4 décembre 2020, 12:39

RAMMSTEIN - Jacob Hellner

• Ingénieux du son


De 1993 à 2017, il a été inséparable de RAMMSTEIN.
Producteur depuis son premier album studio jusqu'au live parisien, qui mieux que Jacob Hellner pouvait nous raconter l'incroyable début discographique du groupe allemand, destiné ensuite à une spectaculaire carrière internationale ?
"Herzeleid" a 25 ans : il ressort sous format luxueux pour cet anniversaire, agrémenté d'un son repensé pour 2020 que Jacob a supervisé.
Il nous raconte aujourd'hui la genèse d'une légende et nous permet également de faire mieux connaissance avec son parcours et son métier.  


Avant toute chose, comment ça se passe de ton côté en ce moment ?
Jacob Hellner : Eh bien, tout le monde ici se prépare psychologiquement à passer un hiver froid et long et de devoir rester tout seul chez soi.
Mais les choses ne vont pas si mal pour moi. Je travaille seul et je n’ai pas de projet qui soit réellement impacté pour le moment, donc ce n’est pas si compliqué.

Tant mieux ! Parlons de cette année 2020 sous un aspect plus festif avec la célébration des 25 ans du premier album de RAMMSTEIN, "Herzeleid". Parle-nous de cette réédition.
Jacob Hellner :
Cette réédition est passée entre mes mains et avant toute chose, je trouve incroyable que cela fasse déjà 25 ans que l’album est sorti et qu’on continue d’en parler. Ça été très sympa de revenir en arrière. Tu sais, d’habitude, quand je travaille sur un projet et que j’ai terminé avec un album, je ne le réécoute plus. Je l’écoute à nouveau, quelques années plus tard, mais c’est tellement intense de faire un album qu’une fois achevé, je préfère aller de l’avant. Mais c’était marrant de revenir à cette époque, de l’écouter du point de vue du fan plutôt que de quelqu’un qui a travaillé dessus et ça m’a impressionné de voir à quel point cet album est bon, à quel point il reste pertinent dans le sens où tu ressens toujours l’intensité et l’énergie du groupe. Et la première chose qu’on dit souvent, en terme de réalisation c’est : « si ce n’est pas cassé, à quoi bon vouloir le réparer ». Je veux parler du master initial et du remastering qu’on a fait. Cela fait plus de dix ans que je travaille avec Svante Forsbäck à Helsinki, c’est mon ingénieur du son et il s’est beaucoup impliqué dans la réalisation du coffret vinyles, il y a cinq ou sept ans, qui comprenait toute la discographie de RAMMSTEIN. Ce qu’on a fait, c’est qu’on a écouté le master original, puis le master qu’il avait réalisé à l’époque de l’édition vinyle et on a décidé en quelque sorte de prendre ce qui avait été fait pour les vinyles et de le recréer à destination du format digital de notre époque actuelle, en 2020. On a donc gonflé un peu plus le son, que ça sonne un peu plus fort, de manière à entendre davantage la batterie.
 

 


Remontons dans le temps : quelles ont été les circonstances qui t’ont amené à travailler avec le groupe au tout début ?
Jacob Hellner :
J’ai rencontré RAMMSTEIN en 1994. Ça faisait cinq ans que je travaillais en tant que producteur et réalisais des albums ici à Stockholm. J’avais commencé mon activité en réalisant des remix. Je faisais partie de cette vague européenne de dance music qui a percé à la fin des années 80, début des années 90. A l’époque, on pouvait s’acheter un Atari et travailler directement de chez soi ; alors, d’un coup, beaucoup de personnes avaient accès à de nouveaux outils. C’était mon boulot, mais dans un coin de ma tête, j’ai toujours voulu être impliqué dans la production d’albums. Je travaillais en étroite collaboration avec les artistes de hip-hop suédois pendant quelques années, ce qui m’a amené à devenir producteur pour un label ici. C’était celui qui avait signé le groupe CLAWFINGER. Et c’est CLAWFINGER qui m’a permis de percer auprès du public européen. Puis, RAMMSTEIN a été signé chez Motor Music et l’histoire est assez simple, ils ont participé à une compétition de groupes de rock, l’ont remportée et le premier prix était une session en studio à Berlin. Ce sont ces enregistrements qui leur ont permis de signer chez Motor Music à Hambourg. Ce qui les a amenés à me rencontrer, car ils cherchaient un producteur et très tôt ils avaient décidé de travailler avec quelqu’un en dehors de l’Allemagne. 

