18 février 2020, 19:32

SEPULTURA

• "Quadra"

Album : Quadra

Comité pro-réintégration Max Cavalera & Bros., intégristes de la période 86-96, passez votre chemin, cette chronique ne vous concerne pas. Indécrottable, bornée comme pas permis, cela fait quinze ans que l’on entend le même refrain de la part d’une minorité pas silencieuse qui nous ressert sans cesse la même litanie du « c’était mieux avant », ancrée dans un passéisme malvenu, et ce malgré une flopée d’albums qui attestent d’une période qui n’est pas à renier, on ne dira jamais le contraire. Bref ! Parlons de « Quadra », ce quinzième et nouvel album de SEPULTURA qui, en douze titres et 51 minutes, enterre définitivement les pisse-vinaigre de la « grande époque ».

Au gré des interviews qu’il a donné pour faire la promotion de ce nouveau disque, le guitariste Andreas Kisser a expliqué être obnubilé par la numérologie et que le chiffre quatre revenait sans cesse dès lors que le groupe a commencé à penser à la réalisation de « Quadra ». Divisé selon lui en quatre parties, et on abondera dans son sens, l’album a en effet quatre facettes presque distinctes, je dis "presque" car le mélange des sons et influences diverses est si bien réparti que l’on ne peut qu’applaudir des quatre mains devant une telle débauche de titres plus incroyables les uns que les autres. Le thrash façon primal scream ouvre l’album avec un doublé terrassant constitué d’''Isolation'' et ''Means To An End'' avant que le tapping introduisant ''Last Time'' ne laisse place à un martèlement en règle, d’où l'on ne reprend son souffle qu’à partir de son break et l’apparition de chœurs féminins (oui oui, vous avez bien lu) venant prendre l’auditeur à contre-pied. ''Ali'', rappellera les débuts plus death que thrash du groupe brésilien et les racines brésiliennes à la « Roots » se font ressentir sur l’intro de la magnifique ''Guardians Of Earth'', qui nous fait découvrir une partie symphonique qui étonne mais ne détonne pas.

SEPULTURA prend des risques, si tant est que l’on puisse appeler ça des risques, disons plutôt qu’il ose et qu’il réussit là où d’autres stagnent et peuvent décevoir, par manque d’audace ou l’envie de ne pas froisser leur public. Le virage amorcé avec leur précédente réalisation, « Machine Messiah », devient ici plus qu’aboutie pour notre plus grand plaisir. Surprise, un instrumental de haut vol, ''The Pentagram'', permet au trio, sans le chanteur Derrick Green qui délivre une nouvelle fois sur cet album des prestations vocales de très très haut niveau, de démontrer tout son savoir-faire en matière de déglingage musical en règle. Impossible de ne pas faire cette chronique sans tomber dans le piège du titre à titre (désolé) car ils ont tant de différences que tous se démarquent, à l’instar de l’avant-dernière piste, ''Agony Of Defeat'', où nappes de claviers à consonance orientales, chœurs féminins typés metal symphonique et voix claire pour Derrick Green s’entremêlent afin de donner naissance à l’un des meilleurs titres de toute la carrière de SEPULTURA, rien de moins. En parlant de présence féminine, la chanteuse brésilienne Emmily Barreto est l’invitée refermant le disque lors de ''Fear, Pain, Chaos, Suffering'', un mid-tempo heavy metal tout en douceur (notion relative tout de même, rassurez-vous) et encore une fois, une réussite.

On a beau chercher, on ne trouve pas d’équivalence dans toute la discographie de SEPULTURA et si l’on va plus loin dans la démarche, on ne réussit pas non plus à comparer ce « Quadra » unique et de toute beauté avec un autre des albums de ce groupe qui n’a plus rien à prouver, ne cherchant d’ailleurs pas à le faire et qui se permet de sortir en 2020 un petit chef-d’œuvre d’ores et déjà à considérer comme l’un des meilleurs albums thrash de cette année, en dépit de grosses sorties du genre attendues aussi. Tudo bom.

Blogger : Jérôme Sérignac
Au sujet de l'auteur
Jérôme Sérignac
D’IRON MAIDEN (Up The Irons!) à CARCASS, de KING’S X à SLAYER, de LIVING COLOUR à MAYHEM, c’est simple, il n’est pas une chapelle du metal qu'il ne visite, sans compter sur son amour immodéré pour la musique au sens le plus large possible, englobant à 360° la (quasi) totalité des styles existants. Ainsi, il n’est pas rare qu’il pose aussi sur sa platine un disque de THE DOORS, d' ISRAEL VIBRATION, de NTM, de James BROWN, un vieux Jean-Michel JARRE, Elvis PRESLEY, THE EASYBEATS, les SEX PISTOLS, Hubert-Félix THIÉFAINE ou SUPERTRAMP, de WAGNER avec tous les groupes metal susnommés et ce, de la façon la plus aléatoire possible. Il rejoint l’équipe en février 2016, ce qui lui a permis depuis de coucher par écrit ses impressions, son ressenti, bref d’exprimer tout le bien (ou le mal parfois) qu’il éprouve au fil des écoutes d'albums et des concerts qu’il chronique pour HARD FORCE.
Ses autres publications
Cookies et autres traceurs

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de Cookies ou autres traceurs pour mémoriser vos recherches ou pour réaliser des statistiques de visites.
En savoir plus sur les cookies : mentions légales

OK