31 octobre 2020, 10:33

FEVER 333

• Interview Jason Aalon Butler

Formé en 2017 à Inglewood en Californie, FEVER 333 est composé du trio Jason Aaron Butler au chant, l'ex-THE CHARIOT Stephen Harrison à la guitare et le batteur de NIGHT VERSES Aric Improta. Avec le soutien du batteur et producteur Travis Barker et de chanteur/guitariste John Feldmann, FEVER 333 sort son premier single "We Coming In", accompagné d'un clip vidéo en août 2017. La musique du groupe fusionne entre punk-rock et hip-hop que Butler décrit comme étant tous deux enracinés dans la subversion, citant de nombreuses influences comme RAGE AGAINST THE MACHINE, PUBLIC ENEMY et BLACK FLAG. Les textes abordent des thèmes politiquement et socialement conscients tels que le racisme, le sexisme et l'homophobie et c'est à l'occasion de la sortie de l'EP « Wrong Generation » que nous avons souhaité en discuter avec Jason Aaron Butler... Entretien avec un musicien qui adore l'art et le progrès, et qui est prêt à repousser certaines limites s'il le juge nécessaire !
 

Salut Jason, nous en doutons un peu mais pourrais-tu en quelques mots présenter FEVER 333 pour ceux qui ne connaîtraient pas encore ton groupe et ses influences musicales ?
J’ai fondé FEVER 333 il y a 3 ans, avec l’appui de Travis Barker de BLINK-182 et de John Feldman de GOLDFINGER. Nos influences viennent essentiellement de nombreux groupes de gangsta-rap de la côte-ouest, du punk-rock, de représentations live également. Tout cela se ressent dans les compositions de FEVER 333.

Nous pouvons effectivement ressentir cette influence rap et punk avec les titres du 1er album. On aimerait que tu nous parles de cet EP « Wrong Generation » qui vient de paraître...
Le 25 mai dernier, George Floyd a été assassiné par la police à Minneapolis. Il y a eu beaucoup de protestations, de manifestations dans toute l’Amérique, particulièrement là où je vis, à Los Angeles. Pendant 13 jours j’ai pris part à cette révolte, puis au 14e jour j’ai éprouvé le besoin d’écrire sur tout cela. Je suis entré en studio, j'ai appelé Travis et John, qui sont les producteurs du groupe aujourd’hui, et nous avons écrit le premier morceau de cet EP, ''Bite Back''. Durant les 7 jours qui ont suivi, j’ai écrit le reste du mini-album. Un morceau chaque jour, narrant l’ensemble de ces 13 journées passées à observer ce qui se déroulait dans les rues, les injustices et la révolte, mais au final ce sont 34 ans d’expérience de vie qui sont relatées ici.

Pouvons-nous définir FEVER 333 comme un groupe réellement engagé ?
Tout à fait. L’idée du racisme, de l’injustice au sens large, représente une Amérique qui souffre et qui influence le reste du monde. Une grande partie de nos titres abordent ces sujets sociaux et politiques, et tiennent à rappeler le pouvoir potentiel qui est entre les mains des individus.

Vous êtes sensibles aux contextes sociaux et politiques, souhaitez-vous toucher les auditeurs pour les amener à changer certaines choses ?
C’est le but, oui. Cet activisme peut, et je l’espère, aider les gens à agir. En tant qu’artiste, mais aussi en tant que personne, j’essaie de m’engager et faire les choses en lesquelles je crois. Avec mon groupe, et en dehors, je fais tous les efforts qui sont en mon pouvoir pour agir, et pas seulement pour mon propre bénéfice. Agir pour des jours meilleurs.

Tu as notre plus profond respect pour cela ! Jason, peux-tu nous parler un peu plus de ces 8 titres qui composent « Wrong Generation » ?
Oui, je veux que les gens sachent qu’il y a un endroit magnifique où les gens peuvent coexister sans abandonner leurs cultures ou leurs histoires. Je ne demande pas aux gens de s’intégrer, je leur demande de coexister. Nos cultures font de nous ce que nous sommes, et nous devons les préserver. Nous devons promouvoir cela contre le racisme et le suprémacisme. Je tiens à le préciser, c’est un processus douloureux qui demandera beaucoup de sacrifices, de difficultés à surmonter, mais ce sera un combat incroyable pour ceux qui veulent arriver à cet endroit magnifique de coexistence.

