« Satellites » de SILENT SKIES n’est absolument pas un album de metal. Mais alors, pourquoi en parler dans les colonnes de HARD FORCE, me direz-vous ? Pour la simple et bonne raison que cet album est tout bonnement un pur joyau. Et que sous ce nom se cachent Tom S. Englund, chanteur du groupe de metal progressif, EVERGREY (qui doit sortir un album fin février, et dont nous vous reparlerons très bientôt), Vikram Shankar, pianiste émérite et compositeur de musique de films, qui a déjà participé à plusieurs projets (REDEMPTION, AVANDRA, THREADS OF FATE...), ainsi que Raphael Weinroth-Browne, violoncelliste extrêmement talentueux que nous avons découvert en compagnie de LEPROUS, dont nous vous avons déjà parlé à maintes reprises. (Plus de détails ici, et là).
Ici, point de guitares, de batterie et de basse. Point d’agressivité, de cavalcades rythmiques et d’emphase. Seulement la voix magique, profondément touchante de Tom S. Englund, accompagnée par le piano de Vikram Shankar, et quelques interventions de Raphael Weinroth-Browne, toujours bien placées. Le chanteur a rencontré le pianiste, suite à une reprise de "Distance", que celui-ci a publié en 2017 et tirée de l’album « The Atlantic » d’EVERGREY. Tom S. Englund est immédiatement tombé sous le charme. En résulte « Satellites », une œuvre introspective, drapée de délicatesse et de mélancolie où les artistes dansent sur le fil de la poésie, sans jamais basculer dans les genres « musique d’ascenseur soporifique » ou « musique de film sirupeuse et dégoulinante ». C’est l’album parfait pour retrouver la quiétude et la sérénité intérieure après une autre journée éprouvante et stressante avec -rayez la/les mention(s) inutile(s)- votre boss, vos collègues, votre conjoint(e), vos marmots, votre yorkshire...
C’est "Horizons" qui ouvre le disque, et le coup de foudre est immédiat. D’abord les notes de piano qui s’égrènent dans l’air, telles des gouttes de rosée tombant des feuilles des arbres, puis la voix, grave, émouvante et sensible du chanteur. Œuvre apaisante et cathartique, car les thèmes abordés sont profonds et sondent les tourments de l’âme. Faut-il préciser que Englund détient un diplôme de psychologie? S’étant plongé dans les études quelques années plus tôt, afin de redonner un sens à sa vie. Et de se comprendre lui-même, pour ensuite être apte à comprendre et aider les autres. Que ce soit dans "Dreams" (« What if all of my Dreams were just meant to dream ? And all of my hopes were just cast to the wind. They scatter and fall then land in the dark »), ou bien encore dans "Walls" (« Who am I in darkness, when it’s silent when I’m alone ? »), et également dans "Us" (« What if there’s nothing here, if it’s all an illusion ? What if there’s nothing there, are we caught in self-deception ? »), tout porte au questionnement, à la remise en cause d’une vie établie, mais qui n’a rien de satisfaisant. Et si le vocaliste parle de ses expériences personnelles, chacun peut tout de même s’y retrouver, tant il aborde des thèmes universels ayant trait à la construction et la déconstruction d’une vie humaine.
Musicalement, les titres s’enchaînent, avec une fluidité soyeuse ("Horizons", "Oceans", "1999"), donnant par instant une tension dramatique poignante (la fin de "Endless", le final de "Us" et celui de "Walls", où le piano et le violoncelle se répondent merveilleusement dans un dialogue expressif, le refrain de "Solitude", majestueux). Une reprise est également présente, et non des moindres, puisqu’il s’agite de "Here Comes The Rain Again" de EURYTHMICS, qui perd ainsi son côté electro-pop connoté 80’s, pour se transformer en ballade sensuelle, teintée d’une douce mélancolie. Une belle transformation.
Cependant, c’est tout de même sur leurs compositions originales que le duo fait mouche, tant l’osmose entre les deux artistes est palpable. Des millions d’émotions nous assaillent à chaque écoute. Ils ont su jouer sur la subtilité des notes et des silences pour apporter un souffle d’une belle intensité à chacun de leurs morceaux. Rares sont ceux qui peuvent prétendre avoir réussi du premier coup une telle pièce maîtresse, un tel travail d’orfèvre! Il ne nous reste qu’à espérer que ce « Satellites » ne sera pas le seul à tourner sur nos platines, et que SILENT SKIES mettra de nombreux autres albums en orbite dans notre ciel émotionnel.
