11 octobre 2019, 21:14

METALLICA

• "S&M²" (Report)


Jeudi 10 octobre, 20h. Les fans de METALLICA étaient au courant depuis un moment et s’étaient réunis aux quatre coins de la France pour assister à la séance unique du film-concert « S&M² », transposition sur grand écran (et bientôt sur les plus petits) des concerts que le groupe a donné les 6 et 8 septembre derniers en compagnie de l’Orchestre Symphonique de San Francisco dans le nouveau complexe Chase Center de leur ville d’adoption et de cœur, leur ancien bassiste Cliff Burton en étant originaire. Pourquoi « S&M² » ? Pour ceux qui prendraient le train en marche, deux concerts du même genre – j’allais dire similaires mais vous allez voir qu’il n’en est presque rien –, ont eu lieu en 1999 avec le même orchestre dirigé cependant à l’époque par Michael Kamen et qui a été gravé sur disque et sur bandes vidéo sur l’album « S&M ».  

Après une introduction de cinq minutes qui évoque leur fondation All Within My Hands avec photos, témoignages et chiffres à la clé, démarre enfin le concert préalablement introduit par les quatre membres. Ambiance moins débridée que pour n’importe quelle date en salle ou stade du groupe (un fan a même poussé l’affaire – pour rire – jusqu’à mettre un smoking, des gants blancs et regarde le concert avec des jumelles de théâtre), METALLICA débarque sur son 31 au milieu de la scène centrale cernée par l’Orchestre Symphonique de San Francisco dirigé ce soir par le chef d’orchestre Michael Tilson Thomas.

Séparé en deux parties distinctes, le concert débute, comme en 1999, par une version orchestrale du thème du film Le Bon, La Brute et le Truand, “The Ecstasy Of Gold”, couplée au fulgurant ''The Call Of Ktulu''. La première partie de ce concert est assez conventionnelle, bien qu’elle revisite des morceaux récents, dont trois de l’album « Hardwired…  To Self-Destruct » (''Confusion'', ''Moth Into Flame'' et ''Halo On Fire''). Au passage, on prend une gifle intersidérale (faut du superlatif, c’est obligé, là !) avec ''The Outlaw Torn'' qui donne le tournis et laisse hagard. L’inédit ''No Leaf Clover'' retrouve aussi sa place, même si l’on aurait préféré une autre vraie surprise. Ne chipotons pas tout de même. Le groupe est affûté, précis, appliqué et concentré et il sait qu’il n’a pas le droit à l’erreur en compagnie de tels musiciens. La réciproque est de mise et l’ensemble de l’Orchestre Symphonique impose le respect en suivant au cordeau les morceaux souvent (très) rapides du quartet (à ce titre, ''Master Of Puppets'' les verra transpirer en fin de concert).

Après un court entracte, l’Orchestre Symphonique interprète seul le morceau classique de Prokofiev, ''Suite Scythe, Opus 20, Second Mouvement'', qui sied à merveille au reste du concert tant il dégage des accents de furie. METALLICA les rejoint pour interpréter en leur compagnie ''Iron Foundry'', morceau du compositeur russe Alexander Mosolov, qui signifie "les fonderies d’acier". Plutôt parlant, non ? Le résultat est plus que prometteur, époustouflant de tribalité et l’on voit que les Four Horsemen sont fiers d’accompagner l’Orchestre alors que le thème de la soirée est justement l’inverse. Autre moment fort de cette prestation, “The Unforgiven III”, joué par l’Orchestre uniquement avec un James dépouillé de sa guitare, mis à nu et dans des instants de fragilité extrême. On se souviendra que le chanteur avait choisi au début de la carrière du groupe de prendre une guitare pour se "cacher derrière" et que les 6 et 8 septembre étaient également ses derniers concerts avant l’annonce du report de leur tournée en raison de son entrée en cure de désintoxication. Mis ensemble, ces éléments émeuvent et bien que le rendu ne soit pas transcendant, l’émotion qui s’en dégage est palpable et en font un moment à part. Bravo à James pour son courage.

Un petit moment acoustique avant de rebrancher les guitares électriques lorsque Avi Vinocur (qui apparaissait déjà en 2018 lors du concert acoustique à San Francisco, chroniqué ici) s’occupe des chœurs pour le seul rescapé de « St. Anger », "All Within My Hands". Scott Pingel, le bassiste principal de l’Orchestre, grand fan de METALLICA, va ensuite briller de mille feux et rappeler au public que Cliff Burton était un compositeur hors pair en revisitant (et de quelle façon !) le mythiqu "Anesthesia (Pulling Teeth)" et en entier s’il vous plaît, Lars Ulrich venant jouer sa partie. L’accolade qu’il lui donne d’ailleurs à la fin du morceau et les mots qu’il lui souffle à l’oreille sont sans nul doute la preuve de son immense respect et pour lui signifier que Cliff aurait été sans nul doute ému et fier de voir un musicien classique interpréter son solo, lui qui était féru de ce style. Point de bande préenregistrée à cet instant mais un vrai sitar pour Kirk Hammett sur l’intro de "Wherever I May Roam" avant qu’une dernière salve ne soit tirée, pulvérisant le public, faisant transpirer les musiciens classiques et que le désormais intemporel "Enter Sandman" ne referme cette soirée exceptionnelle à tous points de vue.

En termes de comparaison, nous avons eu onze titres similaires à l’édition 1999 (impossible de faire l’impasse sur les classiques, mais qui ont tout de même été réorchestrés une seconde fois) et quel plaisir de revoir les musiciens de METALLICA en aussi grande forme, mis au pied du mur avec un challenge qu’eux seuls pouvaient relever (qui d’autre ?) et qui remportent le trophée haut la main. Une soirée d’avant-première donc, l’album live étant prévu en février 2020, comme furtivement annoncé à la toute fin du générique, qui aura tenu ses promesses et remplit sa mission : nous étonner, nous faire vibrer pendant près de 2h30 et nous rappeler la toute-puissance de METALLICA, quoi que certains en disent de nos jours. « OH YEAH?! »

Blogger : Jérôme Sérignac
Au sujet de l'auteur
Jérôme Sérignac
D’IRON MAIDEN (Up The Irons!) à CARCASS, de KING’S X à SLAYER, de LIVING COLOUR à MAYHEM, c’est simple, il n’est pas une chapelle du metal qu'il ne visite, sans compter sur son amour immodéré pour la musique au sens le plus large possible, englobant à 360° la (quasi) totalité des styles existants. Ainsi, il n’est pas rare qu’il pose aussi sur sa platine un disque de THE DOORS, d' ISRAEL VIBRATION, de NTM, de James BROWN, un vieux Jean-Michel JARRE, Elvis PRESLEY, THE EASYBEATS, les SEX PISTOLS, Hubert-Félix THIÉFAINE ou SUPERTRAMP, de WAGNER avec tous les groupes metal susnommés et ce, de la façon la plus aléatoire possible. Il rejoint l’équipe en février 2016, ce qui lui a permis depuis de coucher par écrit ses impressions, son ressenti, bref d’exprimer tout le bien (ou le mal parfois) qu’il éprouve au fil des écoutes d'albums et des concerts qu’il chronique pour HARD FORCE.
Ses autres publications
Cookies et autres traceurs

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de Cookies ou autres traceurs pour mémoriser vos recherches ou pour réaliser des statistiques de visites.
En savoir plus sur les cookies : mentions légales

OK