Il est notoire que l’’enregistrement de l’album n’a pas été de tout repos. L’ambiance était parfois tendue. Etait-ce dû à une certaine jeunesse des membres et qu’il fallait construire leur son ou au contraire le groupe savait-il déjà avec précision ce qu'il voulait en entrant en studio ?
Jacob Hellner :
Ce qui était cool avec RAMMSTEIN, quand je les ai rencontrés pour la première fois, c’est qu’ils avaient une idée très précise de ce qu’ils voulaient faire. Et leur façon de travailler était en totale adéquation avec ma façon de procéder. En terme de production, mon idée était de faire un mélange, un hybride, car j’aime le rock et j’aime les machines électroniques. J’ai toujours considéré l’ordinateur et les samplers comme une partie de l’équation si je devais travailler un jour avec des groupes. Et quand j’ai travaillé sur des sons orientés machine au départ, j’y ajoutais toujours des musiciens par-dessus. Très tôt, j’ai mis en place ce concept et quand j’ai rencontré RAMMSTEIN, ils avaient exactement la même approche sur leurs compositions. Ils étaient six dans le groupe, mais le septième membre c’était l’ordinateur : l était aussi dans la salle de répétition, il faisait partie intégrante de l’équation. Pour moi, c’était très motivant et on s’entendait très bien musicalement. En revanche, la complexité de l’enregistrement qui a été d’ailleurs très bien relatée, a été un véritable cauchemar. Premièrement, c’était dû au fait que je ne parlais pas allemand à l’époque et je ne le parle toujours pas ; eux ne parlaient vraiment pas bien anglais, donc on a eu des problèmes de barrière linguistique et culturelle. Leur histoire personnelle est différente de la mienne. Nos points de repère n’étaient pas les mêmes et un sens de l’humour tout aussi différent. Quand tu travailles étroitement avec quelqu’un, il faut pouvoir rigoler ensemble ; mais là, ce n’était pas possible. Lorsqu’ils riaient, je ne comprenais pas et quand c’était mes collègues et moi, ils ne pigeaient rien de leur côté. Donc tout ça a fait que, petit à petit, cette situation les a fait se sentir écartés du processus d’enregistrement. Je rappelle qu’ils sont six dans le groupe et la plupart du temps, dans les groupes avec lesquels je travaillais, une ou deux personnes géraient les autres membres. Mais avec RAMMSTEIN, c’est une véritable démocratie et chacun d’eux s’implique, même si parfois certains le sont plus que d’autres. C’est très démocratique et c’est difficile à gérer. Ça m’a pris beaucoup de temps pour comprendre leur fonctionnement. Donc, tous ces éléments s’ajoutaient les uns aux autres et l’enregistrement à Stockholm a été très tendu : on devait maintenir la date de livraison et lorsqu’on est arrivé à la phase de mixage, il y a eu beaucoup de frustration. On était épuisés et au final, ils ont détesté le mixage. Une fois les choses clairement dites, j’ai décidé qu’il fallait tout arrêter. Ça ne servait à rien de continuer si personne n’aimait le résultat. La maison de disques a été compréhensive et a compris qu’on avait besoin d’aide. Tout le monde en avait besoin. Il a donc été décidé de faire venir un ingénieur du son qui parlait allemand, car le groupe n’arrivait pas à communiquer avec nous et c’était le problème central. Une fois que Ronald Prent est arrivé, on a pu finir l’album. Je ne dis pas que tout s’est passé sans accrocs, mais on a pu terminer.
 

