17 décembre 2020, 20:16

LABELS & LES BÊTES

• "Le côté obscur de la force métallique" - épisode 41

Blogger : Crapulax
par Crapulax


Comme si ça ne suffisait pas ! On a déjà eu les boules pendant presque toute l'année 2020 et pour les fêtes de Noël on va trouver rien de mieux à faire que d'en accrocher de nouvelles au sapin ! Finalement cette looooongue période d'inactivité aura été mise à profit par bon nombre de musiciens partout sur la planète qui auront pu finaliser ou créer des projets parallèles ou carrément mettre en boîte un nouvel album. On ne voit pas encore cette partie immergée de l'iceberg mais gageons que 2021 sera à la fois une année très créative et très productive comme jamais auparavant !
L'occasion pour l'équipe de vous souhaiter de (relatives et mesurées) bonnes fêtes et de vous donner rendez-vous l'année prochaine pour cette exploration sans fin de l'underground mondial qui anime cette merveilleuse rubrique !

 

DARKNESS : « Over And Out » (Massacre Records)

Un EP, c'est comme un fourre-tout : on y colle en général une petite nouveauté au début, on en profite pour caser des titres trop moyens qu'on n'a pas voulu laisser sur un album, on y insère des versions démos qui sont exactement les mêmes que les versions studio avec un son pourri dessus, on parsème le tout de morceaux live qui sont exactement les mêmes que les versions studio avec des cris de fans dessus... On peut même piocher dans sa propre discographie pour faire du neuf avec du vieux, ajouter un acoustique à l'intention du public féminin et une reprise de derrière les fagots histoire de prouver qu'on a bon goût (et d'avoir au moins un titre de bon à proposer !).

Les vétérans originaires d'Essen ont suivi cet exercice au pas à pas puisqu'on retrouve exactement tout cela : 3 chutes studio (dont un clone du « Terrible Certainty » de KREATOR : « Every Time You Curse Me »), une cover thrash musclée de SKID ROW (« Slave To The Grind »), un passage acoustique (« Faded Pictures »), un concert enregistré à Osaka et 2 titres de la discographie refaits à neuf.
Classique mais terriblement pêchu !
(Crapulax)


DISRUPTED : « Pure Death » (Memento Mori)

Tout le monde connaît (du moins on l'espère !) ce death particulier made in Sweden fait de voix caverneuses et de lourdes guitares saturées particulièrement grassouillettes (pédale Boss HM2 oblige...), dont les fondations remontent aux premières démos de NIHILIST, futur ENTOMBED.
Cet illustre héritage est fort heureusement encore repris par de nombreux autochtones comme DISRUPTED (à ne pas confondre avec son homonyme mexicain pour le coup beaucoup moins sensible au climat et au style nordique !) qui refusent toute concession à la modernité, suivant les codes du genre à la lettre (le magistral riff de « Carve »), prenant conseil auprès des plus anciens (participations de l'ex-BLOODBATH Per "Sodomizer" Eriksson et de Nick Holmes de PARADISE LOST) et s'inspirant des nouvelles valeurs montantes de la scène (Tomas Akvik de LIK).

A l'image de la pochette de l'album très... moche (au moins c'est dans la continuité des autres productions du groupe !) et même si le son a globalement mieux mûri depuis le premier album « Morbid Death » de 2015, « Pure Death » fait penser à une œuvre artisanale et pas à un produit suranné produit en masse pour vendre aux touristes. On pourrait presque parler de true death suédois !
(Crapulax)


DARKENHOLD :  « Arcanes et Sortilèges » (Les Acteurs de l’Ombre)

Quel plaisir de retrouver nos troubadours niçois pour une nouvelle épopée à travers les siècles ! L’expérience acoustique ayant été concluante sur son dernier split avec GRIFFON, DARKENHOLD tourne la page pour remettre le couvert avec son black metal de première classe. Et sur « Arcanes et Sortilèges » l’ambiance médiévale est toujours évidente, dans la lignée des quatre premiers albums du groupe, indiquant de solides prédispositions pour les contes d’une lointaine époque.

Classique dans la forme et furieux dans l’exécution, cette nouvelle livraison met une fois de plus à l’honneur mélodies chevaleresques, section rythmique ravageuse, tempos incendiaires qui font la joute avec des parties mid-tempos épiques de toute beauté ! Une marque de fabrique qu’affine le trio provençal depuis plus d’une décennie, ici magnifiée par une production toute en finesse.

