En presque 30 ans de carrière, KATAKLYSM a su rester une valeur sûre dans le domaine du death metal. Les Canadiens assurent leur pérennité grâce à un son unique, une touche mélodique imparable et une efficacité redoutable. Avec la sortie du quatorzième album « Unconquered », le groupe repousse encore plus loin ses horizons tout en gardant son âme authentique. En attendant de découvrir cette nouvelle bande-son et de pouvoir apprécier sa musique sur une scène française que KATAKLYSM aime particulièrement, le guitariste et tête pensante Jean-François Dagenais nous présente avec grande générosité ce que qui se cache derrière « Unconquered ».
Alors content de la sortie de ce quatorzième album ?
Jean-François Dagenais : Oui, c'est incroyable en fait de te dire qu'on en est déjà à ce stade dans notre carrière ! Tu te lèves un matin et tu te dis : « Tiens, je sors mon quatorzième album ! ».
Le temps passe vite !
Oui, c'est fou ! On va célébrer les 30 ans de carrière de KATAKLYSM ! On a fait tellement de trucs mais pour moi, c'est allé trop vite !
Il y a plein de sorties d'albums qui sont repoussées mais il semble que celle de « Unconquered » soit dans les temps prévus, non ?
Oui, en fait, la maison de disques voulait repousser la sortie de l'album à l'an prochain, mais on a refusé du fait qu'on a fini l'enregistrement au mois de décembre. On voulait donc le sortir au printemps et partir en festivals cet été pour le présenter et faire le tour du monde à l'automne et l'hiver, mais là les plans sont un peu chamboulés. La maison de disques nous a dit que c'était un super album, probablement le meilleur de KATAKLYSM, donc il vaudrait mieux le sortir en 2021 pour le promouvoir comme il faut. Mais on a vraiment voulu le sortir cette année car il nous semblait que le temps entre l'enregistrement et la sortie était trop long sinon. Et puis on pense que les gens ont vraiment besoin de trucs pour se divertir ces derniers temps et nos fans attendent vraiment notre nouvel album. Donc le moment est parfait. C'est une très bonne aide pour les gens. Pour nous, la musique, c'est comme une méditation, c'est pour ça d'ailleurs que notre précédent album s'appelle « Meditations », ce n'est pas parce qu'on fait du yoga ! Pour nous, c'est vraiment une thérapie et je pense que les gens ont également besoin de cet exutoire, surtout cette année.
Et puis les fans auront du coup encore plus de temps pour découvrir l'album avant de l'entendre en live...
Oui, c'est ça. Je suis sûr que nos fans connaîtront l'album de A à Z lorsqu'ils viendront nous voir en concert.
Il n'y a pas eu trop de pression pour cet album car les précédents ont cartonné, il faut faire au moins aussi bien ?
Non, car je trouve que « Unconquered » est vraiment spécial. Maurizio (Iacono, le chanteur) et moi avons vraiment pris les rênes de cet album, comme au bon vieux temps. On a retrouvé la magie d'écrire de la musique tous les deux. Je crois que ça s'entend d'ailleurs sur l'album. Et puis je suis passé d'une guitare six cordes à sept cordes, ça apporte vraiment de la pesanteur à la musique, j'ai d'ailleurs hâte de lire les commentaires des gens à ce propos !
Ah oui, c'est sûr que ça donne une sacrée lourdeur, une belle prestance !
Oui, c'est ça et il semble que cela fasse l'unanimité au sein des médias en tout cas si j'en crois les commentaires des journalistes avec lesquels je fais les interviews dans le monde entier. J'espère que les gens prendront plaisir à écouter cet album.
Alors quels sont ces horizons encore "non conquis" que vous évoquez sur l'album ? Est-ce une volonté d'aller toujours de l'avant ?
C'est un peu une manière de dire qu'après 30 ans de carrière, on est toujours là et toujours forts, même si on nous a parfois mis pas mal de bâtons dans les roues. En plus, étant Canadiens, on n'avait pas l'avantage de venir de la Suède ou de la Floride. Cela n'a pas été à notre avantage pour faire une carrière dans le metal. Mais on est toujours là !
