9 février 2020, 18:00

BAD WOLVES

• Interview John Boecklin

Après seulement deux années d’existence, rien n'arrête l'ascension du "super-groupe" BAD WOLVES et il est clair que ce n’est pas la tournée aux côtés de FIVE FINGER DEATH PUNCH et MEGADETH qui va la calmer.
C’est dans les loges du Zénith de Paris et quelques heures avant de monter sur scène que nous avons rencontré le pilier et batteur du groupe, John Boecklin, pour parler de ces nouvelles dates, mais aussi de son deuxième album sorti en octobre 2019, de son rôle dans le groupe et de souvenirs de jeunesse.

(Photo © Stéphane Bérard | HARD FORCE​)


Comment vas-tu depuis la sortie de "N.A.T.I.O.N" ?
Eh bien, je suis très occupé : je suis en pleine tournée, j’ai eu un petit mois de repos pendant la période de Noël et là on était vraiment impatients de revenir. Pas uniquement en France, mais plus globalement en Europe. Depuis notre venue pour les festivals l’été dernier, nous étions pressés d’avoir de nouvelles dates de concerts par ici.

Quatre singles sortis en guise de compte à rebours, c’était un bon moyen de prendre la température : l’excitation montait single après single !
Définitivement, ouais ! On est toujours très excités lorsqu’on enregistre un album et qu’on le sort. Mais là, c’est une étape importante cette fois par rapport au premier album. Il est plus simple mais aussi plus abouti. Néanmoins, avec BAD WOLVES, les singles ne sont pas vraiment représentatifs de l’album dans son intégralité. D’un côté, on joue du rock diffusé à la radio et de l’autre, on propose du heavy metal et quelques ballades. Donc certaines personnes nous connaissent uniquement parce qu’ils nous ont entendus à la radio et lorsqu’ils achètent l’album et l’écoutent de manière plus approfondie, ils sont assez surpris. Et c’est plutôt marrant.

Comme tu le dis, chaque single est profondément différent. Lequel à le plus tes faveurs ?
Parmi les singles sortis à la radio... j’aime bien "Remember When". Je trouve que c’est une histoire incroyable. La vidéo réalisée par Wayne Isham qui a déjà travaillé avec METALLICA, BACK STREET BOYS... est formidable. Il a aussi collaboré avec PANTERA, donc c’était un honneur de bosser avec lui. Il a fait un excellent travail et su mettre en image l’histoire de la vie de Tommy, qui est un sujet très lourd... La chanson rend vraiment bien.
 

"On travaille déjà sur un troisième album
qui sera encore plus le fruit d’une réelle collaboration entre nous.
" - John Boecklin



​Et ton jeu de batterie sur cette chanson a une saveur particulière à tes yeux ?
Ce genre n’est pas vraiment difficile, j’accompagne simplement la chanson. C’est un truc que j’ai commencé à faire dans ce groupe plus que dans mes groupes précédents où la batterie était extrêmement mise en avant. Ce qui n’est pas le cas en particulier avec ce genre de chanson, car plus tu en fais, plus tu risques de tout gâcher. Donc, en gros, en faire moins, c’est mieux.

Une chanson où la batterie est en retrait ou plus simple dans sa structure, est plus agréable à jouer pour toi ? Ça te permet d’être dans un jeu guidé par le feeling plutôt que la technique, non ?
En fait, même si c’est simple à enregistrer, exécuter une chanson simple en concert n’est pas forcément ce qu'il y a de plus facile. Suivre le tempo, rester calé sur le clic, jouer lentement... C’est parfois difficile d’être détendu et de jouer tranquillement. Même lorsqu’il s’agit de simplicité, il y a quand même une part de défi qui va avec.

Peux-tu nous parler du processus de composition et comment vous avez travaillé ensemble sur ce nouvel album ?
Cela s’est passé quasiment de la même manière que sur le premier album. Je compose beaucoup mais cette fois-ci, les gars se sont plus impliqués, contrairement à « Disobey » où ils étaient arrivés dans le projet sur le tard. On avait un peu bossé ensemble, Doc Coyle m’avait aidé sur la chanson "No Masters" à la fin, mais pour cet album, il a composé la chanson "Better Off This Way", Chris Cain a beaucoup participé à "Foe or Friend" et ce n’est que le début : je les encourage à en faire davantage et d’être le moteur, car ils ont de très bonnes idées. On travaille d'ailleurs déjà sur un troisième album qui sera encore plus le fruit d’une réelle collaboration entre nous.

