
L’année 2001 fût l’année du choc des civilisations, dans tous les sens du terme. Niveau culturel le nu-metal offrit la confirmation d’un groupe. SYSTEM OF A DOWN accoucha, avec son deuxième album, d’une perle sonique : « Toxicity ».
"Prison Song" explose les barreaux normatifs et pousse le groupe plus loin que le premier album l’avait fait. Frappe des plus énervée et riffs à la lourdeur du plomb fondu, Serj Tankian, le derviche metalrménien lâche des growls de fauve en arpentant les jungles urbaines. Par moments, c’est Titi qui vire le Gros Minet pour se saisir du micro. Musique hardcore pour chant schizophrénique, SYSTEM OF A DOWN menace directement votre morosité routinière. Le texte ? Il est toujours plus enragé et engagé. La politique mondialisante est égratignée par des riffs acérés, piétinée par des rythmiques tribales, des "Deer Dance". Et pourtant... le tout conquiert l’auditoire aisément. Grâce à des breaks magiques, aussi intenses que ceux d’un groupe royal déjà évoqué dans la chronique précédente.
Et il y a toujours des hits. Et des crashs. Ce "Jet Pilot", speed, extrême et excentrique, qui sera rattrapé par l’actualité du 11 septembre alors même qu’il atterrit directement dans le cœur des fans. Et il y a la bombe ultime, "Chop Suey". Une architecture musicale inimaginable, où l’agressivité se dispute à la poésie pure. Caisse d’une clarté inouïe, riffs qui s’emballent et échappent à tout contrôle, chant intemporel, SYSTEM OF A DOWN devient le chantre du "no limit metal". Une fois assimilée cette dualité, nous chanterons longtemps le refrain aérien de "Chop Suey".
« I don't think you trust
In, my, self-righteous suicide
I, cry, when angels deserve to die, die »
Toujours cette dualité qui n’en finit plus, pour notre plus grand plaisir je précise. "ATWA" (Air Trees Water Animals), ou quand Captain Cavern se gargarise sur une mélodie de piments pépères. Frais et piquant comme un chewing gum goût donër kebab... "Forrest", une industribale complainte sur l’exploitation de l’innocence, sur fond de cordes vocales violentées, et de guitares déchirantes de l’expression même de la révolte.
Si les riffs sont de metal pesant, si la rythmique est une frappe effrontée, SYSTEM OF A DOWN n’oublie pas les apports ethniques aussi incongrus que délicieux. Une musique qui a du bon sens, du bon "Science".
"Toxicity". La peinture au vitriol musical d’un monde déliquescent se sert de la magie 2.0. Des tableaux électriques désabusés, des volutes de fumée irisée qu’un Gainsbourg punkoide thrasherait sur les épaules du monde. Magie, vous avez dit magie ? SYSTEM OF A DOWN nous rappelle au travers des cordes cristallines de Daron Malakian que dans "désespoir" il y a une part... d’"espoir".
« When I became the sun
I shone life into the man's hearts »
Quand vous croyez avoir tout vu, ou entendu, déboule "Aerials". Mon dieu quel titre ! Les kleenex sont les bienvenus parmi les attaques lourdes en riffs et le grondement d’une basse abyssale. Le refrain monte, monte, monte, jusqu’à atteindre l’orgasme auditif. Serj Tankian a fracassé le mur du son. Définitivement.
SYSTEM OF A DOWN est venu, nous l’avons entendu, et nous avons été détendus du slip. Il y aura eu un avant et un après « Toxicity ». 2001, une année noire pour le monde, mais une Apocalypse positive pour le monde du metal. Une Apocalypse free jazz metal ethnique exécutée de chant de maître par un groupe hors normes !