9 juin 2020, 19:06

THERAPHOSA

• Interview Vincent Dubout

Si l’on prend la définition de notre bon vieux dictionnaire, la theraphosa blondi est une espèce d’araignée plus communément appelée Mygale de Leblond. De grande taille et particulièrement agressive, son venin est neurotoxique, et même s’il est peu actif sur les humains il ne vaut mieux pas croiser son chemin. THERAPHOSA est aussi un trio au lien fraternel dont l’histoire commence en 2007 sous l’impulsion de Vincent, tête pensante de ce projet au son à la fois lourd, planant et surtout classe. Avec Matthieu et Martin, le trio joue de la musique ensemble depuis leur plus jeune âge. La confiance qu'ils ont les uns envers les autres et la volonté de toujours s'améliorer leur ont très vite permis d'acquérir une solide expérience de la scène et des studios. C'est à l'occasion de la sortie de l'album « Transcendence » que nous nous sommes entretenus avec le guitariste et chanteur.
 

Salut Vincent, le nom de votre groupe est celui d’une araignée, votre logo en représente même une, y a-t-il une raison particulière à ce choix ?
A la base, l’araignée est une passion pour moi depuis que je suis petit. Quand on s’est formé avec le groupe et que l’on cherchait un nom, nous avions plusieurs idées. Et quand THERAPHOSA a été émis, cela a fait l’unanimité. Tout collait parfaitement, même visuellement cela nous symbolise bien. Il faut savoir que l’on tire de l’araignée une sorte de philosophie.

Votre premier album qui se nomme « Transcendence » est sortie en avril, quels sont les premiers retours ?
La quasi-totalité des retours sont bons, ce qui fait vraiment plaisir. Surtout que ces avis viennent d’un peu partout, Angleterre, Allemagne, ce qui est sympa car cela prouve que notre album voyage un peu.

Votre précédent EP avait été produit en Finlande par Jan Rechberger le batteur d’AMORPHIS. Pour cet album c’est Francis Caste qui s’en est occupé au Studio Sainte-Marthe et donc en France, qu’est-ce qui vous a motivé à ce retour au bercail ?
Au départ Francis nous a été recommandé par notre éditeur. Comme il connaissait notre style musical et nous connaissait personnellement, il s’était dit que cela devrait bien coller entre nous. L’autre élément important, à savoir le faire "à la maison", est tout simplement parce que nous sommes un groupe français. On voulait un producteur de chez nous, car nous aussi nous avons de très bons albums.

Et visiblement vous êtes satisfait de son travail...
Notre éditeur avait raison, cela a vraiment bien collé avec Francis, autant sur le plan humain que professionnel c’était parfait. On avait pas mal de références en commun, le même humour aussi. Donc quand on travaillait on le faisait de façon très sérieuse, et quand on rigolait c’était vraiment de bon cœur.

Du coup, mis à part la provenance géographique de l'enregistrement, quels sont les autres différences notables entre l’EP et ce nouvel album ?
La première différence, c’est que les morceaux sont à mon sens beaucoup plus travaillés. Ils sont plus riches et possèdent plus d’éléments d’extérieurs ; il y a des chœurs, des nappes de sons et des ambiances mises en place. Au niveau de l’écriture musicale il y a plus de profondeur, et concernant les paroles cela a été plus co-écrit avec mon frère, certains textes ont notamment été écrit par lui. Nous avons fait en sorte que nos deux visions, qui sont opposées sur ce qu’est la transcendance, puissent se rejoindre sur l’album.

En comparaison avec votre ancienne façon de procéder pourquoi as-tu décidé de "partager" l’écriture des paroles ?
J’ai toujours encouragé les gars du groupe à faire des propositions. Comme j’aime le préciser, lorsqu’on a commencé le groupe j’avais 17 ans et eux en avaient 12. A cette époque la différence d’âge était beaucoup plus palpable qu’aujourd’hui, et par la force des choses j’étais un peu le leader. C’est donc moi qui composais, et jusqu’à maintenant c’est resté ainsi. C’est toujours le cas dans la mesure où je fais toujours beaucoup de choses, mais dorénavant ils sont plus impliqués dans ce travail.



Est-ce que sur la composition de « Transcendence » il y a une chanson qui t’a demandé plus de réflexion que les autres ?
Oui ça serait "The Legacy Of Arachne", le dernier titre de l’album qui est orchestral. Il m’a demandé beaucoup plus de travail car forcement, je ne sais plus combien il y avait de pistes mais c’était complément dingue ! Comme je voulais absolument recréer un orchestre tel qu’ils sont faits réellement, avec le même nombre d’instrumentistes, il a fallu gérer chaque instrument et leur positionnement spatial. Avant de le refaire avec Francis en studio, je l’avais d’abords composé chez moi avec mes outils en tant que démo. Et déjà cela m’avait demandé pas mal de temps ; l’équilibrage, l’harmonie et les niveaux de volume qui évoluent au sein du morceau.