Vous ouvrez une soirée ici au Zénith de Paris. Peux-tu nous parler de ta relation avec la France...
J’ai déjà joué au Zéntih auparavant avec DEVILDRIVER, alors en tournée avec MACHINE HEAD, BRING ME THE HORIZON et DARKEST HOUR. Je suis venu en France pour la première fois en 2004 ou 2005, je crois et ai participé au Hellfest plusieurs fois, six fois il me semble. J’ai aussi joué quelques soirs au Trabendo et à la Locomotive...

...désormais devenue La Machine du Moulin Rouge.
Oh, ils ont changé de nom ? Ok ! Il y a eu d’autres concerts mais je ne me souviens plus où ils ont eu lieu. Sinon, je suis un gros fan de GOJIRA : voilà ma relation avec la France (rires). J’aime la nourriture ici, je suis monté sur la Tour Eiffel et je suis toujours étonné par l’agencement des rues parisiennes que je trouve assez... chaotique.

Tu veux dire, comparé aux Etats-Unis où les rues sont plus souvent droites et perpendiculaires ?
Ouais. Ça me fait penser à des villes comme Mexico City ou São Paulo. C’est toujours étonnant. J’aime les villes qui me surprennent comme ça.

Comment te sens-tu avec Zoltan Bathory en tournée avec vous sur la même affiche ? On rappelle qu'il gère le groupe depuis sa formation. Ressens-tu une pression particulière ?
Non, pas de pression. Il n’est pas là à nous surveiller constamment. En tant que manager, il nous aide beaucoup à gérer l’image du groupe, l'aspect business et les idées pour les produits dérivés. Mais dans la vie de tous les jours, il n’essaie pas de s’immiscer dans nos affaires, du genre : « hey les mecs, vous faites quoi ? » il n'est pas à l'affût de ce qu’on fait à chaque instant et gère les grands axes du groupe. Je n’ai donc pas l’impression d’être en tournée avec mon père qui me surveille (rires).

Deux albums en deux ans et une notoriété qui grandit vite, ça doit être sympa mais ça ne va pas trop vite ? As-tu le temps d'apprécier chaque instant ?
J’apprécie l'instant présent ces derniers temps plus que lorsque j’étais dans DEVILDRIVER, car j’ai appris à prendre de la dis. Et certains accomplissements auxquels nous sommes parvenus aujourd’hui avec BAD WOLVES, qui est une formation très jeune, sont assez remarquables. Je me dis que rien ni personne ne dure éternellement ; alors que, lorsque tu es jeune, tu penses que les choses resteront telles quelles, tu t'en étonnes, mais tu ne t’imagines pas qu'elles puissent s'arrêter. Alors, aujourd’hui, après avoir été dans un groupe, puis l’avoir quitté et avoir dû tout recommencer à zéro avec le travail que ça implique, même si le groupe marche bien maintenant, je ne prends jamais rien pour acquis. Et contrairement à DEVILDRIVER où nous étions juste des partenaires dans le groupe, là c’est différent : j’ai créé BAD WOLVES. Alors j’en ressens forcément un peu plus de fierté.

Carpe diem...
Oui, mais c’est comme pour n’importe quel travail : parfois tu te réveilles et tu n’es pas d’humeur à aller bosser. Mais comme je le disais, tout se passe très bien pour nous. On a de plus en plus de concerts, une belle reconnaissance en à peine deux ans. On est en tournée neuf à dix mois dans l’année. Donc tout roule !
 

"J’ai toujours voulu devenir musicien professionnel, j’adorais l’idée de le devenir, de rejoindre un groupe, de signer un contrat et j’étais aussi très désireux de composer et je n’avais pas l’impression d’aller au travail." - John Boecklin



Et le fait d’être en tournée avec MEGADETH, ça te fait quoi ? Tu écoutais leurs albums étant jeune ?
Absolument ! J’ai déjà fait des tournées avec eux, mais je ne les connais pas très bien personnellement et je dois leur rappeler qui je suis, quand on se croise. Et à ce moment-là, ils me disent : « oh oui ok, je vois qui tu es ». Tu vois... le petit moment de doute (rires). Mais je suis un grand fan depuis longtemps et leurs albums sont si différents les uns des autres. Ils en ont vendu partout dans le monde. Mon album préféré ? « Rust in Peace » et « Peace Sells... » juste après. Je me souviens que lorsque « Countdown To Extinction» est sorti, je ne l’avais pas aimé, mais maintenant je l’adore. « Youthanasia » est un très bon album, mais ils ne le jouent pas vraiment beaucoup en live, en dehors de "A Tout le Monde" parfois. Les années 90 de MEGADETH sont très représentatives du groupe : c’est l’époque où il était au sommet. Je me rappelle de Dave Mustaine, ses engagements politiques, le truc sur MTV... Rock The Vote dans les années 90, c’était sympa de voir un gars qui faisait du thrash metal, sur une émission régulière, faisant entendre sa voix pour les jeunes comme moi qui regardaient. C’était un message fort sur une chaîne de télévision comme celle-là. C’était vraiment bien.

