20 août 2020, 18:20

QUEENSRYCHE

• "Empire" (1990 - Retro-Chronique)

Album : Empire

Nous sommes (déjà !) en 2020 et cet album fête ses... 30 ans !

Lorsque sort ce nouvel album le 20 août 1990 (le 4 septembre aux USA), QUEENSRŸCHE a déjà une solide discographie derrière lui, du prometteur et novateur « The Warning » en 1984 – précédé d’un EP éponyme l’année précédente qui les avait introduits de fort belle façon dans le monde du hard rock, puis d’un « Rage For Order » (1986) faisant presque figure d’O.V.N.I. alors que l’heure était soit au glam le plus fardé, soit au thrash le plus vindicatif et, surtout, du référentiel et jamais égalé concept-album « Operation: Mindcrime » en 1988. Conscient qu’il a fait jusque-là un sans-faute et qu’il est attendu au tournant par les habituels détracteurs de tous poils, le quintet se met en tête de vouloir truster les premières places des classements avec « Empire ». Et il va le faire, renvoyant les pisse-vinaigre à leurs rêveries acerbes. Sweet dreams, you bastard(s)...

Le génial guitariste Chris DeGarmo fait encore partie de la bande et il est présent à la composition sur la majorité des titres (9 sur 11), signant seul le morceau d’ouverture, "Best I Can", un titre évoquant d’une manière intelligente la possession d’armes à feu et ses ravages. Toujours abonné aux chœurs classieux des sieurs DeGarmo et du bassiste Eddie Jackson, aux parties de guitares d’une grande sophistication où Michael Wilton et DeGarmo – toujours lui – rivalisent de maestria sur toutes les chansons, « Empire » aligne les morceaux de bravoure tels "The Thin Line", "Jet City Woman" et la chanson-titre "Empire", qui se veut le premier des quatre singles qui en feront la promotion. Ajoutez quelques chansons douces à l’image de "Another Rainy Night (Without You)", "Hand On Heart", sans oublier la délicate "Silent Lucidity", et vous obtenez la recette miracle. Cette dernière bénéficie d’ailleurs de la présence du chef d’orchestre Michael Kamen pour ses parties orchestrales, connu notamment pour avoir été à la direction de l’orchestre symphonique sur l’album « S&M » de METALLICA. Avec le vent en poupe, l’ère MTV à son apogée, le groupe originaire de Bellevue, dans l'Etat de Washington, est logiquement nominé pour diverses récompenses, dont les très convoités Grammy Awards. Il en remporte une flopée, vend des palettes entières de sa nouvelle cuvée (qui sera certifiée platine en 1994 avec plus de 3 millions d’exemplaires écoulés) et se classe comme prévu sur les marches hautes du Billboard Top 200, 7e de cordée précisément. Non seulement, QR pour faire code, se permet de sortir un deuxième – futur – classique tout en ne refaisant absolument pas la même chose de disque en disque mais commet en plus avec celui-ci, son plus important succès commercial.



​Suivra le très (et trop) sous-estimé « Promised Land » en 1994, avant que la popularité du groupe ne se mette à décroître, les disques suivants étant de moins en moins convaincants, alors que les vagues successives du grunge et du nu-metal ont redéfini la donne. Et si ce qui s’avérait être une force, à savoir se réinventer à chaque disque, deviendra finalement une tare. Jamais QUEENSRŸCHE ne retrouvera le sommet qu’il a atteint durant ses dix glorieuses malgré des disques parfois bancals mais qui se tiennent. On pense là notamment au dernier en date, « The Verdict ». En 2012, le départ avec pertes et fracas du formidable chanteur Geoff Tate, suivi d’une brouille mémorable et juridique que la presse se fera une joie de relayer, signera presque le glas d’un groupe unique en son genre, mais c’est sans compter sur l’arrivée du mimétique Todd La Torre au micro qui lui a permis encore à ce jour de continuer contre vents et marées, la tête haute et sans avoir à rougir de sa trajectoire.

Plusieurs rééditions de cet album ont vu le jour mais l’édition anniversaire pour célébrer les 20 ans de sa sortie est un achat obligatoire pour les fans, incluant trois titres bonus et un disque supplémentaire où l’on retrouve un concert donné le 15 novembre 1990 dans un Hammersmith Odeon londonien survolté.

Pour aller plus loin :

« The Warning » (1984)
« Rage For Order » (1986)
« Operation: Mindcrime » (1988)
« Promised Land » (1994)


Blogger : Jérôme Sérignac
Au sujet de l'auteur
Jérôme Sérignac
D’IRON MAIDEN (Up The Irons!) à CARCASS, de KING’S X à SLAYER, de LIVING COLOUR à MAYHEM, c’est simple, il n’est pas une chapelle du metal qu'il ne visite, sans compter sur son amour immodéré pour la musique au sens le plus large possible, englobant à 360° la (quasi) totalité des styles existants. Ainsi, il n’est pas rare qu’il pose aussi sur sa platine un disque de THE DOORS, d' ISRAEL VIBRATION, de NTM, de James BROWN, un vieux Jean-Michel JARRE, Elvis PRESLEY, THE EASYBEATS, les SEX PISTOLS, Hubert-Félix THIÉFAINE ou SUPERTRAMP, de WAGNER avec tous les groupes metal susnommés et ce, de la façon la plus aléatoire possible. Il rejoint l’équipe en février 2016, ce qui lui a permis depuis de coucher par écrit ses impressions, son ressenti, bref d’exprimer tout le bien (ou le mal parfois) qu’il éprouve au fil des écoutes d'albums et des concerts qu’il chronique pour HARD FORCE.
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