24 septembre 2020, 18:15

MEGADETH

• "Rust In Peace" (1990 - Retro-Chronique)

Album : Rust In Peace

Nous sommes (déjà !) en 2020 et cet album fête ses... 30 ans !

Vous connaissez tous le principe des groupes qui doivent concrétiser ou trépasser à la sortie de leur troisième album ? L’étudiant MEGADETH lui, a passé le test en 1988, sinon haut la main, du moins avec les honneurs pour son album « So Far, So Good… So What! ». Conscient d’avoir été admis grâce au repêchage (parce que c’est pas non plus un chef-d’œuvre le truc, faut l’avouer), la formation créée en 1983, presque par accident pourrait-on dire suite à ce que vous savez et on ne va pas refaire le match comme dirait l’autre, va sortir le 24 septembre 1990 tout simplement l’un des meilleurs albums de metal de tous les temps, et j’insiste sur la dénomination générique. Un truc de thésard, du méga-lourd. Ensuite, plus rien ne sera pareil car il y a eu un avant et un après « Rust In Peace ». Alors arrêtons-nous un moment sur le pendant si vous le voulez bien et… suivez l’guide !

Presqu’entièrement écrit et coproduit par le roux chanteur-guitariste, il est le premier album d’une série de quatre ayant pour line-up – le classique pour beaucoup – avec outre le susnommé, Dave Ellefson à la basse, Marty Friedman à la guitare (à ne pas confondre avec un autre Marty, Feldman en l’occurrence, les deux n’ayant rien, mais alors rien à voir ensemble) ainsi que le regretté batteur Nick Menza, parti bien trop tôt en 2016. Avant de poser l’album sur sa platine, on profite de la superbe illustration de l’artiste Ed Repka qui collaborera en tout à 6 reprises pour MEGADETH. Si, pour l’occasion, l’élégamment vêtu Vic Rattlehead attire les regards en premier lieu, on reconnaît derrière lui de célèbres figures du monde politique d’alors. Si Gorbatchev et George Bush Senior sont aisément reconnaissables, tout le monde ne peut pas se targuer d’avoir reconnu au premier coup d’œil – moi le premier, j’avais 14 ans à cette époque et je m’en carrais grave des gonzes assis derrière la boîte à Roswell chère à Jacques Pradel. Les stars Vivid j'aurais su par contre – John Major, alors Premier ministre du Royaume-Uni, son homologue japonais Toshiki Kaifu ainsi que le Président de la RFA, Richard Von Weizsäcker. Le club des cinq est assis dans ce qui semble être le mythologique Hangar 18 situé dans l’ultrasecrète Zone 51 aux Etats-Unis où serait stocké tout ce qui a trait à une (éventuelle) vie extraterrestre.

« ET LA ZIC ALORS ???!!! » Oh ça va hein, mollo j’y viens. Si le morceau "Take No Prisoners" n’arrive qu’en troisième ligne de front, le positionnement de MEGADETH fait clairement référence au titre de cette chanson et ce, dès la première seconde : « PAS DE QUARTIER !!!! » De plus, une sorte de fil rouge relatif à la guerre fait le lien entre certains morceaux. Déjà avec la bluette citée ci-dessus, mais également à travers les paroles de la double mandale supersonique "Holy Wars… The Punishment Due" et "Hangar 18". Le premier titre évoque entre autre la question de la guerre en Irlande, un pays qui a vu Dave Mustaine rallier Dublin en bus blindé suite à des propos tenus en 1988 lors d’un concert à Atrim, en Irlande du Nord, et où il enjoignit – bien bourré faut-il le préciser ? – de « rendre l’Irlande aux Irlandais » avant le morceau "Anarchy In The U.K. ". Baston dans la salle entre catholiques et protestants, menaces de mort, la tournée des barres. Pour le second, comme dit précédemment, le hangar numéroté 18 se trouvant Zone 51 est un périmètre militaire qu’aucun civil ne peut approcher. Essayez donc de mettre un pied derrière la ligne de démarcation de cette zone tiens pour voir ce qu’il se passe… Le peu de paroles évoquent la présence d’un ordinateur contrôlant le monde, mais on s’en fout, le principal se situant dans l’échange de soli extraterrestres auquel s’adonnent Mustaine et Friedman.