"On s’entendait très bien musicalement.
En revanche, la complexité de l’enregistrement a été un véritable cauchemar. Premièrement, c’était dû au fait que je ne parlais pas allemand ; eux ne parlaient vraiment pas bien anglais, donc on a eu des problèmes de barrière linguistique et culturelle."


Tu as pu apporter ta touche personnelle à ce premier album. Le premier single qui en est sorti, c’est « Du riechst so gut ». Etait-ce pour toi le meilleur titre pour introduire RAMMSTEIN auprès du public ?
Jacob Hellner
: Du point de vue des démos, « Du riechst so gut » et « Seemann » étaient les deux chansons qui montraient qu’il y avait un réel talent d’écriture et de composition dans ce groupe. Quand tu as un artiste avec ce son, qui sait écrire des chansons, alors il y a un gros potentiel. En tant que producteur, mon travail c’est de comprendre la vision de l’artiste, mais il faut que ma vision soit très proche également, sinon il n’y a aucun intérêt à travailler ensemble. Et en cela, on était en total accord, mais le problème était : comment parvenir jusque-là. Ensuite, mon travail est aussi de faire en sorte que chaque chanson sonne le mieux possible et il fallait sortir des singles. Aujourd’hui, si tu ne sors pas de single, tu es mort, mais à l’époque tu pouvais avoir une belle carrière sans le faire et j’ai toujours été plutôt intéressé par les albums, j’adore enregistrer des albums, toute la continuité qu’il faut créer. Mais pour répondre à ta question, les deux chansons qui sortaient vraiment du lot étaient les deux qui ont fini par être des singles, je ne me rappelle plus si le deuxième single était « Seemann »…

Absolument…
Jacob Hellner
: Oui… il y en a eu d’autres ? 

De cet album, pas à ma connaissance (si ce ne sont les sorties plus tard de "Du riechst so gut" version 1998 et "Asche zu Asche" en 2001 NdLR)...
Jacob Hellner
: Moi non plus… Oui, donc c’était évident que cette chanson soit le premier single.
 

   


Pensais-tu alors que le fait de chanter en allemand soit un frein à son succès et que cette langue puisse être un handicap à l'exportation du groupe?
Jacob Hellner
: Bien sûr ! Tout le monde pensait ça et c’est vraiment bizarre que ça ait marché. C’est une preuve de l’étrangeté du monde, en réaction au groupe, plutôt que l’étrangeté du groupe lui-même. Ce sont les règles du jeu, tu sais. Quand le label m’avait contacté, il m’avait envoyé les premières démos et j’avais bien aimé. J’avais aimé le style, car c’était différent, même si ça ne sonnait pas encore très bien. J’avais bien accroché sur les guitares, tous les éléments du son de RAMMSTEIN étaient là, mais ce n’était pas encore très bien exécuté. Mais quand je les ai vus live à Hambourg, là je me suis dit : « Ha ha ! Ok, là je comprends » et ça a été clair. Tu sais, j’aime voir grand et j’ai parfois eu ce sentiment pour des groupes qui n’ont malheureusement pas percé à l’international, mais avec RAMMSTEIN, j’étais convaincu : c’était un très bon groupe et ça pouvait devenir énorme. Et puis, évidemment, s’est posée la question : « Doit-on faire une version anglaise ?» et comme tu le sais, ça a été fait, mais c’est vraiment moins bon que la version allemande si tu veux mon avis. Ce chant allemand est tellement unique, à mon sens.
 

"C’est vraiment bizarre que ça ait marché. C’est une preuve de l’étrangeté du monde,
en réaction au groupe, plutôt que l’étrangeté du groupe lui-même."


