26 janvier 2020, 23:50

DREAM THEATER

@ Boulogne-Billancourt (La Seine Musicale)

La programmation, comme l’affiche, est simple et dépouillée : ce soir c’est en mode "an evening with (une soirée en compagnie de) DREAM THEATER", le groupe se produisant seul sans groupe de première partie. Et en ce 26 janvier, c’est fête ou anniversaire plutôt car le groupe vient défendre non seulement son dernier album en date, « Distance Over Time », plus direct et concis qu’à l’accoutumée. Mais surtout, c’est le cultissime « Metropolis Pt. 2: Scenes From A Memory » qui s’apprête à être joué dans son intégralité à l’occasion de ses vingt ans (et quelques mois, paru en octobre 1999). C’est pour cela que la Grande Scène de cette salle affiche presque complet avec plus de 5000 spectateurs qui ont répondu présent afin de souffler les bougies de ce premier concept-album dans la carrière du groupe.



Ça démarre tout d’abord avec 55 minutes durant lesquelles DREAM THEATER met à l’honneur des chansons parmi les plus percutantes de son dernier disque, tel un "Untethered Angel" pour débuter, sur lequel le chanteur James LaBrie fait peur car pas juste du tout. Problème de retour, difficultés de mise en jambe (en voix plutôt) ? Qu’importe ce démarrage bancal, il délivre in fine une prestation tout à fait remarquable. Suivent trois autres ("Paralyzed", "Barstool Warrior" et "Pale Blue Dot") ainsi que "A Nightmare To Remember" et "In The Presence Of Enemies, Pt. 1", avant de marquer une pause de 20 mn, le temps de se préparer pour le morceau de bravoure de la soirée.

Pour ceux qui ne connaissent pas l’histoire narrée sur cet album, en voici un résumé : hanté par des rêves, un personnage nommé Nicholas consulte un hypnotiseur qui va utiliser sur lui la technique dite de régression, ce qui va lui faire prendre conscience d’une vie antérieure. Il y apprend qu’il est la réincarnation d’une jeune femme prénommée Victoria Page qui a été assassinée au début du XXè siècle, prise dans une lutte entre deux amants rivaux, le sénateur Edward Baynes et son frère Julian. Ce dernier, dépendant à la drogue et aux jeux, cherche un jour à se faire pardonner une dispute liée à ses addictions mais Victoria choisit de courir se réfugier dans les bras d’Edward, qui en tombe amoureux à son tour. Celle-ci revient vers Julian mais Edward, fou de jalousie, tue le couple. A l’issue de cette séance de régression, Nicholas comprendra que l’hypnotiseur n’est autre que la réincarnation d’Edward et se fait tuer encore une fois. Au théâtre ce soir...



DREAM THEATER a pris soin, en sus de la musique qui aurait pu se suffire à elle-même de par sa superbe, d’ajouter l’image au son avec des animations se superposant à chaque titre, augmentant de façon exponentielle le degré de satisfaction de participer à tel agape sonore (et visuel !). La mise en son a grimpé de plusieurs crans et l’on distingue très bien les somptueuses parties de basse de John Myung, lequel déclarait récemment dans les colonnes d’un de nos confrères spécialisés, qu’il lui fallait s’astreindre à une discipline rigoureuse et militaire au quotidien afin de pouvoir restituer à la perfection les titres tels qu’ils ont été enregistrés. On ne peut que le croire et le bougre y réussit à plein. Ses collèges ne sont évidemment pas en reste, le groupe étant réputé entre autres pour sa maestria collégiale.

Pas besoin de s’appesantir sur le guitariste John Petrucci et le claviériste Jordan Rudess, dont la vélocité n’a pas, ou si peu, d’égal chez leurs comparses musiciens. Le batteur Mike Mangini, s’il ne réussira pas à faire oublier aux esprits chagrins son illustre prédécesseur Mike Portnoy, est simplement parfait car s’approprier un répertoire ou, le cas présent, un album passé à la postérité, est un exercice périlleux qu’il remporte haut la main (et les bras tendus vu la hauteur à laquelle sont placées ses cymbales). Le public mange dans la main de DREAM THEATER, se fait choriste d’un soir sur un "Home" (Scene Six) jouissif et James LaBrie cumule les kilomètres d’aller-retour entre la scène et l’arrière-scène durant les longues parties instrumentales ("Scene Seven: I. The Dance Of Eternity" par exemple où le chant est absent).



DREAM THEATER prend finalement congé après un dernier titre, "At Wit’s End", dernière salve prog’ s’étirant sur 9 minutes et extraite du récent « Distance Over Time », qu’on aurait bien troquée contre un rageux et groovy "Viper King", mais c’est chipoter face à un groupe qui a, ce soir et en 2h30, réassuré sa place de pilier de genre. Et 5000 spectateurs de repartir béats, la tête dans les années 1920 seulement rattrapés à la sortie sur le parvis par la bruine nocturne, les aidant à reprendre leurs esprits et à revenir en 2020.


Set-list
Photos © Anthéa Bouquet | HARD FORCE - Lyon - 27/01/2020


Blogger : Jérôme Sérignac
Au sujet de l'auteur
Jérôme Sérignac
D’IRON MAIDEN (Up The Irons!) à CARCASS, de KING’S X à SLAYER, de LIVING COLOUR à MAYHEM, c’est simple, il n’est pas une chapelle du metal qu'il ne visite, sans compter sur son amour immodéré pour la musique au sens le plus large possible, englobant à 360° la (quasi) totalité des styles existants. Ainsi, il n’est pas rare qu’il pose aussi sur sa platine un disque de THE DOORS, d' ISRAEL VIBRATION, de NTM, de James BROWN, un vieux Jean-Michel JARRE, Elvis PRESLEY, THE EASYBEATS, les SEX PISTOLS, Hubert-Félix THIÉFAINE ou SUPERTRAMP, de WAGNER avec tous les groupes metal susnommés et ce, de la façon la plus aléatoire possible. Il rejoint l’équipe en février 2016, ce qui lui a permis depuis de coucher par écrit ses impressions, son ressenti, bref d’exprimer tout le bien (ou le mal parfois) qu’il éprouve au fil des écoutes d'albums et des concerts qu’il chronique pour HARD FORCE.
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