UN JOUR, UN ALBUM

Parce que les journées sont longues en cette période de confinement, pourquoi ne pas mettre un petit coup de projecteur sur cet album sorti le 26 mars 2002 ? L'idée n'est pas d'en faire la chronique mais de rappeler quelques faits ou anecdotes que vous ignoriez peut-être. Après un excellent premier album, « NOLA », sorti sept ans plus tôt, DOWN, supergroupe de stoner, remet le couvert…

• Recette de jambalaya musical made in New Orleans : prenez Phil Anselmo, chanteur de PANTERA. Ajoutez-y une grosse pincée de “Sergent” Pepper Keenan, guitariste de CORROSION OF CONFORMITY. Laissez mijoter, puis mettez trois quarts de CROWBAR – le guitariste Kirk Windstein, le batteur Jimmy Bower (également membre de EYEHATEGOD) et le bassiste Todd Strange. Eh hop ! Vous voilà en présence de DOWN, ou du moins du line-up qui signa « NOLA » (abréviation de New Orleans, LOuisiana, le QG du groupe), la carte de visite des cinq hommes sortie en 1995. Une réussite totale que se doit de posséder tout amateur de stoner qui se respecte. D'ailleurs, même si les musiciens, bloqués par leurs emplois du temps respectifs, ne pourront donner que 13 concerts ensemble, il sera certifié disque d'or aux USA avec plus de 500 000 exemplaires vendus. En même temps, c'était au siècle dernier…

• Quand, en 1998, Rex Brown, bassiste de PANTERA basé au Texas, part rendre visite à Phil Anselmo à New Orleans, c'est, officiellement, pour « passer un week-end entre mecs » et coécrire quelques chansons pour le successeur de « The Great Southern Trendkill », sorti deux ans plus tôt. Surprise, quand il débarque chez son chanteur, Keenan, Windstein et Bower sont là eux aussi. Il ignore alors qu'ils l'auditionnent en tant que nouveau bassiste de DOWN, Todd Strange ayant décidé de tirer un trait, pour un temps, sur la musique.

• Si 10 des 15 chansons qui composent le second DOWN sont prêtes en 2000, ce n'est que fin 2001 que les musiciens s'enfermeront, 26 jours durant, dans la maison d'invités située sur la propriété du chanteur, en Louisiane du Sud, pour le mettre en boîte. « Avec de l'alcool, des provisions et “diverses choses”, pour être sûr que personne n'ait besoin de sortir en rampant tant qu'il n'était pas terminé » précisera Keenan dans la bio qui sera envoyée à la presse avec une advance copy de « II - A Bustle In Your Hedgerow ». Du confinement avant l'heure…

• Pendant l'enregistrement, chaque musicien se voit affublé d'un surnom en rapport avec sa drogue de prédilection. Nodferatu pour Anselmo, qui a replongé dans l'héroïne et pique du nez à tout bout de champ (“nod” en anglais) ; Speed McQueenan pour Keenan ; Toots Sweet (ne me demandez pas pourquoi) pour Windstein ; Flexeril (un myorelaxant, ou relaxant musculaire, qui peut causer vertiges, somnolence et parfois même des hallucinations) pour Brown. Quant à celui du batteur, qui pourtant ne carburait vraisembalement pas qu'au Coca light et aux Oreo, il n'est pas parvenu jusqu'à nous.

• Pepper installera sur la porte de la guest house qui sert de studio d'enregistrement un énorme panneau en bois sur lequel est gravé en capitales “NODFERATU'S LAIR” (l'antre de Nodferatu, clin d'œil au célèbre Nosferatu le vampire). Anselmo, grand fan de cinéma d'horreur qui créera par la suite le Housecore Horror Film Festival, est comblé.

• Deux singles seront tirés de l'album, “Beautifully Depressed” et “Ghosts Along The Mississippi”. Mais aucune vidéo officielle ne sera tournée. Alors on fait un petit bond dans le temps pour regarder la version live de “Lysergic Funeral Procession” et “Lies, I Don't Know What They Say, But…”, présents sur le DVD qui accompagne le CD live « Diary Of A Mad Band » qui sera commercialisé en 2010.

• Initialement baptisé “The Backwood Heavies”, le second DOWN s'appellera finalement « A Bustle In Your Hedgerow ». Une phrase extraite de “Stairway to Heaven” de LED ZEPPELIN qui signifie littéralement “du remue-ménage dans ta haie”. Pas de méprise je vous prie, il est plus ou moins question de printemps dans le couplet de ce monument du Dirigeable au texte ésotérique. Sans doute parce que « l'enregistrement avait une ambiance très LED ZEPPELIN, confiait Anselmo à l'époque. Nous avions l'impression d'enregistrer un classique. Dans le même état d'esprit que quand LED ZEP a fait « Zeppelin IV » ou BLACK SABBATH « Sabotage ». » L'album sera pourtant accueilli beaucoup plus fraîchement que « NOLA »…

• Anselmo joue de la guitare sur “Landing On The Mountains 0f Meggido” qui clôture l'album. Une référence au Mont Megiddo (la bonne orthographe) que l'on retrouve dans Le Livre de la Révélation, dernier livre du Nouveau Testament (la Bible, pas le groupe de la Bay Area), où se tiendra la bataille finale entre forces du Bien et du Mal lors de la fin du monde, autrement appelée Armageddon (Har-Megiddo). Et à qui GHOST consacrera quelques années plus tard une chanson, “Jigolo Har Megiddo”, sur « Infestissumam ».

• Dans “Learn From This Mistake”, Anselmo parle de son addiction à la drogue et plus précisément à l'héroïne. En 1996, il fait une overdose backstage après le concert de PANTERA à Dallas. Il faudra 4 minutes aux urgentistes dépêchés sur place pour relancer son cœur qui s'est arrêté. Il publiera un communiqué de presse dans lequel on peut lire : « Il n'y avait pas de lumière. Pas de jolie musique, il n'y avait rien. » Au temps pour une promesse de vie après la mort… Il suivra une cure de désintoxication mais, malheureusement, rechutera. « On reste dépendant. Quoi que l'on fasse, un jour ou l'autre, on replonge. Et moi, je suis quelqu'un de très extrême » dira-t-il à l'époque de la sortie du second DOWN à l'occasion d'une interview avec le magazine américain Revolver…

• Cette fois, c'est sur la deuxième scène du Ozzfest, festival itinérant américain, que les cinq hommes iront défendre « II - A Bustle In Your Hedgerow » le temps de 20 dates, entre fin avril et fin mai 2002.

Discographie
NOLA (1995)
Down II - A Bustle In Your Hedgerow (2002)
Down III: Over The Under (2007)
Diary Of A Mad Band (live - 2010)
Down IV - Part 1 & 2 (2014)