9 novembre 2020, 18:17

MR. BUNGLE

• "The Raging Wrath Of The Easter Bunny Demo"

Album : The Raging Wrath Of The Easter Bunny Demo

Je vous préviens d’entrée et vous ne viendrez pas vous plaindre à la sortie, cet album est strictement réservé à l’élite des amateurs de musique (en) barrée. Intégristes du mono-genre, gardiens du temple heavy metal 80’s, allergique aux beats et à la valse à quatre temps, BARREZ-VOUS ! Car ce qui suit va, au mieux vous déplaire, au pire vous faire vomir votre quatre heures et votre minuit aussi. MR. BUNGLE n’a pas d’égal, n’a pas de genre et n’appartient à aucun. C’est un genre à lui tout seul. On ne va pas dire, « j’écoute un truc style BUNGLE » mais « j’écoute MR. BUNGLE ». Et lorsqu’on le fait, on sait que ce sera de l’onanisme auditif, qu’on ne partagera pas sa jouissance. On est barrés nous aussi et on ne veut même pas que les autres cherchent à comprendre leur, notre délire. On s’en fout. On est seuls. On est bien. « Stroke me hard MR. BUNGLE! » Bon allez, vous m’avez l’air sympa quand même, je vous embarque...

En une phrase, je replace le contexte pour ceux qui m’ont lu jusque-là et veulent adhérer à la secte des initiés. Fondé à Eureka (ce n’est pas une blague, c'est en Californie) en 1985, le groupe sort quatre démos dans la deuxième moitié des années 80. Il signe avec Warner Bros. Records en 1990 et publie trois albums (« Mr. Bungle » en 91, « Disco Volante » en 95 et « California » en 99) avant de disparaître. Pour vous montrer un peu l’étendue de la palette sonore utilisée pour vous claquer la tronche, voici une liste (on en oublie sûrement) des genres et chapelles visitées et mélangées par MR. BUNGLE, sa recette du Gloubiboulga pour L’Ile Aux Enfants Désaxés en quelque sorte : gothic-rock, funk, ska-punk, free-jazz, ska, surf-rock, punk, heavy metal, klezmer, kecak, avant-garde jazz, folk, noise-rock, alternative metal, funk-metal, pop, doo-wop, electronica, swing, space-age pop, exotica, death metal, rockabilly, bossa nova, progressive rock, country, western-music, circus-music, video-game music et cartoon-music. Burp !

Formé entre autres par le chanteur Mike Patton (FAITH NO MORE, DEAD CROSS, FANTOMAS etc...), le guitariste Trey Spruance et le bassiste Trevor Dunn, en faisant aujourd’hui les trois derniers mohicans originaux encore en activité, le trio est rejoint pour « The Raging Wrath Of The Easter Bunny Demo » par le guitariste Scott Ian (ANTHRAX) et le batteur Dave Lombardo (SUICIDAL TENDENCIES, DEAD CROSS, ex-SLAYER devant l’Eternel). MR. BUNGLE, après avoir retrouvé la scène l’an dernier pour une reformation aussi inattendue que géniale avec les deux derniers, a décidé de réenregistrer sa démo de 1986 avec ce nouveau line-up, en profitant au passage pour ajouter quelques morceaux supplémentaires ("Methematics", "Eracist", "Loss For Words", reprise de CORROSION OF CONFORMITY et "Glutton For Punishment"). Mais car il y a toujours un mais, cette démo 2020 n’est pas du même acabit que « Disco Volante », le plus barré des albums sortis par ces génies, ou que l’éponyme « Mr. Bungle », sauterie géante pour pois sauteurs en pleine poussée de croissance. Les 11 titres (dont un rapide emprunt à la formation éphémère S.O.D. dans laquelle jouait Scott Ian, entre autres, à savoir "Habla Español O Muere" – version hispanisée de "Speak English Or Die") sont à raccrocher au wagon du thrash mâtiné de death de ses débuts, saupoudré de quelques autres épices (partout) dont ils ont le secret. Ils ne refont pas la poudre, ils la refont parler. Nuance... Surtout qu’avec Scott Ian et Dave Lombardo en renfort, c’est au RAID qu’on a affaire pas à des garde-champêtres et les emprunts à leurs styles respectifs élaborés au fil des ans dans ANTHRAX et SLAYER se font bien sentir et ont ici comme des relents de napalm. Mike Patton dans tout ça ? Tsss, le génie de ce monsieur n'a pas besoin de s'expliquer voyons...

En résumé, ça pilonne à tout va sans presque jamais s’arrêter, tout juste lors de la reprise pour quelques mesures du chant traditionnel "La Cucaracha", dopé aux stéroïdes (ouais, y’a du nawak et c’est jouissif). Comprenez bien que s’ils sont là en 2020, ce n’est pas pour vendre des cravates mais pour venir vous trouver dans votre bunker de confinés et vous éclater la tronche à coups de grenades musicales, tenez-vous le pour dit. Grande classe en invitée, la troupe a même le plaisir d’accueillir Rhea Perlman, ex-Madame Danny De Vito qui se charge de la narration sur "Anarchy Up Your Anus" (mmm, tout un programme…).

Blogger : Jérôme Sérignac
Au sujet de l'auteur
Jérôme Sérignac
D’IRON MAIDEN (Up The Irons!) à CARCASS, de KING’S X à SLAYER, de LIVING COLOUR à MAYHEM, c’est simple, il n’est pas une chapelle du metal qu'il ne visite, sans compter sur son amour immodéré pour la musique au sens le plus large possible, englobant à 360° la (quasi) totalité des styles existants. Ainsi, il n’est pas rare qu’il pose aussi sur sa platine un disque de THE DOORS, d' ISRAEL VIBRATION, de NTM, de James BROWN, un vieux Jean-Michel JARRE, Elvis PRESLEY, THE EASYBEATS, les SEX PISTOLS, Hubert-Félix THIÉFAINE ou SUPERTRAMP, de WAGNER avec tous les groupes metal susnommés et ce, de la façon la plus aléatoire possible. Il rejoint l’équipe en février 2016, ce qui lui a permis depuis de coucher par écrit ses impressions, son ressenti, bref d’exprimer tout le bien (ou le mal parfois) qu’il éprouve au fil des écoutes d'albums et des concerts qu’il chronique pour HARD FORCE.
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