14 avril 2020, 11:00

IRON MAIDEN

• "Iron Maiden" - 1980 (EMI - Retro-Chronique)

Album : Iron Maiden

Nous sommes (déjà) en 2020 et cet album fête ses... 40 ans !

Si le premier album d’IRON MAIDEN sort le 14 avril 1980, le groupe a déjà une solide fan-base qui s’est, entre autres choses, arrachée un premier 45 tours autoproduit, "The Soundhouse Tapes", Graal par excellence de tout collectionneur du groupe qui se respecte et édité à 5000 exemplaires uniquement. Le groupe fondé par le bassiste Steve Harris existe alors depuis 4 ans et a déjà subi moult remaniements, non pas ministériels, mais de line-up, aboutissant à celui qui enregistre ce premier essai discographique pour la maison de disques EMI. Celle-ci a remporté la timbale en signant le groupe quand d’autres ont décliné et m’est avis que certains "dénicheurs de talent" ont dû pointer à l’agence pour l’emploi après un tel refus... Mais que diable pouvait-on trouver à ce groupe lorsqu’est paru l’éponyme « Iron Maiden » ?

C’est bien simple : tout. Le groupe a derrière lui, comme dit, une meute de fans qui suit désormais le groupe partout en Angleterre et, pour crier au monde son existence, il dévoile huit chansons comme autant de petites bombes à fragmentation, enregistrées en deux semaines seulement en compagnie du producteur Wil Malone (orthographié Will au verso de la pochette), un bon à rien selon Steve Harris qui indiqua que l’ingénieur du son présent lors des sessions d’enregistrement, Martin Levan, avait fait bien plus derrière les manettes que le dit producteur. Aujourd’hui encore, le fondateur-leader-bassiste se dit mécontent de la production de cet album mais on peut le suspecter d’avoir la rancune tenace et d’en avoir fait au fil des ans une affaire personnelle car il sonne tout de même vraiment très bien. En ce début d’année 1980, et à titre de comparaison, sortent le premier album de DEF LEPPARD, « On Through The Night » et le « Wheels Of Steel » de SAXON. A leurs écoutes, on ne peut pas dire que le disque de La Vierge de Fer soit aux fraises, loin de là. Au contraire, il conjugue une certaine énergie punk due en partie à son chanteur aux cheveux courts, Paul Di’Anno, un côté rêche sur certaines guitares quand d’autres parties se vêtent de velours menées d’une main (de Vierge) de fer et souvent doublées à l’unisson pour ce qui deviendra une marque de fabrique – les références à WISHBONE ASH ou GENESIS, deux grandes influences de Harris, sont également bien présentes en filigrane – à l’urgence de certains morceaux tels ''Prowler'', l’instrumentale ''Transylvania'' et l’inamovible hymne ''Iron Maiden''. Le disque est précédé en février par le single ''Running Free'' dont la pochette dévoile, tapie dans l’ombre, la mascotte Eddie qui deviendra l’emblème du groupe, celle de plusieurs générations de fans jusqu’à ce jour, intemporelle et immortelle telle qu’elle est incarnée en la représentation d’un mort-vivant.



Le titre ''Running Free'' justement, dont les chœurs amènent les oreilles de l’auditeur à embrasser une facette un tantinet plus mélodique du groupe lors du refrain, est suivi par le somptueux morceau de bravoure qu’est ''Phantom Of The Opera'', où les parties de guitares s’enchevêtrent pour étoffer le son qui se voulait plat à l’origine en répétitions et accentuer ainsi la puissance de frappe de cette chanson, aussi rapide et frondeuse que mélodique et suave lorsqu’arrive le break. Les chœurs là encore sont très présents, bien moins cependant que ceux qu’imaginait enregistrer le guitariste Dennis Stratton qui voulait en rajouter à foison. Nul besoin de vous dire que la proposition a été accueillie plus que fraîchement par un Harris intransigeant (appuyé dans sa décision par le manager Rod Smallwood, lui aussi contre l’idée) et qui ne voulait rien lâcher sur la vision qu’il avait afin de mener à terme l’enregistrement du premier disque de son bébé. Loin d’être un despote, il avait en tête un chemin tout tracé et savait ce qu’il fallait au groupe, où il voulait l’emmener et il est toujours aujourd’hui le décisionnaire final concernant l’orientation artistique de tous les morceaux sur tous les albums. Ce qui ne l’empêchera pas de laisser maintes fois d’autres membres du groupe que lui signer les paroles et musique de beaucoup de chansons, dont certaines figurant parmi les plus grand succès de MAIDEN. On regrettera juste que le groupe n’ait jamais mis plus en avant la délicate ''Strange World'' ou ''Charlotte The Harlot'', un des rares morceaux à mettre au crédit du guitariste Dave Murray. Parce qu’il faut avouer que dans les set-lists, la trilogie des tribulations de "Charlotte" composée, outre la chanson susnommée, de ''22 Acacia Avenue'' (« The Number Of The Beast » en 1982) et de ''From Here To Eternity'' (« Fear Of The Dark » en 1992), aurait de la gueule.

