16 décembre 2019, 20:54

BLOOD INCANTATION

• "Hidden History Of The Human Race"

Blogger : Clément
par Clément
Album : Hidden History Of The Human Race

La quatuor du Colorado BLOOD INCANTATION est un véritable OVNI au sein de la scène death metal. Son histoire en est un bon exemple : une poignée de titres à rallonge distillés sur quelques démos, un premier album énorme sorti en 2016 chez Dark Descent et une signature cette année chez Century Media qui déboule sur ce deuxième album à la pochette intrigante (signée par l’artiste Bruce Pennington) : « Hidden History Of The Human Race ». Voilà qui s’appelle faire vite et bien d’autant que le groupe fait le buzz depuis la sortie de ce dernier pour lequel il vient de boucler une tournée marathon avec les vétérans IMMOLATION. Et tout cela est plus que mérité puisque BLOOD INCANTATION maîtrise à merveille son sujet ! Pas besoin de tourner autour du pot plus longtemps, ce nouvel album est une réussite à tout point de vue qui témoigne d’un doigté exceptionnel...

Il est d’ailleurs question de doigté tout au long des trente-six minutes de ce monstre qui affiche un sans-faute d'entrée de jeu : somptueuse production à l’ancienne de Pete DeBoer, compositions musclées et sections rythmiques taille patron, le tout complété par des growls bien profonds. Sans oublier la précision chirurgicale du batteur Isaac Faulk qui porte chaque morceau à un niveau de technicité olympique. Mais derrière ces lignes de blast et de riffs mitraillette, le groupe n’hésite pas à varier les plaisirs avec du mid-tempo écrasant comme sur le superbe instrumental "Inner Paths (To Outer Space)" témoignant de velléités plus mélodiques qui permettent de souffler entre deux décharges de chevrotine. L’ombre de MORBID ANGEL et de la scène floridienne de la fin des années 80 plane en filigrane sur cette nouvelle livraison, dont les sombres ambiances s'acoquinent avec des rythmiques rampantes, vicelardes, qui installent ici une ambiance unique. Mais cette empreinte historique se fond avec discrétion dans la base proposée, fonctionnant plus par clins d’œil appuyés que par véritable souci de recyclage. Les structures plus complexes, moins immédiates de "The Giza Power Plant " illustrent d’ailleurs à merveille le côté plus "progressif" du disque et lui confèrent de redoutables atouts. Pas de doute sur la marchandise : l’art de la composition puissante, technique et racée est bien célébré avec un savoir-faire redoutable.

A ce titre, l’exécution de chacun des quatre morceaux ici au programme est limpide, que ce soit dans les parties heavy comme dans les passages plus rapides. Quant aux mélodies, celles-ci sont également omniprésentes et distillées avec classe entre deux assauts rythmiques fracassants (le morceau d’ouverture "Slave Species Of Gods" est un modèle dans le genre). Et même s’il est bien question de death metal sur cette œuvre, l’on sent une réelle volonté de prendre quelques libertés avec les commandements qu'impose le style. Illustrant ce propos avec justesse, l’apparition de parties dissonantes ou à l’inverse écrasantes de puissance permettent au groupe de sortir hors des sentiers battus. Sans pour autant trop appuyer sur la pédale old-school, pourtant en vogue chez certains de ses petits camarades, BLOOD INCANTATION privilégie ici des sonorités qui servent avec justesse un style puissant et efficace.

Oscillant entre respect de la tradition et désir de modernité sans jamais tomber dans la simplicité, le death metal tel qu’il est pratiqué par le quatuor de Denver se révèle d'une efficacité sans faille : ça claque !

Blogger : Clément
Au sujet de l'auteur
Clément
Clément a connu sa révélation métallique lors d'un voyage de classe en Allemagne, quelque part en 1992, avec un magazine HARD FORCE dans une main et son walkman hurlant "Fear of the Dark" dans l'autre. Depuis, pas une journée ne se passe sans qu'une guitare plus ou moins saturée ne vienne réjouir ses esgourdes ! Etant par ailleurs peu doué pour la maîtrise d'un instrument, c'est vers l'écriture qu'il s'est tourné un peu plus tard en créant avec deux compères un premier fanzine, "Depths of Decadence" et ensuite en collaborant pendant une dizaine d'années à Decibels Storm, puis VS-Webzine. Depuis 2016, c'est sur HARD FORCE qu'il "sévit" où il brise les oreilles de la rédaction avec la rubrique "Labels et les Bêtes"... entre autres !
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