Ecouter un nouvel album de MAYHEM, c'est un peu comme jeter de l'alcool à brûler sur les braises d'un barbecue : diablement efficace mais avec un risque élevé de brûlure. A une différence près, c'est qu'avec MAYHEM, c'est tout entier que l'on se retrouve plongé dans les flammes de l'enfer. Ce n'est pas 30 ans d'une carrière plus que sulfureuse qui vont faire faiblir les Norvégiens. Et même si « Daemon » n'est finalement que le 6e album des true black metalleux, il n'en reste pas moins tranchant, brut et explosif. Une partie de « Daemon » a été enregistrée dans une ancienne église alors point de vue symbolisme, il se pose là. Bénéficiant en plus de la grosse cavalerie niveau production, ce nouvel album ne pouvait que présager d'une efficacité redoutable.
Dès les premières notes de "The Dying False King", on ressent toute l'agressivité malsaine du groupe avec les mi-hurlements, mi-incantations d'Attila, des guitares oppressantes et une basse omniprésente qui donne de la lourdeur et de l'épaisseur à une atmosphère des plus lugubres. Hellhammer martèle ses fûts comme jamais et sans parler d'un réel retour aux sources, on peut sentir que MAYHEM renoue avec ses bases quelques peu délaissées ses derniers opus. Pour autant, les 12 titres de « Daemon » ne se contentent pas de revenir sur les acquis fondateurs et maîtrisés. MAYHEM innove à chaque fois.
Prenons par exemple le titre "Malum" et son approche très black'n'roll et aux breaks alambiqués. Les riffs de guitares sont tortueux, répétitifs et la basse de Necrobutcher d'une rare intensité. Les growls d'Attila se changent en voix d'opéra sinistre pour donner au titre un ton cérémonieux macabre.
Ou encore "Daemon Spawn" et sa structure mid-tempo lourde avec de multiples changements de rythmes et ses guitares dissonantes. Les cris terrifiants d'Attila confèrent encore un peu plus de morbidité à l'ensemble. Et ces growls / cris / grommellements sur "Falsified And Hated" ! Il n'y a que MAYHEM pour distiller un tel sentiment d'horreur méphitique et moribonde.
Même le plus classique titre bonus "Everlasting Dying Flame" et sa basse exacerbée rend compte de la créativité sans limite du groupe.
L'artwork des pochettes de MAYHEM est toujours lugubre mais quand on sait que celui de « Daemon » a servi d'inspiration pour l'écriture des paroles des chansons, on ne s'étonne plus de la violence brute qu'elles transcendent.
Bref, MAYHEM réussit à nouveau le pari de sortir un album efficace, sans concessions et qui parviendra à fédérer ses anciens adeptes comme les néophytes qui pourraient venir se frotter à l'icône du true black metal.