Si tu ne devais choisir qu’une seule chanson de toute sa discographie?
Pendant longtemps c’était "Good Mourning-Black Friday", cette chanson semble tellement avoir été écrite alors qu’il devait être défoncé (rires). Elle part dans tous les sens. Après, j’aimais beaucoup "Take No Prisoners" sur « Rust in Peace »... Mmmm... Je choisirais "Train Of Consequences", c’est celle qui me vient en tête à cet instant.

Te souviens-tu du jour, s'il existe, où tu as décidé de devenir musicien ?
Quand j’ai voulu devenir batteur, oui. J’étais dans ma chambre et j’avais un lit superposé, même si je n’avais pas de frère ou de sœur qui dormait dedans (rires). Je ne sais pas pourquoi j’avais un lit superposé, mais en tout cas j’en avais un. J’écoutais METALLICA et je me suis dit : « ouais, je vais me mettre à la batterie »... Je crois que c’est en écoutant "Wherever I May Roam", mais je ne peux pas te dire pourquoi. C’est juste cette batterie qui frappait super fort au début. J’ai d’abord commencé à jouer sur mon lit avec des baguettes pendant deux ans. Parce que, tu sais comment sont les mômes, ils disent « J’veux faire ça ! » ça dure une semaine et après, ils laissent tomber. Alors, j’ai dû prouver à mes parents que j’étais sacrément motivé pour jouer de la batterie, car ça coûte cher.

Et un jour tu as eu une occasion d’en faire ton métier...
J’ai toujours voulu devenir musicien professionnel. J’adorais l’idée de le devenir, de rejoindre un groupe, de signer un contrat et j’étais aussi très désireux de composer, car je n’avais pas l’impression d’aller au travail. Comme on dit : « Trouve quelque chose dans lequel tu es heureux et tu le seras ». Bon, c’est un peu une phrase à la con mais bon... Trouve quelque chose qui te rendra heureux, même si dans la réalité ce n’est pas toujours vrai... Mais je suis très chanceux d’avoir trouvé une activité qui me plaisait, pas comme aller à l’entrainement de foot du genre corvée « allez, il faut y aller... ». Non, chaque jour est excitant et je n’ai pas l’impression d’aller au boulot. C’est une des raisons pour lesquelles je suis là.

Quel lien avec la musique existant dans ta famille durant ta jeunesse ?
Mes parents écoutent beaucoup de musique. Certains artistes qu’ils écoutaient m’ont inspiré comme Paul Simon, Bruce Springsteen, beaucoup d’artistes que mon père écoutait. Je pense que j’ai hérité de son caractère, il n’aime pas simplement la musique d’un artiste, il veut tout connaître, il est très obsessionnel au point où il n’arrête pas d’en parler même si toi tu t’en fous. C’était un peu comme ça que ça se passait à la maison. Il me disait : « oh il faut que je te dise à propos de ce groupe... » et aujourd’hui je fonctionne un peu de la même façon. Je n’écoute pas un artiste comme ça, en passant. Non, je veux tout savoir. Après, j’ai tracé mon propre chemin quand j’ai eu le déclic pour le rock et le metal.


Blogger : Benjamin Delacoux
Au sujet de l'auteur
Benjamin Delacoux
Guitariste/chanteur depuis 1991, passionné de musique, entré dans les médias à partir de 2013, grand amateur de metal en tous genres, Benjamin Delacoux a rejoint l'équipe de HARD FORCE après avoir été l'invité du programme "meet & greet" avec UGLY KID JOE dans MetalXS. Depuis, il est sur tous les fronts, dans les pits photo avec ses boîtiers, en face à face en interview avec les musiciens, et à l'antenne de Heavy1, dont l'émission MYBAND consacrée aux groupes indépendants et autoproduits.
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