GREEN CARNATION revient, qu'on se le dise ! Et quand les Norvégiens autour du charismatique Tchort produisent un album, c'est pour y donner le meilleur d'eux-mêmes. 14 ans après leurs dernier « Acoustic Verses », ils nous présentent un « Leaves Of Yesteryear » paré des plus beaux atours du metal progressif. Et comme ces 5 titres ne sont qu'un teaser pour les futurs albums à venir, on ne peut qu'être impatient à l'idée de replonger dans leur musique si envoûtante.
Dès que l'on découvre la pochette de « Leaves Of Yesteryear » réalisée, comme les précédentes, par Niklas Sundin (ex-DARK TRANQUILLITY), on est saisi par la précision d'horloger du design et le côté énigmatique du contenu. Une réelle entrée dans un monde sibyllin. Puis, à l'écoute du premier titre éponyme, on replonge immédiatement dans l'univers de GREEN CARNATION avec des riffs de guitares puissants et mélodiques surmontés de parties de claviers cristallines et des effets sonores astraux. La voix de Kjetil Nordhus est claire et profonde et les chœurs donnent du corps à l'ensemble. Une chanson progressive mais metal, tellement addictive. "Sentinels" est quant à lui un morceau beaucoup plus lourd, plus brut, plus franc. Les guitares sont heavy et le chant plus scandé bien que toujours posé avec exactitude. Les claviers sont cette fois un appui omniprésent et ne se contentent plus que de quelques passages envolés. Précis, carré, efficace.
Pour les fans de la première heure, "My Dark Reflections Of Life And Death" est un des morceaux classiques du groupe, extrait de « Journey To The End Of The Night » (2000). La reprise qui en est faite sur « Leaves Of Yesteryear » devrait vous ravir. Fidèle en de nombreux points à son original, la reprise se veut bien sûr plus moderne mais surtout moins alambiquée, plus sincère. L'intro est plus courte et plus légère et les effets sonores sont moins prenants. Il s'agit du même morceau, la structure est identique, mais cette version réaménagée et repensée par et pour les nouveaux membres de GREEN CARNATION est du coup plus fédératrice. Elle est aussi plus organique avec une réelle place donnée aux guitares et à la batterie moins noyées sous les claviers. On ne peut pas dire qu'elle soit mieux que la version de 2000 ou moins bien, mais c'est un réel hommage à la carrière du groupe.
"Hounds" et son intro acoustique est une pure merveille de progressif. La voix de Kjetil se veut douce et se pose avec amplitude sur un riff de guitare mélodique avant l'arrivée massive de parties heavy ou la basse prend toute sa place. Ce sont 10 minutes riches, sans faille, comme l'apogée d'un album déjà tellement subjugant.
« Leaves Of Yesteryear » se termine par une reprise et non des moindres : "Solitude" de BLACK SABBATH. A son écoute, on croirait qu'elle n'a pas été composée pour Ozzy Osbourne et consorts mais pour GREEN CARNATION tellement elle est magnifiée. L'orchestration, les mélodies, le chant, le thème : tout y est méticuleusement pensé pour emporter l'auditeur loin dans ses pensées mélancoliques. C'est le morceau le plus court de l'album et on n'a pas envie qu'il se termine tellement il est beau. C'est vraiment l'adjectif qui qualifie le mieux ce "Solitude" qui pourrait devenir synonyme de beauté dans le dictionnaire. Incroyable de finesse et de feeling.
Que vous connaissiez GREEN CARNATION ou que vous les découvriez cette année, ne loupez pas « Leaves Of Yesteryear ». Le metal progressif a (re)trouvé son maître norvégien et on n'a rarement fait retour aussi authentique qu'émotionnellement puissant. Une perle rare, voire unique.