C’est ce qui fait sa signature : la langue et le son, les deux gros éléments du style de RAMMSTEIN. Après ce premier album et les défis qu’il a impliqués, quels ont été les autres challenges sur les suivants ? Monter en qualité, mais sans en faire trop ?
Jacob Hellner
: Lorsqu’on a terminé avec le premier album, j’étais persuadé qu’ils n’allaient jamais me rappeler (rires). Cette expérience a été tellement éreintante et, de mon point de vue à l’époque, je pensais qu’ils n’avaient pas aimé ce que j’avais fait. Mais après coup, j’ai compris que c’était surtout toute cette tourmente qu’ils avaient ressentie au sein du groupe, lorsqu’ils avaient dû faire en sorte de maintenir le compromis entre eux et mon rôle de producteur. Ce qui est sympa avec RAMMSTEIN, c’est qu’ils ont cette faculté à prendre du recul sur leurs expériences passées, de voir ce qui était bien, ce qui est bon à garder, tout autant que ce qui n’allait pas et qui devait changer. Une fois l’album fini, sorti et qu’il a commencé à se vendre comme des petits pains, tout le monde s’est dit : « Ok, c’était un cauchemar, mais on est retombé sur nos pieds et on a finalement fait un très bon album ». Alors, quand ils m’ont rappelé, j’ai été surpris mais aussi flatté. On s’est revus, on a discuté, ils m’ont expliqué comment ils voulaient travailler, ce qu’ils voulaient garder et ce dont ils ne voulaient plus. Je leur ai dit ce que je ressentais, comment je voyais les choses à améliorer et on est arrivé à un accord mutuel. Au final, « Sehnsucht » s’est avéré être une aventure très sympa. En revanche, « Mutter », lui a été une nouvelle fois un peu plus compliqué. Donc, avec ces trois albums, je devais pouvoir comprendre comment transposer leur son sur un disque… et ça m’a pris du temps pour y arriver. Avec « Mutter », je pense qu’on a vraiment réussi notre coup. Il sonne comme ce que j’avais en tête. Je ne veux pas dire que je ne suis pas fier des deux premiers, mais cette fois-là, tout devenait plus évident.
 

"Lorsqu’on a terminé avec le premier album, j’étais persuadé qu’ils n’allaient jamais me rappeler.
Cette expérience a été tellement éreintante et, de mon point de vue à l’époque,
je pensais qu’ils n’avaient pas aimé ce que j’avais fait.
Quand ils m’ont rappelé, j’ai été surpris mais aussi flatté."


Comment définirais-tu tes relations avec le groupe sur ces 25 années ? Tu as produit tous les albums du groupe à l’exception du tout dernier.
Jacob Hellner
: Je pense que c’est assez unique pour un producteur. Quelques-uns ont eu ce genre de relation avec certains artistes, mais au final très peu, et ça me rend très heureux et fier de faire partie de l’un d’entre eux. Tu sais, on a trouvé le moyen de travailler ensemble et une fois qu’on s’est rendu compte que ça fonctionnait, on s’y est tenu. On a travaillé ensemble jusqu’en 2017, mais le dernier album studio qu’on a fait ensemble date de 2008, donc ça commence à remonter à un bout de temps… 12 ans. On a appliqué la même stratégie pour tous leurs projets et au fil des années, une amitié s’est formée entre nous. Ce qui était bien avec eux, c’est que lorsqu’on se mettait en mode boulot, chacun était à son poste : j’étais le producteur, eux les artistes, ils étaient très professionnels, on était rigoureux, on travaillait très dur. C’était une machine bien huilée. 

Dirais-tu que, comme George Martin considéré comme le cinquième Beatles, tu es également le collaborateur indissociable de la carrière historique de RAMMSTEIN ?
Jacob Hellner
: Comme on le disait tout à l’heure, il est rare qu’un producteur collabore si longtemps avec les mêmes artistes et évidemment, en bien comme en mal, j’ai contribué à la manière dont ils sonnent. Mais je pense qu’ils seraient quand même devenus un grand groupe sans moi (rires) au même titre que les BEATLES seraient devenus célèbres sans George Martin, mais on ne peut pas trop faire de comparaison avec George Martin, de même avec les BEATLES, mais tu sais quand l’alchimie est là, il se passe un truc. Quelque chose de spécial et j’ai assurément connu beaucoup de moments “spéciaux” avec RAMMSTEIN.

