30 mars 2020, 18:00

TESTAMENT

• "Titans Of Creation"

Album : Titans Of Creation

Depuis 2008 et avec une régularité de coucou suisse, les thrashers californiens TESTAMENT sortent un nouveau disque tous les quatre ans. Ok, ce n’était pas ce qui était prévu pour celui-ci mais le processus de création de ces titans du genre ainsi que les opportunités diverses mises sur leur chemin, comme autant d’embûches à la réalisation du disque (notamment la tournée d’adieu de SLAYER), ont ralenti le mouvement, nous obligeant à prendre notre mal en patience. Un mal pour un bien car récompensés en conséquence. Ce « Titans Of Creation » porte un nom qui résume le statut de la formation (of damnation) tant cet album est d’une lourdeur à faire fléchir Atlas et pourrait supporter à lui seul sur ses épaules le mouvement thrash mondial tant il est dense et solide. Mais que peut bien nous proposer de neuf le groupe mené par l’imposante présence du chanteur Chuck Billy et celle du virtuose six-cordiste Alex Skolnick ?

Eh bien, rien de neuf à notre grande surprise mais aussi à notre soulagement, ayant peut-être été échaudé par l’accueil mitigé de leur précédent album. Car TESTAMENT a éprouvé au fil de sa discographie une formule, un style qui lui appartient qui se base sur une technique vocale reconnaissable entre mille, des soli ultra-techniques et pourtant fluides de la part de Skolnick, le tout maintenu par une section rythmique composée de la frappe titanesque de Gene Hoglan, du bassiste Steve Di Georgio, de retour au sein du groupe depuis le précédent disque, « Brotherhood Of The Snake », paru en 2016, et du fondateur/guitariste Eric Peterson. Et c’est très bien comme ça finalement. L’album s’ouvre sur l’épique titre éponyme qui met tout le monde à terre en 6 minutes avant de continuer son travail de sape sur "WW III" (pour World War III), un pilonnage continu de notre appareil auditif, merci à cette double grosse caisse impériale. Au détour du refrain de "Dream Deceiver", on se prend à y déceler en filigrane celui d’un titre de SCORPIONS, "He's A Woman, She's A Man", un fait exprès ou non de la part des thrashers qui en sont fans et qui s’étaient fendus en 2012 d’une reprise du titre "Animal Magnetism".

Côté son, on a là aussi du (très) lourd, le mérite en revenant à un Juan Urteaga qui a pris du galon, passant du statut d'ingénieur du son (enregistrement, mixage et mastering) sur les deux précédentes réalisations du groupe à celui de producteur. Bien qu’originaires de San Francisco, le titre "City Of Angels" rappellera le surnom de Los Angeles, la Cité des Anges (non, pas ceux de l’abrutissante émission de télé-réalité), qui est l’un des morceaux les plus longs et complexes de l’album mais aussi l’un des meilleurs. On en retient à la volée un fulgurant break à la talk-box, débouchant ensuite sur un solo à faire blêmir n’importe quel débutant. Comme dit, « Titans Of Creation » est long et dense mais recèle de moments si parfaits que l’heure qu’il dure passe presque sans que l’on s’en rende compte. Férus d’Histoire antique, vous vous jetterez en priorité sur l’épique "Code Of Hammurabi", une chanson évoquant  un emblème de la civilisation mésopotamienne prenant la forme d’une haute stèle de basalte érigée par le roi de Babylone au XVIIIe siècle av. J.-C., ouvrage historique et littéraire et recueil juridique le plus complet de l'Antiquité, antérieur aux lois bibliques. Dans la même mouvance, on en arrive à "Curse Of Osiris", la dernière course effrénée du disque qui, avec ses inattendus accents black metal – parfaitement maîtrisés par ailleurs – finira de convaincre les derniers indécis, s’il en reste. Curiosité locale, un outro instrumental, "Catacombs", clôt ce nouveau monument des pharaons du thrash.

On oserait bien dire que « Titans Of Creation » est en passe de monter sur le podium des trois meilleurs albums de TESTAMENT mais nous préférons laisser cela à l’appréciation de chacun, la valeur et l’idée que l’on se fait d’un disque étant personnelle, subjective et soumise à nos changements d’humeur selon les périodes. Mais bon, c'est quand même une GROSSE TUERIE ATOMIQUE ! Ça, c’est dit.

Blogger : Jérôme Sérignac
Au sujet de l'auteur
Jérôme Sérignac
D’IRON MAIDEN (Up The Irons!) à CARCASS, de KING’S X à SLAYER, de LIVING COLOUR à MAYHEM, c’est simple, il n’est pas une chapelle du metal qu'il ne visite, sans compter sur son amour immodéré pour la musique au sens le plus large possible, englobant à 360° la (quasi) totalité des styles existants. Ainsi, il n’est pas rare qu’il pose aussi sur sa platine un disque de THE DOORS, d' ISRAEL VIBRATION, de NTM, de James BROWN, un vieux Jean-Michel JARRE, Elvis PRESLEY, THE EASYBEATS, les SEX PISTOLS, Hubert-Félix THIÉFAINE ou SUPERTRAMP, de WAGNER avec tous les groupes metal susnommés et ce, de la façon la plus aléatoire possible. Il rejoint l’équipe en février 2016, ce qui lui a permis depuis de coucher par écrit ses impressions, son ressenti, bref d’exprimer tout le bien (ou le mal parfois) qu’il éprouve au fil des écoutes d'albums et des concerts qu’il chronique pour HARD FORCE.
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