La version originale comporte une chanson de plus pour l'édition distribuée en Amérique du Nord, ''Sanctuary'', qui se verra incluse, toujours pour les Etats-Unis, dans la réédition CD de 1995, à la piste 7 alors que sur la réédition CD de 1998, elle remontera à la piste 2 avec une erreur de typographie sur la pochette arrière mentionnant une durée de "0:00". Au rayon des curiosités, la fin de la dernière phrase de ''Phantom Of The Opera'' : « you torture me back at your lair » que l’on entend sur la version originale après quelques secondes de blanc, a été enlevée des rééditions de 1998. Autre particularité de cette version '98, le début de ''Strange World'' a été déplacé sur la fin de piste précédente, à savoir ''Transylvania''. Autant de détails qui auraient pu échapper à certains d’entre vous et qu’il vous sera amusant de (re)découvrir après la lecture de ces lignes. L’illustration change également en 1998, au grand dam des fans, boycottant la nouvelle tête d’Eddie, pourtant dessinée par l’illustrateur historique du groupe et créateur de "la bête", Derek Riggs, à la nuance près qu’il s’agit d’une version numérique, le dessinateur ayant délaissé ses pinceaux et tubes de peinture pour un ordinateur. Une erreur que ne répètera pas le staff du groupe lorsque pointeront leur nez les rééditions suivantes de cet album au format vinyle. Il y a des choses qui fabriquent une légende et auxquelles on ne peut toucher.
 

  


Gros succès d’entrée de jeu, « Iron Maiden » se classe quatrième des charts britanniques et lance la carrière du groupe vers la stratosphère, faisant de lui, et encore à ce jour, l’un des plus grands groupes de heavy metal au monde. Comment ça, "le plus grand" ? Je n’ai jamais rien dit de tel ! Quoique certains doivent avoir l’ouïe fine...

Pour aller plus loin :
C’est bien simple, vous pouvez écouter les yeux fermés tous les albums des années 80 et, en particulier :

« The Number Of The Beast » (1982)
« Seventh Son Of A Seventh Son » (1988)

Vous pourrez naviguer également dans l’ensemble de la discographie, tous les albums étant bien différents les uns des autres, et vous arrêter plus longuement sur :

« A Matter Of Life And Death » (2006) - "faux" concept-album sur le thème de la guerre.
« The Final Frontier » (2010) - un disque qui voit la facette rock progressif du groupe prendre l’ascendant sur le heavy metal pur et dur.

Blogger : Jérôme Sérignac
Au sujet de l'auteur
Jérôme Sérignac
D’IRON MAIDEN (Up The Irons!) à CARCASS, de KING’S X à SLAYER, de LIVING COLOUR à MAYHEM, c’est simple, il n’est pas une chapelle du metal qu'il ne visite, sans compter sur son amour immodéré pour la musique au sens le plus large possible, englobant à 360° la (quasi) totalité des styles existants. Ainsi, il n’est pas rare qu’il pose aussi sur sa platine un disque de THE DOORS, d' ISRAEL VIBRATION, de NTM, de James BROWN, un vieux Jean-Michel JARRE, Elvis PRESLEY, THE EASYBEATS, les SEX PISTOLS, Hubert-Félix THIÉFAINE ou SUPERTRAMP, de WAGNER avec tous les groupes metal susnommés et ce, de la façon la plus aléatoire possible. Il rejoint l’équipe en février 2016, ce qui lui a permis depuis de coucher par écrit ses impressions, son ressenti, bref d’exprimer tout le bien (ou le mal parfois) qu’il éprouve au fil des écoutes d'albums et des concerts qu’il chronique pour HARD FORCE.
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1 commentaire

User
omega_21
le 14 avr. 2020 à 14:44
Je suis évidemment d'accord avec la plus grande partie de cette review qui nous rajeunit pas. Iron Maiden étant mon groupe fétiche/préféré vénéré, j'aurais par contre changé deux lignes...

Pour aller plus loin :
C’est bien simple, vous pouvez écouter les yeux fermés tous les albums des années 80 et, en particulier :
« Piece of Mind » (1983)
« Powerslave » (1984)
;-)

Pour Final Frontier, c'est un pur chef-d'oeuvre que j'ai du mal à classer dans le heavy, c'est plutot un album de prog-rock avec une orchestration Heavy et à bien des égards cet album ressemble plutôt à un album de Bruce Dickinson (97/98) joué par Iron Maiden qu'autre chose. ^^
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