Se caler un nouvel album de NAPALM DEATH entre les oreilles, c'est un peu comme revoir ce bon vieux copain qu'on a laissé au bord du quai voilà trop longtemps, persuadé au fond que ces adieux ne seraient que temporaires. Et pile-poil cinq ans après un « Aprex Predator - Easy Meat » de fort bonne tenue, le voilà donc qui revient pour la seizième fois, une nouvelle fois armé de son indécrottable grindcore bourré de death metal, garanti 100% brut et viscéral.
Qu'attendre encore de NAPALM DEATH, véritable AC/DC du grindcore, trente-cinq ans après son auguste conception et ses albums qui incarnent la quintessence du metal le plus extrême ? Plus grand-chose à vrai dire tant la formation est emblématique, synthétisant à travers sa discographie touffue une conception du genre maintes fois plagiée par d'autres mais jamais égalée, toujours respectée par une horde de fans éparpillée aux quatre coins du globe. « Throes Of Joy In The Jaws Of Defeatism » ne déroge donc pas à la règle tant il est le garant d'une tradition qui ravira petits et grands bouchers. Que ce soit sur ses textes toujours portés sur une revanche sociale qu’il tient du haut de ses bras depuis très longtemps, la production titanesque signée Russ Russell (AMORPHIS, BRUJERIA, DIMMU BORGIR et tellement d’autres), la prestation vocale bluffante de Barney ou l'impeccable mise en place d'une section rythmique aux abois, tout ici n'est que gage d'une maîtrise insolente. Mais tout cela ne serait pas possible sans la présence de ces deux artisans dévoués que sont Shane Embury et Mitch Harris, présents dans le groupe depuis ses premiers balbutiements…ou presque. Deux hommes de l'ombre, redoutables techniciens, qui confèrent au groupe une authenticité dont peu de leurs pairs peuvent se prévaloir, qui garantissent cette alchimie sans laquelle un album de NAPALM DEATH ne serait qu'un album de metal extrême parmi tant d'autres.
Et une fois de plus, le clan de Birmingham accouche d'un monument de brutalité. Vocaliste en fusion, batteur possédé, paire de gratteux qui enchaîne riffs mammouth sur breaks nucléaires, bassiste aux abois : n'en jetez plus, la coupe est pleine. « Throes Of Joy In The Jaws Of Defeatism » n'aurait d'ailleurs pas pu être mieux intitulé puisqu'il il annihile à grand coup de décapeuse automotrice les esgourdes les plus endurcies sur douze morceaux torchés en quarante-deux minutes. Mortel. Et les rares moments plus calmes, c'est relatif, comme sur "Joie de ne pas Vivre" doté de bons gros mid-tempo bourrés d’indus ne font pas longtemps illusion : l'accalmie n'est pas au programme. Du tout même... mais comment cela pourrait-il en être autrement à la vue de titres prémonitoires comme "Contagion" ou "Fuck The Factoid" ?
NAPALM DEATH mêle donc sur ce dernier album tout ce qui se fait de mieux en matière d'intransigeance sonore : grindcore, death metal et hardcore, le tout concassé dans une production façonnée à grands coups de silex dans le mixer. Cela s'appelle un carnage, un vrai carnage. Et merci au passage messieurs.