​Côté album, on a déjà morflé sévère avec ces trois premières bastos collées direct entre les deux yeux et curieusement ensuite, les paroles de la speedée "Five Magics" s’inspirent… d’un roman d’heroic fantasy. Et pourtant, la magie opère ! Mustaine n’a jamais caché ses démons et ses addictions diverses aux drogues et à l’alcool. Nouvel exemple avec "Poison Was The Cure" au sujet de l’héroïne, à l’instar de "502" sur l’album précédent, le code utilisé par la police pour signaler une conduite en état d’ébriété. Retour aux fantômes pour "Lucretia" qui, avec son petit rire démoniaque, narre les faits paranormaux auxquels auraient été confrontés Dave Mustaine dans son grenier. Brrrr…. Jusque-là, on aura remarqué que ça tricote sévère côté manche entre les deux guitaristes, loin d’en être eux-mêmes, et qu’ils se livrent à des joutes défiant l’entendement et où la vélocité du commun des gratteux est remise en question. Ou comment se tirer la bourre sans être bourré (je me marre tout seul à la vanne). On acoquinera le slogan « Faites l’amour, pas la guerre » en tant que sous-titre à la sentimentale "Tornado Of Souls" évoquant une rupture dans un couple. Un sujet banal et honnêtement, on s’en fout, mais là encore, la maestria de Friedman éclabousse l’auditeur avant que sa six-cordes ne se taise pour "Dawn Patrol", où le chanteur déclame d’une voix d’outre-tombe les ravages de l’homme sur la nature et la pollution qu’il engendre (l’homme hein, pas Mustaine). Une chanson en forme d’interlude soutenue uniquement par un duo basse-batterie avant d’en arriver à la composition la plus détestée de l’entreprise Frameto, "Rust In Peace… Polaris". Une ode à la dénucléarisation et un titre en deux parties distinctes séparées de quelques secondes. Et pour la neuvième fois en 40 minutes, quelle dérouillée !

Ouvertement politique dans une large partie, « Rust In Peace » est un réel chef-d’œuvre, le genre d’album qu’on se doit d’enseigner à l’université du metal. A sa sortie, il pose son rouillé séant à la 23e position du Billboard US, pas le moindre des exploits pour un disque aussi extrême, et devient platine en 1994 (1 million d’exemplaires vendus). Dernier faits d'armes, il sera nommé deux ans de suite dans deux catégories aux Grammy Awards. Un disque à ranger aux côtés des pierres angulaires que sont les « Master Of Puppets », « Reign In Blood » ou encore « The Blackening », bien des années plus tard. Remasterisé en 2004 et agrémenté de quelques titres bonus dispensables venant s’y greffer afin de justifier un rachat pour les fans, il est décliné en 2010 aux formats CD et DVD savamment intitulés… « Rust In Peace Live » afin de célébrer les 20 ans de ce blitzkrieg sonique. Il a été enregistré lors d’une soirée au Palladium d’Hollywood, un club situé non loin de ceux ayant vu MEGADETH commencer sa carrière. L’album y est joué dans l’ordre et dans son intégralité (l’extrait vidéo ci-dessous est issu de cette soirée) et se voit complété pour la bonne bouche de 6 titres supplémentaires. Pour ceux que ça intéresse, l'expérience a été rééditée pour l’album « Countdown To Extinction ».

Pour aller plus loin :
Comme je l’ai écrit dans la rétro-chronique du « The Razor's Edge » d’AC/DC, n’importe quel album de sa discographie riche de 15 albums en studio ! Ils sont tous très différents, ont divisé parfois, séduit les audacieux, rebuté les pisse-froid, mais chacun a son charme et ses qualités bien qu’ils ne soient pas tous exempts de titres en demi-teinte. Et puis, juste pour en faire braire certains et que j’adore tout ce que MEGADETH a fait, voici un choix personnel (et subjectif), mais c’est moi qui écris et je fais c’que j’veux !

« Cryptic Writings » (1997) : avec l’imparable "She-Wolf" ou l’hymne "Trust".
« Risk » (1999) : le plus... risqué des albums du groupe. Très bon et à écouter dans son ensemble.
« The World Needs A Hero » (2001) : l’excellent "Dread And The Fugitive Mind" notamment y figure.
« Rude Awakening » (2002) : premier live, donc document avec Jimmy DeGrasso à la batterie et Al Pitrelli à la guitare.
« The System Has Failed » (2004) : "Die Dead Enough" ! "Kick The Chair" !
« United Abominations » (2007) : comment résister à la folie finale de "Burnt Ice" par exemple ?
« Endgame » (2009) : l’intro instrumentale "Dialectic Chaos" et "1,320" valent à eux-seuls l’achat. Shred ‘til death!!!


Blogger : Jérôme Sérignac
Au sujet de l'auteur
Jérôme Sérignac
D’IRON MAIDEN (Up The Irons!) à CARCASS, de KING’S X à SLAYER, de LIVING COLOUR à MAYHEM, c’est simple, il n’est pas une chapelle du metal qu'il ne visite, sans compter sur son amour immodéré pour la musique au sens le plus large possible, englobant à 360° la (quasi) totalité des styles existants. Ainsi, il n’est pas rare qu’il pose aussi sur sa platine un disque de THE DOORS, d' ISRAEL VIBRATION, de NTM, de James BROWN, un vieux Jean-Michel JARRE, Elvis PRESLEY, THE EASYBEATS, les SEX PISTOLS, Hubert-Félix THIÉFAINE ou SUPERTRAMP, de WAGNER avec tous les groupes metal susnommés et ce, de la façon la plus aléatoire possible. Il rejoint l’équipe en février 2016, ce qui lui a permis depuis de coucher par écrit ses impressions, son ressenti, bref d’exprimer tout le bien (ou le mal parfois) qu’il éprouve au fil des écoutes d'albums et des concerts qu’il chronique pour HARD FORCE.
Ses autres publications

1 commentaire

User
Mickael Neumann
le 26 sept. 2020 à 15:35
Complètement d'accord sur la bonne qualité de TOUTE la discographie du groupe, je suis fan, au même titre que Maiden et Metallica, mes groupes de jeunesse !
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