23 novembre 2020, 18:00

LOUDBLAST

• "Manifesto"

Album : Manifesto

V’la que LOUDBLAST nous la joue AC/DC ! Non pas dans le fait de sortir un album forgé dans un style immuable et marqué de son empreinte, bien que rempli de subtilités perceptibles à chaque disque, mais pour la bonne raison que le groupe nous a fait attendre depuis 2014 pour cette nouvelle offrande – même écart donc qu’entre « Rock Or Bust » et le tout frais « Power Up » de nos Kangourous expatriés. Récompensés comme il se doit à l’arrivée, « Manifesto » ne s’est pas en tout cas fait appeler "Désiré" pour rien. Tout au long des 42mn que dure l’écoute, les LOUDS vont à l’essentiel sans s’encombrer de mettre du papier cadeau et du bolduc. Ivresse d’essence, LOUDBLAST a toujours le feu en lui…

35 ans de carrière déjà derrière lui, ce qui nous ne rajeunit pas, et nous voilà en piste pour écouter le nouvel album du groupe emmené par le chanteur-guitariste et pilier fondateur Stéphane Buriez. En 2020, « Manifesto » voit la formation mettre un peu de lumière dans ses ténèbres quand sa précédente réalisation, « Burial Ground », se voulait d’une noirceur implacable et ce, jusque dans l’illustration alors choisie. Attention, je ne dis pas que LOUDBLAST s’est mué en gentille licorne et joue du glam. La corne, on la prend en mode « metal up your ass ! » et le savant mélange de thrash et de death avec de savoureuses pointes de black est toujours d’actualité.

D’entrée, on se fait pilonner avec ''Todestrieb'', mais ''Unit 731'' se veut tellement plus incisive et percutante que l’on est désarçonné à partir de ce deuxième morceau. Sur ce titre, les influences d’un groupe redouté pour sa maestria, et dont l’inspiration ici est à aller chercher dans ce qu’ils ont fait de plus radical, sont prégnantes. J’ai nommé le mighty SLAYER et soutenir le contraire nous mènerait par le bout du nez au fils de Gepetto. Mais avouez qu’il y a pire comme comparaison et si ce n’est pas un hommage en tant que tel, on se rend compte de l’impact énorme que les Californiens ont eu sur de nombreux groupes.

A suivre, le single ''The Promethean Fire'' a l’intro en fade in est crasseuse juste ce qu’il faut et se veut – oui, j’ose – un hymne. Pour ce qui est des mélodies (ce n’est pas un gros mot), on se penchera plus avant sur le cas ''Erasing Reality'' qui s’insère parfaitement dans l’ensemble. Et si l’on souhaite raisonner en termes de noirceur, la lente et doomesque ''Infamy Be To You'' refermant l’album est à porter au pinacle.

Passons en revue les musiciens, tiens. Les parties de batterie de ce disque sont phénoménales et sont à mettre au crédit de Kevin Foley (HJELVIK, ONE LIFE ALL-IN, ex-BENIGHTED et ABBATH, entre autres) qui a remplacé au pied levé un Hervé Coquerel blessé qui n’a pu, à son grand regret, enregistrer lui-même. Cependant, ce dernier était en studio pour diriger Kevin et lui faire jouer ses parties comme s’il était lui-même assis derrière les fûts. Un très gros boulot abattu et à saluer bien bas où il est secondé en rythmique par le bassiste Frédéric Leclercq (KREATOR, SINSAENUM et ex-DRAGONFORCE), "petit nouveau" qui nous régale de parties complexes.

L’autre nouvel arrivant est Jérôme Point-Canovas à la guitare depuis 2017 (qui a joué entre autres au sein de NO RETURN) et celui-ci, en compagnie de Stéphane, livre des joutes rythmiques et des soli impeccables. En termes de vitesse d’exécution d’ailleurs, on prendra comme exemple ''Festering Pyre'', composition qui se pose là et bien là. Il est d’ailleurs difficile de ne pas chanceler à ce niveau devant tant de violence, composition sur laquelle intervient un changement de tempo lors d’un break faisant résonner violons et chœurs sorti des limbes de l’Enfer... avant de repartir comme en 40 ! Comme en sport, c’est quand ça fait mal que c’est bon et LOUDBLAST est un coach particulièrement rude lors des dix exercices que compte l’album.

Non content de nous martyriser auditivement (mais c’est pour la bonne cause), LOUDBLAST se paie également le luxe de nous offrir une pochette sublime dont le résultat est l’œuvre d’Eliran Kantor, qui a travaillé notamment pour TESTAMENT et HATEBREED. Enregistré en plein confinement aux studios Vamacara par Stéphane Buriez himself et HK Krauss, on espère juste ne pas avoir à attendre six nouvelles années avant d’avoir un nouvel album de leur part, surtout avec une telle excellence comme il est de mise sur ce « Manifesto ». Comme quoi, on peut être et avoir été et ce, pour de longues années encore. Viva LOUDBLAST !

Blogger : Jérôme Sérignac
Au sujet de l'auteur
Jérôme Sérignac
D’IRON MAIDEN (Up The Irons!) à CARCASS, de KING’S X à SLAYER, de LIVING COLOUR à MAYHEM, c’est simple, il n’est pas une chapelle du metal qu'il ne visite, sans compter sur son amour immodéré pour la musique au sens le plus large possible, englobant à 360° la (quasi) totalité des styles existants. Ainsi, il n’est pas rare qu’il pose aussi sur sa platine un disque de THE DOORS, d' ISRAEL VIBRATION, de NTM, de James BROWN, un vieux Jean-Michel JARRE, Elvis PRESLEY, THE EASYBEATS, les SEX PISTOLS, Hubert-Félix THIÉFAINE ou SUPERTRAMP, de WAGNER avec tous les groupes metal susnommés et ce, de la façon la plus aléatoire possible. Il rejoint l’équipe en février 2016, ce qui lui a permis depuis de coucher par écrit ses impressions, son ressenti, bref d’exprimer tout le bien (ou le mal parfois) qu’il éprouve au fil des écoutes d'albums et des concerts qu’il chronique pour HARD FORCE.
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