Qu'est-ce qui vous inspire pour écrire ?
On se sert de notre vie de metalleux de 40 ans. KATAKLYSM, c'est toute notre vie, on a eu la chance d'en vivre depuis le début, donc on ne connaît pas vraiment d'autres métiers. Ce n'est pas juste une passion, c'est une manière de vivre. C'est ce qu'on explique en musique. On trouve qu'on est tellement chanceux de faire ce que l'on fait, on se donne à 200%. On essaye de redonner à nos fans toute l'énergie qu'ils nous ont transmise. On est peut-être pas les meilleurs musiciens mais on met du cœur à ce qu'on fait.
« Unconquered » est un album qui va droit dans le mille, bien sûr, avec le côté brut de KATAKLYSM comme sur "The Killshot", par exemple. Mais il y a aussi de gros passages mélodiques comme sur "Cut Me Down". On a l'impression que cela devient une véritable ligne de conduite au fur et à mesure des albums.
Oui, c'est important pour nous. On aime beaucoup l'agressivité et les grooves, les parties qui ont du rythme, on aime les mélodies. C'est comme un art de placer tous ces détails aux points stratégiques de nos chansons. Quand on écrit, il y a une partie de spontanéité, mais il y aussi la stratégie de positionner nos éléments phares aux bons endroits dans la musique. C'est l'expérience de notre carrière qui nous permet de placer tous ces éléments dans les bonnes cases.
Est-ce que tu peux nous parler de la pochette de l'album avec la "Bête" qui revient après 10 ans d'absence sur vos visuels ?
Oui, c'est notre mascotte et on trouvait qu'elle marchait bien. La ramener maintenant, c'est pour dire que l'album est fort, KATAKLYSM est encore plus fort. Ça va bien avec le titre « Unconquered », la musique et les paroles. Au départ, je ne voulais pas ramener des éléments du passé car j'aime bien regarder vers l'avenir, mais quand j'ai vu les ébauches de pochette avec la Bête, je me suis dit qu'il fallait vraiment qu'on la fasse revenir, elle a toute sa place !
Tuomas Saukkonen de WOLFHEART apparaît en guest sur l'album. Comment vous est venue l'idée de lui proposer une collaboration ?
C'est un de nos grand ami et Maurizio a vraiment décidé de prendre WOLFHEART sous son aile. Il trouve que le chanteur a une super voix et qu'elle était parfaite pour "Cut Me Down". Il y amène vraiment sa touche personnelle. C'est une bonne collaboration.
Vous êtes des habitués du live et des festivals, notamment du Hellfest, mais cette année, c'est compliqué...
Oui, on avait quelque chose comme 15 festivals de prévus cet été et on espère vraiment pouvoir jouer au Hellfest très bientôt ! On l'a fait plusieurs fois et même une année, on était programmés en même temps qu'IRON MAIDEN, donc j'avais vraiment peur que personne ne vienne voir notre concert. Même moi, j'avais envie d'aller voir MAIDEN ! Mais les fans ont été super et il y avait quelque chose comme 10 000 personnes sous la tente ! Ce sont toujours des moments géniaux.
Tu penses qu'être francophone, ça aide avec le public français ?
Oui absolument ! Même si les gens nous traitent de caribous avec notre accent ! Mais on a une réelle complicité avec les Français. Les fans viennent souvent sur scène avec nous, il y a du stage-diving partout ! C'est top ! Et souvent, après les concerts, on retrouve nos fans au bar à côté et on discute. Nous adorons ces moments de partage. Et ça nous manque !
Et du coup, comme il n'y a pas de live programmé dans les semaines à venir, vous avez prévu de faire un peu de livestreams comme d'autres groupes en ce moment ?
Oui, on doit faire un livestream avec les nouvelles chansons, mais le problème c'est que deux d'entre nous vivent au Canada et deux autres dans deux états différents des Etats-Unis. Je suis à Dallas et Maurizio à Chicago. Donc on a du mal à se voir pour jouer ensemble, surtout avec les conditions actuelles de circulation. Mais l'idée est dans nos têtes. On se tient au courant !