement de l'école brutal death américaine qui (a) fait les beaux jours du label Unique Leader. Quant à sa production, celle-ci est à saluer par son côté naturel, équilibré, à l'exact opposé des standards "plastique" qui font fureur chez nombre de ses contemporains. Enfin le groupe ne surjoue pas dans la technicité, lui préférant des atmosphères du meilleur effet qui se marient à merveille à une section rythmique malicieuse.
Le résultat est là : cette grosse demie-heure que dure « Empyreal Vault » passe comme une lettre à la poste et pose de solides bases pour la suite de l'aventure. Quelques mélodies judicieuses ("Nameless and Evil", "Forgotten Titan") et claviers discrets parsemés ci et là avec justesse rendent ce premier jet convaincant, Great Dane a décidément le nez creux pour sortir de l'ombre certains secrets underground jusque-là bien gardés. De la belle ouvrage !