Est-ce que ce titre complexe était une ambition que tu avais depuis longtemps ?
En fait, je suis très intéressé par la musique de film. J’aimerais beaucoup, un jour si j’en ai l’opportunité, composer pour le cinéma ou même dans le jeu vidéo. Donc oui, c’est quelque chose que j’ai toujours voulu faire, et l’avoir réalisé avec THERAPHOSA c’est encore plus cool.

Je pense à Francis qui a dû lui aussi beaucoup s’investir dessus, quel a été sa réaction quand tu lui en as parlé la première fois ?
Cela l’a intéressé, il a travaillé dessus avec la même intensité que les autres morceaux. On s’est juste bien organisé, comme il y avait beaucoup d’instruments ne pouvant être enregistrables en live, je lui ai alors envoyé mes fichiers au préalable.

Votre pochette est très sobre par rapport à ce qui se fait dans le metal en général, est-ce que vous avez voulu vous démarquer ?
Il y a une volonté de se démarquer c’est certain, comme tous les groupes. Mais pour nous le choix de cette pochette est lié à l’héritage culturel français. Nous sommes connus dans le monde entier pour être le pays de la gastronomie, et aussi celui de la haute couture. En tant que groupe français nous avons voulu mettre cette élégance en avant, de la même manière que les groupes norvégiens, suédois ou islandais utilisent leurs racines, leur imagerie viking, leurs runes, leur histoire tout simplement. Notre motivation était de faire une cover sobre, telle qu’on pourrait la retrouver dans un magazine de mode.

Quels sont maintenant vos projets à moyen et à long terme ?
A moyen terme ça serait de pouvoir reprendre les concerts, car avant le confinement nous avions des dates prévues qui malheureusement ont été annulées. Nous devions aussi faire notre promo au Hellfest, pour nous c’était une première et nous étions très contents. A long terme, j’aurais envie de te dire que ça serait de préparer le deuxième album.

J’allais justement y venir, avez-vous déjà du nouveau matériel et êtes-vous dans un processus de création permanante ?
Nous avons des morceaux de prêts, et d’autres en construction. Dans le groupe il n’y a pas vraiment de moment où cela s’arrête, il y a toujours de la création régulière. Mais cela ne veut pas dire que toutes les idées seront menées jusqu’à leur terme.

Avant de fonder THERAPHOSA avec ton frère Matthieu, as-tu connu d’autres formations musicales ?
Je n’ai jamais vraiment eu de vraies formations, c’étaient plutôt des jams avec des potes de l’époque, sans être suffisamment sérieux à mon gout. Et c’est pour cette raison que j’ai fait un groupe avec mon frère.

A ce sujet, comment avez-vous tous les deux découvert le hard rock, le metal ?
C’est mon père qui m’a fait découvrir cela. Pas directement le metal, mais quand j’étais petit il me faisait écouter du hard rock, ses vinyles d’AC/DC par exemple. Et comme j’ai baigné là-dedans cela m’a mené naturellement au metal. Tu commences par AC/DC et en creusant, tu découvres d’autres formations. Le groupe qui m’a vraiment ouvert les portes du metal quand j’étais plus jeune c’est SLIPKNOT, pour aller vers d’autres styles par la suite. Et mon frère a surtout découvert le metal avec moi.

J’imagine qu’il s’est aussi mis à la musique par ton biais ?
Il s’est mis à la basse en voyant que j’avais du mal à trouver une formation avec laquelle je pouvais avoir un projet sérieux. Par la suite, il a développé ses propres goûts, qui sont beaucoup plus larges que les miens on va dire, il s’est notamment beaucoup intéressé au funk.

Et avoir son propre frère dans son groupe est pour toi un avantage ?
Nous avons tous les deux de très bons liens, c’est donc très simple pour nous de travailler ensemble. On se connait tellement bien que l’on peut savoir quand c’est le moment ou pas.

Est-ce que le confinement a eu une influence sur toi artistiquement parlant ? Et en ces jours de déconfinement te sens-tu libéré ?
Non cela n’a rien changé pour moi, il faut savoir que je suis déjà tout le temps confiné. Je suis quelqu’un d’assez casanier, et je ne sors qu’en cas d’absolue nécessité. La seule chose que cela a impacté c’est le groupe, avec les concerts déprogrammés et le clip que nous avons dû faire "maison". Actuellement, nous attendons de savoir si ces dates seront reprogrammées, et pour cet album je ne pense pas qu’il y aura un autre clip.

Pour terminer...
J’aimerais te remercier pour tes questions, et j’espère que l’album plaira à tous ceux qui l’écouterons.
 

Blogger : Jérôme Graëffly
Au sujet de l'auteur
Jérôme Graëffly
Nourri dès son plus jeune âge de presse musicale, dont l’incontournable HARD FORCE, le fabuleux destin de Jérôme a voulu qu’un jour son chemin croise celui de l'équipe du célèbre magazine. Après une expérience dans un précédent webzine, et toujours plus avide de nouveautés, lorsqu’on lui propose d’intégrer l’équipe en 2011, sa réponse ne se fait pas attendre. Depuis, le monde impitoyable des bloggers n’a plus aucun secret pour lui, ni les 50 nuances de metal.
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