
Un de plus au compteur ! « Obsidian » est donc le seizième album de PARADISE LOST et marque les 25 ans de la sortie de la pierre angulaire de leur carrière : « Draconian Times ». Autant dire que les maîtres du doom anglais sont attendus au tournant avec cet album. Si, à chaque fois, on n'a aucune inquiétude quant à la qualité de la production et à l'efficacité de l'orchestration, on peut se demander quelle orientation musicale le groupe va donner à ses nouveaux titres. Eh bien « Obsidian » trône fièrement au milieu des albums de doom/gothic profond, sombre et authentique de sa carrière. Ils reprennent les codes de « Medusa » où ils les avaient laissés, mais avec bien plus de nuances de noirs.
« Obsidian » commence avec une perle atmosphérique, "Darker Thoughts". Sur une mélodie de guitare acoustique et un fond de violon, la voix de Nick Holmes se veut douce et suave, comme un murmure mélancolique. Puis le morceau se poursuit plus brutalement avec growls et riffs intenses mais toujours dans l'équilibre musical. Quand l'obscurité se met sur son 31. "Fall From Grace" est un morceau que l'on pourrait qualifier de typique de PARADISE LOST, avec un son lourd et des mélodies doom. Holmes alterne entre growls et voix plaintive claire, efficace et fédérateur à l'instar de "Forsaken" qui apparaît plus loin dans l'album. "Ghosts" ouvre sur des horizons bien plus gothiques avec une basse grave et omniprésente, un rythme martelé et des riffs musclés. Les vocaux sont scandés et l'ambiance est ancrée dans un monde énigmatique et chaotique. Froid et intrigant. "The Devil Embraced" et son intro à l'orgue porte un caractère solennel et mystérieux qu'il emmènera au bout de ses 6 minutes de pur rock lourd et lent. Avec des soli mémorables de Greg Mackintosh, c'est un titre phare de « Obsidian », classique et indémodable.
"Serenity" est le morceau le plus heavy de l'album, rapide, brut sans apparat inutile. Il prouve que PARADISE LOST a encore de la ressource dans le domaine du metal qu'il ne néglige pas au profit de l'atmosphère doom. "Ending Days" est telle une ballade, mélodique et pleine de mélancolie. La voix claire de Nick Holmes est soutenue par un riff de guitare répétitif et des sons de cordes qui se feront plus intenses avec les distorsions ensuite. L'ensemble mid-tempo reste ambiancé. C'est un morceau puissant. "Hope Dies Young" est quant à lui beaucoup plus grandiloquent avec une résonance presque new wave et des effets récurrents. Un titre à la structure complexe et progressive qui montre un visage encore différent de PARADISE LOST qui, décidément, souhaite sortir des sentiers battus et diversifier ses horizons musicaux.
"Ravenghast" enfin clôture « Obsidian » de manière majestueuse avec un death doom metal lourd embrumé par un piano éthéré et mystérieux. Les growls de Holmes sont d'une grande profondeur, les riffs sont plaintifs et l'atmosphère est morose au possible. C'est la pépite de l'album avec une fin tellement envoûtante qu'on ne peut qu'être saisi par sa pâle beauté.
PARADISE LOST nous offre à nouveau un album riche et varié où un doom metal de qualité se mêle à des influences gothiques, rock voire new wave. Le quintet ne se refuse aucune digression et c'est ce qui fait sa force après 30 ans de carrière. « Obsidian » est un splendide recueil de mélancolie posée sur fond de surnaturel, une bande son fantasmagorique et profondément puissante.