25 février 2020, 17:16

SONS OF APOLLO

• "MMXX"

Album : MMXX

La rencontre de cinq célébrités aussi douées soient-elles n'est pas une garantie de réussite. Cette lapalissade n'est pourtant pas une évidence car elle s’appuie sur un critère purement subjectif. Celui du ressenti. SONS OF APOLLO n'y fait pas exception au vu de l'engouement et du succès rencontré par ce super-groupe. Sans être mauvais, « Psychotic Symphony » n'était pas à la hauteur de ce qu'on pouvait attendre. Un album en demi-teinte, résultat décevant d'un processus naissant qui, malgré ses illustres acteurs, nécessitait le temps de la maturation.

Trois ans après, nous pouvons dire que ces cinq-là on trouvé leurs marques. Si 20/20 est la note que tout inconditionnel donnerait légitimement à ce « MMXX », très bon, voire excellent, est l'appréciation qui convient à cette réalisation. Si la promotion autour du groupe contribue largement au succès rencontré, les 83 concerts donnés au cours de la tournée de « Psychotic Symphony » en sont le terreau. Ceux qui les ont vus peuvent en témoigner. Même dans des conditions médiocres, le groupe a su capter l'attention des curieux présents dans le public des festivals où le groupe se produisait. Un festival en plein air n'est jamais simple à appréhender, y compris pour les plus grands qui, bien qu'ils soient entourés de professionnels, ne peuvent pas gérer tous les paramètres tels que la météo ou encore le matériel de sonorisation et les lights. Par conséquent, lorsque vous découvrez en live ce genre de groupe le soir dans l'humidité, la fraîcheur de l'été finissant et que l'ingénieur du son doit faire avec les aléas de la technique, tous les paramètres sont réunis pour vous conforter dans votre impression discographique. Pourtant, ça joue et cela suscite votre intérêt en vous laissant le regret de ne pas être installé peinard dans une salle à pouvoir pleinement goûter à la démonstration.

Ainsi, lorsque vient le nouvel album, vous êtes sceptique sur le fait que son titre puisse être porteur de bien plus qu'une année en chiffres romains ou fasse référence à un excellent travail scolaire. Et pourtant, c'est bien ce que révèle « MMXX ». Il est évident que Mike Portnoy (batterie & chant), Derek Sherinian (claviers), Jeff Scott Soto (chant), Ron "Bumblefoot" Thal (guitare & chant) et Billy Sheehan (basse) ont mis à profit ces années à coordonner leur talents respectifs pour en faire ressortir la substantifique moelle. Le résultat est un album de huit titres pour près d'une heure de musique qui se caractérise par une superbe cohérence. Musicalement varié, cet album sur lequel aucun morceau ne donne l'impression de faire du remplissage fait preuve d'une belle unité. A la manière d'un groupe de free-jazz, les cinq musiciens se renvoient constamment la balle pour un résultat heavy progressif quasi parfait pour le dire simplement. Plus précisément, comme le mentionne Mike Portnoy : « SONS OF APOLLO est un groupe de hard-rock avec des moments progressifs ». Cela se ressent bien dans les chansons où l'on retrouve la structure "couplet, refrain, couplet refrain, solo, refrain". "New World Today" qui clôt l’album sur une plage musicale de plus d'un quart d'heure fait exception et démontre toute la cohérence et la maturité acquise par ces cinq musiciens qui, pour le coup, n'usurpent pas leur nom un tant soit peu mégalo. Lorsque Portnoy compare le groupe à RAINBOW, VAN HALEN ou encore AEROSMITH, on ne peut qu'être d'accord car le chant de Soto associé aux claviers de Sherinian ne manquent pas de souvent rappeler le RAINBOW période Joe Lynn Turner. En plus heavy certes, mais associé à la virtuosité, ont peut légitimement penser à VAN HALEN. Quant à AEROSMITH, l'association est moins évidente, mais qu'importe.

"Goodbye Divinity" ouvre l'album de façon subtile en introduisant les instruments un par un. A la superbe ligne de claviers que l'on pourrait aisément confondre avec un riff de guitare électronique viennent s'ajouter tour à tour la batterie, la guitare et la basse. Si, dans cette entrée en matière, aucun instrument ne conteste la dominance des claviers, ils font monter crescendo l'intensité pour fusionner sur un titre puissant sur lequel vient se placer la voix hargneuse et déterminée de Scott Soto. Le décors est planté. "Wither To Black", tout aussi heavy, continue sur la lancée du premier morceau en proposant un refrain où l'influence RAINBOW prend tout son sens et ce n'est pas le solo de claviers de Sherinian qui le démentira. "Asphyxion" continue la débauche d'énergie sur un rythme très inspiré thrash. "Desolate July" est une superbe ballade qui débute en piano-voix pour se faire plus heavy lorsque la guitare, la batterie et la basse les rejoignent sur le refrain et le solo. "King Of Delusion" est introduit par Sherinian qui fait montre de son talent de pianiste avant que l'ensemble du groupe se lance à l'unisson dans un plan particulièrement heavy sur lequel Jeff Scott Soto vient poser sa superbe voix. "Fall To Ascend" est peut-être le titre le moins original de l'album, mais qui ne manque pas d'efficacité. Si Soto débute le titre sur un chant grave et inquiétant, l'envolée lyrique n'est pas sans rappeler à nouveau RAINBOW comme à mainte "reprise" tout au long de cet album. "Resurrection Day" se base sur une mélodie orientalisante qui ne manque pas de rappeler quelque peu un titre tel que "Egypt (The Chains Are On)" de DIO.

Par conséquent, si jusqu'à la sortie de « MMXX », SONS OF APOLLO ne vous a pas convaincu alors prenez le temps de l'écouter. Votre avis sur les fils du dieu des arts, du chant et de la musique pourrait complètement changer.

Blogger : Bruno Cuvelier
Au sujet de l'auteur
Bruno Cuvelier
Son intérêt pour le hard rock est né en 1980 avec "Back In Black". Rapidement, il explore le heavy metal et ses ramifications qui l’amèneront à devenir fan de METALLICA jusqu'au "Black Album". Anti-conformiste et novateur, le groupe représente à ses yeux une excellente synthèse de tous les styles de metal qui foisonnent à cette époque. En parallèle, c'est aussi la découverte des salles de concert et des festivals qui le passionnent. L'arrivée d'Anneke van Giersbergen au sein de THE GATHERING en 1995 marquera une étape importante dans son parcours, puisqu'il suit leurs carrières respectives depuis lors. En 2014, il crée une communauté internationale de fans avant que leur retour sur scène en juin 2018 ne l'amène à rejoindre HARD FORCE. Occasionnellement animateur radio, il aime voyager et faire partager sa passion pour la musique.
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