Quelques années avant de travailler avec RAMMSTEIN, tu avais collaboré avec l’excellent groupe de fusion suédois, CLAWFINGER. Les deux premiers albums que tu as produits ont un son incroyablement actuel. Quelles références ou inspirations personnelles avais-tu en tête ?
Jacob Hellner
: Quand j’y repense, je me dis que j’étais vraiment à la pointe à cette époque dans ma manière de produire. Comme je te le disais, j’aime travailler avec des groupes et personnellement la musique de KRAFTWERK est aussi importante pour moi que celle de BLACK SABBATH parmi les styles que j’écoutais quand j’étais ado. J’essayais de faire en sorte que ça sonne de la même manière que je l’imaginais. J’ai réalisé que je voulais apporter une approche hybride et que ça pouvait amener de nouvelles sonorités très intéressantes. C’est un état d’esprit que j’ai voulu initier. Il y a autre chose qui me connecte à RAMMSTEIN : pour moi, c’est un groupe de punk et je suis attaché à la musique punk, moi aussi. Je suis de cette génération… aussi vieux (rires). Et c’est l’esprit qui s’en dégage, on n’est pas des metalleux, ni des fans de techno, mais on aime le hard, l’électro sans s’y identifier. On aime cette musique, mais on n’a pas besoin de porter du mascara ou une veste en cuir. Donc on peut dire qu’on est des sortes de marginaux et je trouve plus intéressant de suivre sa propre voie qu’une route toute tracée. C’est ce que j’ai voulu faire dans mes productions, c’est injecter de nouvelles saveurs chez les artistes. 

Et ça a très bien fonctionné !
Jacob Hellner
: Exact, je suis d’accord avec toi !
 

 


Cette année, la majorité des groupes n’ont pas pu se produire en tournée, et peut-être qu’il en sera de même une partie de l’année 2021. Dois-tu faire face à une grosse demande d’enregistrements en attendant que tous ces groupes puissent repartir sur les routes ?
Jacob Hellner
: Je vais être franc : j’ai un peu mis de côté ma carrière de producteur depuis que j’ai arrêté de travailler avec RAMMSTEIN. Je me suis beaucoup impliqué dans la réalisation du DVD du concert « RAMMSTEIN: Paris ». On a travaillé dessus pendant cinq ans et lorsqu’on en était à la moitié de ce projet, j’ai réalisé que c’était ma dernière collaboration avec eux. Et le groupe, de son côté, a également ressenti qu’il voulait essayer d’autres manières de faire un album et d’explorer de nouvelles façons de travailler. Donc, se séparer a été très naturel, amical, et sans aucun ressentiment. Ça s’est passé au téléphone, ça a duré trois minutes et tout était clair entre nous. Après ça, j’ai produit un seul album ici, à Stockholm. Le monde de la musique est tellement différent aujourd’hui, surtout pour les groupes, et si tu mets RAMMSTEIN de côté, que tu regardes les formations standards, ce que RAMMSTEIN n’est pas, les budgets sont extrêmement bas et la seule raison de vouloir faire un album, c’est de pouvoir partir en tournée après, car peu de personnes vont acheter l’album. J’ai également ressenti le besoin de me fixer de nouveaux défis et j’ai en quelque sorte un peu dévié du métier de producteur, pour revenir à ce que je faisais avant de travailler avec RAMMSTEIN : l’écriture. Il y a un an et demi, j’ai travaillé sur une grosse émission de télévision en Scandinavie, et là je suis sur un projet avec un orchestre et des danseurs contemporains pour lesquels je réalise des pistes électroniques. Avec la chorégraphe, ça fait plus d’un an qu’on travaille dessus et désormais on attend que le monde revienne à la normale pour s’y remettre. Donc j’ai changé d’activité.  Et puis, j’écoute ce que mes enfants écoutent, du hip-hop et des trucs comme ça. Tu sais, mon groupe préféré, c’est MESHUGGAH et ils sont là depuis un bon moment et je trouve que cette musique doit être aussi violente et aussi sombre. Dans ce cas-là, je serais partant pour m’y remettre !