L’ensemble est d’une homogénéité remarquable si bien que l’on ne s’ennuie pas une seconde tout au long de ces quarante-six minutes enchanteresses. Bien loin (et c’est tant mieux) des standards actuels du genre, baignant dans la nostalgie norvégienne du siècle dernier ou trifouillant les dissonances d’un DEATHSPELL OMEGA à l'envi, cet album s’affirme comme une alternative judicieuse !
(Clément)


WITHIN THE RUINS : « Black Heart » (eOne Music)

L’année 2020 ayant été relativement pauvre en matière de sorties deathcore, WITHIN THE RUINS ne souffre que de peu de concurrence sur ce créneau hyper-technique bourré de sweeps, solos et tappings à tire-larigot. Bon, sur le volet de l’originalité le dossier est classé d’emblée tant il est délicat d'innover dans ce genre où tout a déjà été dit et fait. Mais le quartet originaire du Massachussets a plus d’un tour dans son sac pour séduire les foules.

La preuve avec ce "Domination" balancé sans fioritures en introduction : les riffs saccadés et la section rythmique vindicative sont une nouvelle fois à la noce. Et ce ne sont pas les bombes lâchées dans la foulée, "Deliverance", "Open Wounds" et son solo d’enfer ou le monstrueux "Hollow" qui viendront tempérer cette fureur.
Comme si le groupe se plaisait à casser le rythme, truffé de breaks, pour en décupler sa force de frappe. Mais la démarche ne se résume pas à un simple exercice de style puisque le groupe sait aussi faire preuve de discernement comme sur les instrumentaux "Eighty Sixed" et "Ataxia V" où il révèle un autre volet de sa personnalité, toute en atmosphères. Imparable !
(Clément)


ETERNAL MAJESTY : « Black Metal Excommunication » (Those Opposed Records)

ETERNAL MAJESTY : un nom qui ne vous parle peut-être pas mais si vous cherchez bien dans votre mémoire, il vous reviendra un groupe de black metal français qui a sorti deux albums au début des années 2000. C'est donc 14 ans après « Wounds Of Hatred And Slavery » que le groupe parisien revient avec autant de hargne et de dévotion aux arts sombres qu'à l'époque.

« Black Metal Excommunication » représente toute l'essence d'ETERNAL MAJESTY : 6 titres d'un black metal à la fois brut et haineux, couplé de mélodies glaciales et funestes. Des rythmes blastés, des guitares tranchant dans le vif, des vocaux hurlés en français : une recette efficace, sans concession. Le quartet se revendique underground et indépendant mais il n'arrivera pas à l'excommunication vu l'inspiration dont il fait preuve.

Entre passages thrash et moments épiques, chaque titre a sa propre atmosphère et son message subliminal. Mention spéciale à "Aux Portes Du Temple Noir", morceau plus lent et plus atmosphérique mais sombre et dépressif à souhait. Il n'y a plus qu'à espérer maintenant qu'ETERNAL MAJESTY ne nous fasse pas attendre 14 ans de plus pour nous proposer une suite aussi aboutie.
(Aude)


GRIFFON : « ὸ θεὀς ὸ βασιλεὐς » (Les Acteurs de L'ombre Productions)

Un album de GRIFFON, c'est toujours un voyage dans le passé et ce « O Theos O Basileus » ne fait pas défaut à la règle. Le groupe est à la pointe des connaissances historiques et sait partager sa passion et son message grâce à un black metal brutal mais mélodique.

De "Damaskos" en grec ancien à "Apotheosis" qui porte bien son nom, GRIFFON distille des ambiances de feu et de sang grâce à des guitares affûtées et des atmosphères saisissantes. Les vocaux d'Aharon sont féroces mais posés et l'orchestration harmonieuse de chacun des titres relève d'un grand savoir-faire. La basse est un réel appui à des rythmes transcendants. Quelques passages acoustiques très à propos viennent sublimer le tout.

Bref, on ne peut que saluer la maîtrise du groupe à créer des compos aussi musicales que sensées. Un album fouillé, riche et en plus esthétique si on en juge par le sublime artwork du CD. Le booklet est complet, détaillé. On sent que GRIFFON est perfectionniste et l'auditeur ne peut que se réjouir d'une telle dévotion dans un style black metal souvent minimaliste. A écouter de toute urgence.
(Aude)

Blogger : Crapulax
Au sujet de l'auteur
Crapulax
Véritable touche-à-tout venant du metal underground : ancien animateur radio de l'émission TRANSAM ROAD (1989/1995), rédacteur de fanzines (CREME D'ANDOUILLE), ex-chanteur et guitariste rythmique au sein du groupe de Post-Hardcore SCREAMING SHORES (2006/2011). Également artiste graphique : affiches de concerts, jaquettes de démos, logos, caricatures de stars du Metal et divers comics (SEXUAL TENDENCIES, PAPY METAL, NEOBLASPHEMATEURS).
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