Le 1er single de l’EP à donc été ''Bite Back'', quel est son principal thème ?
''Bite Back'' parle du meurtre de George Floyd, meurtre qui a été le catalyseur. Notre génération a toujours été guidée par l’émotion et la solidarité. La mort de George Floyd a été un traumatisme médiatique, un totem, qui a réuni toutes les minorités de couleurs, mais aussi LGBTQ. J’estime que ces minorités ont une grande influence sur le monde, et qu’elles devraient s’en servir pour influencer également la politique gouvernementale.



Concernant l’enregistrement de l’EP, mais aussi sa promotion dans le contexte actuel de la crise sanitaire, comment vous êtes-vous organisés ?
Je suis parvenu à enregistrer dans le studio de John Feldman, et avec Travis Barker, tous deux étant nos producteurs, nous avons terminé l’EP en 8 jours. Cela montre qu’il est possible de réussir et d’être réactif malgré le contexte. En parallèle, nous avons planifié une tournée virtuelle avec une série de 6 concerts. John met sa technologie à notre service afin de rendre cela le plus réel possible. Il y a eu des meet and greet, des échanges avec les fans, des invités... j'ai pu faire du hip hop sur scène, vous avez même pu attendre toutes les fausses notes (rires), du vrai live en somme !

Vous avez joué plusieurs fois en France avec FEVER 333, à Paris, ainsi qu’au Hellfest, quels sont tes souvenirs de la France ?
J’ai adoré. J’aime la France, et Paris a une grande importance à mes yeux. J’y ai vécu des moments mémorables, professionnels et personnels. J’aime beaucoup la mentalité des gens, de la génération actuelle en particulier, qui aiment l’histoire des arts, qui ont un passé de mouvements subversifs pour les droits des hommes, on l’a vu encore récemment. J’aime ce comportement magnifique et nécessaire. Cela m’inspire... Continuez de faire les choses comme vous les avez faites jusque-là, soyez un exemple de comportement. Continuez de faire les choses pour autrui et montrez que l’on peut vivre dans un monde mettant en avant le social. Que l’on peut réussir dans cette voie et en tirer une grande fierté, ressentir une forme de pouvoir face au reste du monde. « Keep fighting back for the people », (« Continuez à vous battre pour le peuple »), car c’est nous qui avons le pouvoir et l’offrons aux dirigeants. Merci d’être un exemple pour nous Américains. •
 

Blogger : Christophe Scottez
Au sujet de l'auteur
Christophe Scottez
Chris est ethnologue à ses heures perdues, vétéran des pogo joyeux en maillots de core. Un explorateur curieux, grand amateur de riffs et de chants sauvages. Il a grandi dans les glorieuses années 80, bercé par les morceaux canoniques d’ACCEPT, SCORPIONS, MOTLEY CRUE et autres GUNS N ROSES. Traumatisé par le divorce entre Max Cavalera et son groupe, ainsi que par un album des Mets un peu «chargé» en n’importe quoi, Chris a tourné 10 ans le dos au hard rock. Puis, un jour, il a par hasard découvert qu’une multitude de nouveaux groupes avait envahi la scène … ces nouveaux sauvages offraient des sons intéressants, chargés en énergie. Désireux de partager l’émo-tion de ce style de metal sans la prétention à s’ériger en gardien d’un quelconque dogme, il aime à parler de styles de metal dit classiques, mais aussi de metalcore et de néo-metal. Des styles souvent décriés pour leurs looks de minets, alors que l’importance d’un album est d’abord le plaisir sonore que l’on peut en tirer, la différence est la richesse du goût. Mais surtout, peut-on se moquer de rebelles coquets alors que les pères fondateurs du metal enfilaient des leggins rose bonbon et pouponnaient leurs choucroutes peroxydées ?
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