Quelque chose de très technique et brutal à la fois…
Jacob Hellner
: Oui, ce qu’ils font comme musique, c’est juste magnifique.
 


Un producteur de musique, c’est un peu comme un réalisateur de film : le résultat final sera complètement différent selon la personne qui est aux commandes. Quel album, que tu n'as pas produit, aurais-tu rêvé de faire et quel en aurait été le résultat à ton avis ?
Jacob Hellner
: Avec un autre artiste ? Waouh, ça c’est une question difficile. J’ai déjà eu ce sentiment où je me suis dit : « j’aurais dû le faire ». C’est déjà arrivé, mais je ne me rappelle plus avec qui, avec quel album j’ai pensé : « j’aurais aimé le faire, car j’aurais pu faire mieux » mais… je suis désolé, je crois que je vais devoir passer sur cette question-là. Il y a des disques que j’adore et que j’aurais souhaité produire, mais ça ne s’est pas fait, comme le « Black Album » de METALLICA ou « Powertrip » de MONSTER MAGNET qui est l’un de mes albums préférés…

Peut-être un album de MESHUGGAH ?
Jacob Hellner
: Oui, peut-être. Ce qu’ils ont fait sur leur dernier album, c’est qu’ils ont engagé un producteur. C’était une bonne chose, car c’est certainement leur meilleur album. Quand ils produisaient eux-mêmes leurs disques, j’aurais pu leur apporter une dimension différente, mais le dernier en date qu’ils ont sorti avec le Danois (Tue Madsen, NdlR) aux commandes est tout simplement excellent.
 

"Lorsqu’on se mettait en mode boulot, chacun était à son poste :
j’étais le producteur, eux les artistes, ils étaient très professionnels,
on était rigoureux, on travaillait très dur. C’était une machine bien huilée."


Si tu ne devais retenir qu’une chose sur ta carrière avec RAMMSTEIN ?
Jacob Hellner
: Je n’ai pas d’évènement particulier en tête, mais quand on a filmé à Paris, c’était un instant vraiment spécial, car cette tournée était la meilleure qu’ils aient jamais faite, avant comme après. Toute la production, le pont et leur entrée sur scène, toutes les tournées précédentes étaient formidables, mais ils n’étaient pas encore à leur top. Pour celle-là, tous les ingrédients étaient réunis. Et puis, filmer ça à Paris. le public parisien était le meilleur public au monde. Le groupe adorait ce concert, mais il y avait aussi celui de Mexico City qui leur plaisait beaucoup, tout comme celui de San-Sebastian, au pays basque espagnol. Il y avait aussi la Russie qui était pas mal, mais Paris, le public parisien, clairement c’était mon préféré.
 


Cette tournée et ce concert à Paris ont permis de conclure cette collaboration de la meilleure manière, point culminant de votre carrière ensemble.
Jacob Hellner
: Exactement ! •

Blogger : Benjamin Delacoux
Au sujet de l'auteur
Benjamin Delacoux
Guitariste/chanteur depuis 1991, passionné de musique, entré dans les médias à partir de 2013, grand amateur de metal en tous genres, Benjamin Delacoux a rejoint l'équipe de HARD FORCE après avoir été l'invité du programme "meet & greet" avec UGLY KID JOE dans MetalXS. Depuis, il est sur tous les fronts, dans les pits photo avec ses boîtiers, en face à face en interview avec les musiciens, et à l'antenne de Heavy1, dont l'émission MYBAND consacrée aux groupes indépendants et autoproduits.
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